Le nom de Marx donne aujourd'hui lieu à d'étranges renversements. Tandis que certains libéraux rendent des hommages appuyés à l'auteur du Capital, nombreux sont ceux qui à gauche ne savent que faire d'un héritage jugé encombrant. L'indifférence feinte, le dogmatisme, tout comme la volonté d'ignorer, reconduisent les errements du passé et perpétuent l'impasse actuelle. 
C'est le mérite de Michael Hardt et de Antonio Negri que de refuser une telle attitude en entreprenant de réviser le marxisme d'une façon créatrice et originale. Empire et Multitude marquent en effet un moment important dans le réveil d'une pensée radicale. Ils frappent par leur ambition de repenser le passage au communisme à un moment où les mots de " révolution " ou de " communisme " paraissent frappés d'un discrédit irrémédiable. 
Sauver Marx ? restitue la cohérence théorique de ce nouveau marxisme, en remontant à ses sources et en mettant en évidence ses limites : difficulté de penser le sujet politique à l'ère de la mondialisation, reconduction de la thèse d'un " moteur " de l'histoire, conception unilatérale des mutations de l'ordre productif. De telles limites renvoient aux limites mêmes du marxisme : aussi est-il vain de vouloir sauver Marx des difficultés de sa propre pensée. 
Pour les auteurs de ce livre, qui entend renouer avec la meilleure tradition de la discussion théorique et politique, ce que désigne toujours le nom de Marx - la critique rigoureuse du capitalisme - ne saurait donc être confondu avec le marxisme comme discours sur l'Histoire. 
                
                                            Pierre Dardot est philosophe et chercheur à l'université Paris-Ouest-Nanterre-La-Défense.

                                            Christian Laval est sociologie, professeur émérite de sociologie à l'université Paris-Nanterre.

El Mouhoub Mouhoud est chercheur en économie. Il a fondé avec Pierre Dardot et Christian Laval le groupe d'études et de recherche Question Marx qui entend contribuer au renouvellement de la pensée critique en interrogeant l'héritage de Marx.

2007-03-27 - Philippe Arnaud - Le Monde
L'intérêt de l'ouvrage est double. Parce qu'ils sont respectivement philosophe, sociologue et économiste, Pierre Dardot , Christian Laval et Mouhoud El Mouhoub proposent, chacun, une lecture très sérrées des thèses dévéloppées dans Empire. Par ailleurs, si leur lecture est critique, elle est toujours particulièrement érudite et respectueuse du dialogue entamé avec Michel Hardt et Antonio Negri. Car, ne nous y trompons pas, les auteurs de Empire comme ceux de Sauver Marx ? affirment communément la nécessité absolue et impérieuse de la critique du capitalisme contemporain. Critique dont semble malheureusement s'abstenir une grande partie de la gauche française...
2007-04-20 - Parutions.com
Le livre est ambitieux. Prendre les thèses de Michel Hardt et Antonio Negri au sérieux, en peser l'importance et en pointer les insuffisances et, à partir de cette critique ouverte, mais sans concession, s'interroger sur Marx et ce qu'il peut représenter aujourd'hui, tel est son propos. [...] Un livre savant, mais qui, faisant de Marx un penseur comme les autres, permet enfin de sortir du marxisme sans jeter Marx à la poubelle.
2007-06-01 - D. Ch. - Alternatives économiques

Introduction générale. Un contre-Empire dans l'Empire ? 
 I. La multitude peut-elle devenir un sujet politique ? 
 1. La multitude comme " classe globale " 
 Du sujet social au sujet politique : la multitude comme " tendance " 
 Un sujet social numériquement élargi 
 Un sujet social intérieurement multiple 
 Un sujet social se constituant dans l'action commune 
 2. De la pauvreté " en puissance " à la pauvreté comme puissance 
 La " condition commune " : " pauvreté absolue " et " possibilité de la richesse " 
 L'excès du " commun " ou la " pauvreté " comme pure positivité Le génie de la multitude (ingenium multitudinis) 
 3. La décision comme excès de l'" événement " 
 La " décision commune " : un " pouvoir constituant " non souverain 
 Le " moment de la rupture " dans l'être positif de la multitude 
 De la politique comme dimension de l'être à la politique comme " événement " 
 La " méthode institutionnelle " du fédéralisme et la " démocratie de la multitude " 
 II. De la " limite " du capital au " seuil " du communisme 
 4. Pousser le capital au-delà de lui-même ? 
 Un projet d'émancipation 
 De nouvelles possibilités de libération 
 Les effets révolutionnaires du postfordisme 
 De l'enfantement au moteur 
 Les " barrières immanentes " 
 Le capital comme barrière du capital 
 Marx en dépit de Marx 
 Une lecture hypermarxiste de Marx 
 La fin de la dialectique 
 5. Mettre les marges au centre 
 Les traits du marxisme guattaro-deleuzien 
 Une pensée liée à la question de la révolution 
 Le capitalisme décodant 
 Une méthode révolutionnaire 
 " Accélérer le processus ! " 
 En sortir ? 
 Le grand laboratoire des années 1970 
 Les marges au centre 
 6. La communication, enjeu biopolitique ? 
 Le biopolitique chez Michel Foucault 
 Comment résister aux biopouvoirs ? 
 Foucault au-delà de Foucault 
 Michel Foucault, un nouveau vitaliste ? 
 La question de la nature du pouvoir 
 Biopolitique et communication
 De la société de contrôle à la société de communication ? 
 Une communication oppressive 
 La communication comme lieu de constitution et terrain de lutte de la multitude 
 III. Marchandisation de la connaissance ou main invisible du communisme ? 
 7. L'information aux sources de l'Empire 
 Les fondements de la nouvelle économie capitaliste 
 L'accumulation primitive de l'information et le passage à l'Empire 
 L'information : source interne d'accumulation des richesses 
 8. Émergence d'une infrastructure informationnelle et informatisation : vers un communisme cognitif ? 
 Coopération endogène du travail et conversion en travail abstrait 
 L'autonomisation du travail immatériel par rapport au capital fixe 
 L'autonomie du travail immatériel, une thèse contestable 
 Les conséquences sur la géographie et les rapports de la production 
 9. Économie de la connaissance, marchandise et capital : l'artefact de l'immatériel 
 Fétichisme des TIC et autonomie rêvée des travailleurs 
 Le travail immatériel est-il vraiment autonome par rapport au capital ? 
 Les implications territoriales dans la mondialisation 
 Conclusion 
 Conclusion générale. Hubris prométhéenne ou politique a-thée ?