Achille Mbembe, acteur majeur du paysage intellectuel mondial, poursuit ses réflexions approfondies sur notre monde contemporain avec un nouveau livre : La communauté terrestre.
Selon Alexandre Lacroix, en ouverture du grand entretien réalisé pour Philosophie Magazine : "Avec son nouveau livre "La Communauté terrestre", le philosophe camerounais déploie une ambition aussi foisonnante que notre monde globalisé. En mêlant les catégories de la pensée occidentale aux « archives africaines », il invite à entrer dans un monde de relations.C’est une expérience de lecture singulière que de se lancer dans "La Communauté terrestre" d’Achille Mbembe. (…) qui achève une trilogie initiée avec "Politiques de l’inimitié" poursuivie avec "Brutalisme (2020). Si le même fil de pensée se déroule d’un livre à l’autre, la forme a évolué pour se délester du style universitaire. (...). Avec "La Communauté terrestre", Achille Mbembe a achevé de mettre au point une autre méthode de pensée et d’écriture. Il change sans arrêt de focale. (…) Il a gardé de l’académie les références érudites mais les confronte non sans humour à des mythes ancestraux africains. Il progresse moins par démonstrations que par intuitions et fulgurances, afin de faire éclore dans l’esprit du lecteur une vision globale de notre époque marquée par l’emprise de la technologie et la crise écologique."
A lire également dans Libération, l’article de David Bornstein : "Achille Mbembe propose - rien de moins - d'imaginer avec lui «la toute dernière des utopies, la pierre angulaire d'une nouvelle conscience planétaire». Son essai fonde son édifice sur un concept central, rond et séduisant: «la Terre»."
Achille Mbembe dialogue aussi avec Frédérique Aït-Touati dans La Suite dans les idées sur France Culture.
C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Fanchita Gonzalez Batlle, survenu le 21 février 2023 à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.
Fanchita a été éditrice et traductrice aux Éditions François Maspero de 1961 à 1982, puis à La Découverte de 1983 à 1992, avant de poursuivre, jusqu’aux derniers jours, une carrière de traductrice aussi brillante que discrète, faisant connaître aux lecteurs francophones des pans entiers de la création littéraire mondiale.
Après avoir analysé la manière dont la consommation s’est installée dans nos vies à l’aube du XXe siècle avec La fabrique du consommateur, Anthony Galluzzo, maître de conférences à l’université de Saint-Etienne, s’attaque dans son nouvel ouvrage, Le mythe de l’entrepreneur, à rompre avec l’imaginaire de l’entrepreneur.
De Jeff Bezos à Bill Gates, Steve Jobs ou Thomas Edison, Anthony Galluzzo montre que ces figures perçues comme visionnaires et représentantes de la culture américaine du self-made man sont aussi le vecteur d’une société libérale et méritocratique où la réussite se construit par l’écrasement d’autrui. Il faut donc sortir de l’aliénation provoquée par la start-up nation. C’est l’objet de l’entretien accordé par Anthony Galluzzo à Simon Blin dans Libération, ou encore de la double page que consacre Télérama à l’auteur.
Pour mieux comprendre les ressorts du Mythe de l’entrepreneur et des figures de la Sillicon Valley, rendez-vous sur France Culture.
La Découverte a appris avec une grande tristesse le décès, le 6 mars 2023, de Francisco Vergara. Né en 1945 à Santiago du Chili, il fut pendant de longues années, de 1984 à 2011, un précieux compagnon de route de l’aventure éditoriale de la maison.
Économiste, journaliste et historien des idées, il a assuré, grâce à sa fine connaissance des statistiques (économiques, démographiques et sociales), l’édition des parties chiffrées, particulièrement denses et claires, de L’État du monde et L’État de la France.
Bien triste nouvelle : Serge Cordellier, qui fut pendant dix-huit ans éditeur à La Découverte, est décédé le 7 mars 2023.
Au même moment, nous avons appris le décès, le 6 mars, de Francisco Vergara, qui fut l’un de ses proches collaborateurs.
De 1987 à 2005, il a été directeur littéraire à La Découverte, en charge de la collection « L’état du monde », du nom de l’annuaire économique et géopolitique mondial créé en 1981.
Queer theory, une histoire graphique de Meg-John Barker et Jules Scheele, en librairie depuis peu, suscite déjà un grand enthousiasme.
