Au commencement était le Verbe, nous dit-on. Ou bien l’Action. Et si, pour les sciences sociales, voire pour les sciences dites «dures», au commencement était la Relation ? Ne faut-il pas alors, contrairement à nos évidences premières, renoncer à l’ambition d’accéder aux choses et aux êtres «dans l’absolu », indépendamment des interactions qui les constituent ? Pour beaucoup, une révolution copernicienne relationniste serait à l’œuvre, bouleversant nos façons de penser.
Mais, jusqu’où doit-on suivre cette propension de la pensée contemporaine à dissoudre toute substantialité – la nature, le social, la subjectivité – au nom d’un relationnisme généralisé ? Comment faire droit en effet à la singularité des personnes ? Un relationnisme hyperbolique ne risque-t-il pas d’évacuer les institutions ou les structures symboliques ? Enfin, le relationnisme de la physique quantique est-il comparable et convergent avec celui défendu en sciences sociales ? Comment alors définir ce qu’être en relation veut dire ?
Questions complexes mais qui invitent à formuler une hypothèse originale : n’est-ce pas pour les sciences humaines et sociales dans le langage du don qu’il faut retraduire cet impératif relationniste ? Le don n’est-il pas la matrice de toute relation bien comprise ?
Fondée en 1981, et dirigée par Alain Caillé, la Revue du M.A.U.S.S. (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales) s’adresse à tous ceux qui s’intéressent à ce qui se produit à l’intersection des sciences sociales, du politique et de l’histoire. Elle s’est imposée comme l’un des lieux importants du débat public en France.