Changer de société, refaire de la sociologie

Bruno Latour

" Il faut changer de société ", dit-on souvent, et on a bien raison. Mais, pour y parvenir, il faut d'abord s'efforcer de changer la notion même de société, et distinguer deux définitions du social. La première, devenue dominante dans la sociologie, le présente comme l'ombre projetée par la société sur d'autres activités (l'économie, le droit, la science, etc.). La seconde préfère le considérer comme l'association nouvelle entre des êtres surprenants qui viennent briser la certitude confortable d'appartenir au même monde commun. Dans ce second sens, le social se modifie constamment. Pour le suivre, il faut d'autres méthodes d'enquête, d'autres exigences, d'autres terrains.
C'est à retracer le social comme association que s'attache depuis trente ans ce qu'on a appelé la " sociologie de l'acteur-réseau " et que Bruno Latour présente ici. Sa proposition est simple : entre la société et la sociologie, il faut choisir. De même que la notion de " nature " rend la politique impossible, il faut se faire à l'idée que la notion de société est devenue l'ennemie de toute pensée du politique. Ce n'est pas une raison pour se décourager... mais l'occasion de refaire de la sociologie.


Version numérique : 12.99 €
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Détails techniques
Collection : La Découverte Poche / Sciences humaines et sociales n°264
Parution : 16/01/2014
Format : EPub
ISBN numérique: 9782707160324

Bruno Latour

Bruno Latour

Bruno Latour (1947-2022), sociologue et philosophie, professeur associé au médialab de Sciences Po, a notamment publié Face à Gaïa. Huit conférences sur le Nouveau Régime Climatique (2015), Où atterrir ? Comment s'orienter en politique (2017) et Où suis-je ? Leçons du confinement à l'usage des terrestres (2021).

Table des matières

Introduction
Comment recommencer à suivre les associations ?

I. Comment déployer les controverses sur le monde social ?
Introduction : du bon usage des controverses
Première source d'incertitude : pas de groupes, mais des regroupements
Une liste des traces laissées par la formation de groupes
Pas de travail, pas de groupe
Médiateurs contre intermédiaires

Deuxième source d'incertitude : débordés par l'action
Un acteur n'agit pas : on le fait agir
Une enquête de métaphysique appliquée
Une liste pour enregistrer les controverses sur les sources de l'action
Comment faire faire quelque chose à quelqu'un

Troisième source d'incertitude : Quelle action pour quels objets ?
Élargir la gamme des acteurs
Les objets aussi participent à l'action
Les objets ne laissent de traces que par intermittence
Une liste de situations pour rendre visible le rôle des objets
Qui a oublié les relations de pouvoir ?

Quatrième source d'incertitude : des faits indiscutables aux faits disputés
Constructivisme, pas constructivisme social
L'heureux naufrage de la sociologie des sciences
Se passer de toute explication sociale
Traduction contre transport
L'expérience mène plus loin
Une liste pour nous aider à déployer les faits disputés

Cinquième source d'incertitude : rédiger des comptes rendus risqués
Nous écrivons des textes, nous ne regardons pas à travers une vitre
Mais qu'est-ce qu'un réseau, à la fin ?
Retour aux fondamentaux : une liste de carnets
Déploiement, non pas critique

Que faire de l'acteur-réseau ? Interlude sous forme de dialogue
II. Comment retracer les associations ?
Introduction : pourquoi le social est-il si difficile à dessiner ?
Le monde social est plat !
Premier mouvement : localiser le global
Du panoptique à l'oligoptique
Panoramas

Deuxième mouvement : Redistribuer le local
Articulateurs et localisateurs
Le lieu improbable des interactions face-à-face
Plug-ins
Des acteurs aux attachements
Troisième mouvement : connecter les sites
Des normalisations aux énoncés collectants
Les médiateurs, enfin
Plasma : les masses manquantes

Conclusion : de la société au collectif
peut-on réassembler le social ?
Quel type d'épistémologie politique ?
Une discipline parmi d'autres
Une autre définition de la composition politique

Bibliographie.