Cet essai graphique, qui se propose de synthétiser de manière didactique et précise la pensée queer, a déjà obtenu les faveurs de Télérama et de l’Humanité.
Au-delà de l’aspect instructif, les médias y voient un objet plein d’humour qui permet de poser en douceur la question de l’être soi.
Ainsi d’après Le Monde, « ce livre a aussi le mérite de ramener la théorie queer à une idée assez simple : les identités, si réelles qu’elles soient, sont toujours construites et mouvantes. »
Pour citer Jean-Marie Durand dans Philosophie Magazine : « Le tour de force du livre tient à la facilité de lecture qu’il propose, comme si le champ entier des études queer et féministes depuis des décennies s’ouvrait à nous dans sa clarté conceptuelle, à travers une succession de sujets et concepts, toujours illustrés et expliqués en quelques lignes, hyper concentrées mais pertinentes. Un art de la synthèse adressé autant aux durs à queer qu’aux mous indifférents à un champ d’action et de pensée prolifique ! Une synthèse d’autant plus précieuse que la théorie queer est souvent critiquée pour son inaccessibilité. »
Dans Avec Philosophie sur France Culture, Lissell Quiroz et Philippe Colin étaient invités pour expliquer la notion de pensée décoloniale, éponyme au titre de leur ouvrage : Pensées décoloniales. Une introduction aux théories critiques d'Amérique Latine.
Cette notion fait également l'objet d'une vidéo Politikon qui décrypte terme "décolonial" à travers plusieurs angles : politique, linguistique, historique.
Lisell Quiroz participait aussi à un numéro de Hors-Série consacré à la question de la colonialité, ainsi qu'à un livre de Paroles d'Honneur où elle présentait l'ouvrage.
Lissell Quiroz et Philippe Colin sont par ailleurs revenus sur la génèse et le contenu de leur ouvrage dans un entretien accordé à Nonfiction. Ils disent que "la décolonisation est un processus intégral qui implique le tout du territoire, y compris les modalités de sa saisie. C’est à ce point d’articulation entre épistémologie, ontologie et lutte pour la terre que se sont nouées des alliances entre théoriciens et théoriciennes décoloniaux et activistes noirs et autochtones."
Dans Compter pour personne. Un traité des absents, Daniel Heller-Roazen analyse la manière dont la prise en compte des « absents » – morts, disparus ou frappés d’indignité – oblige à repenser la notion même de « personne » et les sociétés qui prétendent en défendre le statut.
Invité dans La suite dans les idées sur France Culture, il a pu développer cette démarche dans laquelle, comme le dit Libération, « Au-delà de la philosophie, Daniel Heller-Roazen brasse les disciplines (philologie, droit, littérature, théologie, anthropologie, arts plastiques...), les époques et les traditions linguistiques, tout en emmenant le lecteur à découvrir avec une brillante générosité des pans de la culture qui depuis longtemps ont caractérisé les "absents" et à réfléchir sur les droits fondamentaux des personnes. »
Ainsi, « Il est difficile d’évacuer en le refermant ce sur quoi, avec sa douce insistance, il réussit au bout du compte à fixer notre regard : l’effort vain de ces conjurations, et ce gouffre en son centre, cette angoisse qui surgit quand nous tentons de savoir qui nous sommes. » (Le Monde des Livres).
Arpentage et discussion autour du livre de Meg-John Barker et Jules Scheele, Queer Theory, une histoire graphique en présence d'Emmanuel Beaubatie.
Qu'est-ce que le beau ? À quoi mesure-t-on la valeur d'une œuvre d'art ? Quel est le rôle d'un musée ? Comment se forme le goût ? Qu'est-ce qui distingue un original de sa reproduction ? La bande dessinée est-elle un art légitime ?
Dans cet essai graphique et autobiographique, Claire Le Men construit son Musée imaginaire et propose aux lecteurs et lectrices de vagabonder parmi ses œuvres favorites – des chefs-d'œuvre comme des productions d'artistes plus confidentiels – pour interroger le rôle de l'art, ses fonctions et ses significations sociales.
Une BD coup de cœur, dont la lecture est chaudement recommandée notamment par Causette, Philosophie Magazine, Le Monde, La Vie et Télérama, qui lui accorde la note maximale avec 4 T :
« Dans cette bande dessinée géniale (…) Claire Le Men dégonfle, en images, mille baudruches sur la question du beau, la valeur d’une oeuvre, la construction sociale du goût ou la place de la bande dessinée, ce neuvième art... ».