Livre Finaliste en 2020 pour le Prix littéraire de la Fondation François Sommer
2019-09-01 - Octave Larmagnac-Matheron - Philosophie Magazine
En Sibérie, depuis la fin de l’époque soviétique, le chamanisme est en pleine résurgence. Dans un livre passionnant, l’ethnologue Charles Stépanoff décrit ces rituels où l’imagination tient une place centrale. [...] Plaisant à lire, érudit, précis, l'ouvrage développe une réflexion originale. [...] Mis en perspective avec nos sociétés occidentales contemporaines, il offre également une opportunité d’interroger le rapport à l’imaginaire des sociétés actuelles. Charles Stépanoff en vient ainsi à remettre en cause une idée répandue selon laquelle l'art serait la manifestation naturelle de l’imagination humaine. Fascinant.
2019-09-01 - Vincent Glavieux - La Recherche
On les a appelées primitives, mais les sociétés dites « premières » témoignent souvent d’une sophistication à faire pâlir les nôtres. Si Voyager dans l’invisible, grand livre d’ethnologie consacré au chamanisme sibérien, ne cherchait qu’à nous en convaincre, il aurait abondamment rempli sa tâche, en montrant comment les peuples d’Asie septentrionale ont su développer des technologies d’imagination active, et non simplement contemplative, permettant de voyager à volonté dans une dimension du rêve et de l’invisible que l’imaginaire atrophié de notre modernité rend de moins en moins accessible. Mais Charles Stépanoff, spécialiste du chamanisme touva (Sibérie du Sud), maître de conférences à l’Ecole pratique des hautes études, à Paris, va plus loin. Il propose, à partir de son matériel de savant, une véritable leçon de philosophie politique [...] Par ce message optimiste qui résonne dans notre contemporain, par l’élégance de son style [...], par la prodigalité de ses narrations, Voyager dans l’invisible réussit le tour de force de réunir en un seul ouvrage le livre de voyage et le livre érudit, l’étude théorique et l’incitation à une rêverie qui s’est perdue dans une imagination dirigée de l’extérieur par l’art, la lecture ou le jeu vidéo. «On ne s’ennuie jamais avec un chamane », confie Stépanoff, qui parle d’expérience. Heureux qui la partage avec lui.
2019-09-06 - Nicolas Weill - Le Monde des livres
[...] Charles Stépanoff voit ainsi un rapport étroit entre la distance qui s’est creusée entre les hommes et les bêtes et la distance qui s’est creusée entre les hommes et leurs rêves : s’ils ne parlent plus aux uns, c’est qu’ils ne croient plus aux autres. Leurs pratiques ne tiennent plus compte ni des premiers ni des seconds. L’écologie de l’imagination influerait donc directement sur l’écologie environnementale : il y aurait un lien direct entre l’obsolescence moderne des techniques de l’imaginaire, l’exploitation « sans conscience » des animaux d’élevage et l’extinction des espèces sauvages. [...] La thèse (discrète) de Charles Stépanoff est que notre capacité à prendre la mesure de la crise écologique actuelle dépendra de notre capacité à mettre en place une nouvelle « écologie de l’imagination ». Il faut réapprendre à imaginer notre relation aux vivants, réapprendre à subjectiver un monde qui, changé en objet de savoir et en objet d’exploitation, est déjà à moitié mort et en voie de disparition. L’examen minutieux que "Voyager dans l’invisible" propose des techniques d’imagination chamaniques constitue une passionnante archéologie des méthodes de cognition participatives peu à peu refoulées par le paradigme scientifique moderne.
2019-09-10 - Jean-Christophe Cavallin - Diacritik
In a mysterious and sometimes difficult to understand way, shamans are able to travel in spirit, see themselves simultaneously in two spaces, one visible the other virtual, and can connect the two. These cosmic journeys bring to mind those of such ancient mythical heroes as Orpheus descending to Hades in search of Eurydice. This kind of mental journey is a key role in establishing connections with the non-humans who inhabit the environment.
In this book the author recounts his research in the field in regions where some shamanic practices partially resurfaced after the fall of the Soviet regime. He also discusses the large body of ethnographic literature describing the traditions of the indigenous peoples in the northern regions of Eurasia and America. His aim is to allow us to understand the wealth of these traditions, through stories which bring them to life.
A graduate of the École normal supérieure (Ulm), Charles Stépanoff is an ethnologist and associate professor in the North Asia and Arctic religions department at the École critique des hautes études. He is a research director and member of the Laboratories anthropologie social du Collège de France (Social anthropology laboratories).