Depuis qu'elles existent, les sciences dites exactes se prétendent différentes des autres savoirs. Comment comprendre cette prétention ? Faut-il, à la manière des épistémologues anglo-saxons ou de Karl Popper, tenter d'identifier les critères qui la justifient ? Peut-on, suivant le modèle nouveau des études sociales des sciences, y voir une simple croyance ? Ce livre propose un dépassement fructueux de l'opposition, apparemment irréconciliable, entre ces deux approches des sciences. Et si la tension entre objectivité scientifique et croyance était justement constitutive des sciences, enjeu des pratiques inventées et réinventées par les scientifiques ? Réussir à parler des sciences avec humour, sans en faire un objet de vénération, ni de dénonciation, en restant au plus proche de la passion des scientifiques, tel est ici le pari d'Isabelle Stengers. Mais ce livre ne se limite pas à un discours sur les sciences. Il s'agit bien plutôt de prolonger l'histoire de leur invention. Comment comprendre les liens multiples entre la science et les pouvoirs qui la mobilisent aujourd'hui ? Comment concevoir les rapports entre science, expertise et démocratie ? La nouveauté de L'invention des sciences modernes est de faire de ces différents problèmes intellectuels, pratiques et politiques les enjeux du processus par où pourrait s'inventer et se renouveler l'identité même des sciences.
Isabelle Stengers, docteur en philosophie, est professeure émérite à l'Université libre de Bruxelles. Elle est l'auteure de nombreux livres sur l'histoire et la philosophie des sciences, dont, à La Découverte, L'Invention des sciences modernes (1993), Sciences et pouvoir (1997, 2002), Au temps des catastrophes (2009, 2013) et Réactiver le sens commun (2020). Elle a reçu le grand prix de philosophie de l'Académie française en 1993.
" Des sciences dures à l'hypnose et à la drogue, l'exploratrice Isabelle STENGERS accède au statut de philosophe avec la parution de "l' Invention des sciences modernes. "
Libération
2024-12-12 - PRESSE
I. Explorations - 1. Les sciences et leurs interprètes - Scandales - Autonomie - Une science destructrice ? - La contrainte leibnizienne - 2. Science et non-science - Au nom de la science - Rupture ou démarcation ? - La question de Popper - Le critère introuvable - Une tradition historique parmi d'autres ? - 3. La force de l'histoire - La singularité de l'histoire des sciences - Les trois mondes - Mise au point sur le paradigme - II. Construction - 4. Ironie ou humour ? - Construire une différence - Grands partages - L'invention politique des sciences - De l'événement - 5. La science sous le signe de l'événement - A la recherche d'un recommencement - Le pouvoir de la fiction - Un nouvel usage de la raison ? - Le plan incliné - 6. Faire histoire - Vérité négative - Des auteurs à intéresser - Faire exister - Médiateurs - Questions politiques - III. Propositions - 7. Un monde disponible ? - Le pouvoir en histoires - Mobilisation - Le métier du patron - Politique des réseaux - 8. Le sujet et l'objet - Quelle singularité pour les sciences ? - Fictions mathématiques - Les héritiers de Darwin - Démoraliser l'histoire - " Que me veut-il ? " - 9. Devenirs - Comment résister ? - Nomades du troisième monde - Production d'expertise - Retour aux sophistes - Index.