De tous les humains, le Nègre est le seul dont la chair fut faite marchandise. Au demeurant, le Nègre et la race n'ont jamais fait qu'un dans l'imaginaire des sociétés européennes. Depuis le XVIIIe siècle, ils ont constitué, ensemble, le sous-sol inavoué et souvent nié à partir duquel le projet moderne de connaissance – mais aussi de gouvernement – s'est déployé. La relégation de l'Europe au rang d'une simple province du monde signera-t-elle l'extinction du racisme, avec la dissolution de l'un de ses signifiants majeurs, le Nègre ? Ou au contraire, une fois cette figure historique dissoute, deviendrons-nous tous les Nègres du nouveau racisme que fabriquent à l'échelle planétaire les politiques néolibérales et sécuritaires, les nouvelles guerres d'occupation et de prédation, et les pratiques de zonage ? 
 Dans cet essai à la fois érudit et iconoclaste, Achille Mbembe engage une réflexion critique indispensable pour répondre à la principale question sur le monde de notre temps : comment penser la différence et la vie, le semblable et le dissemblable ?
 
Prix Fetkann - catégorie mémoire 2013
 
                
 
                                            

2013-10-18 - Eddy Banaré - Liens socio
Penseur africain parmi les plus importants d'aujourd'hui, Achille Mbembe publie Critique de la raison nègre. Un très grand livre pour saisir autant les horizons du continent africain que les enjeux politiques du monde entier.
2013-10-23 - Jean-Marie Durand - Les Inrockuptibles
Achille Mbembe, 56 ans, historien et philosophe camerounais installé en Afrique du Sud, enseignant à Johannesburg et à Harvard (Etats-Unis), écrit régulièrement des essais percutants. L'avant-dernier, " Sortir de la grande nuit " (La Découverte, 2010), exhortait les citoyens africains à prendre leur destin démocratique en mains. Le dernier, " Critique de la raison nègre " (La Découverte, 2013), dégomme magistralement le racisme.
2013-10-27 - Sabine Cessou - Rue89
Après son essai très remarqué, Sortir de la grande nuit. Essai sur l'Afrique décolonisée (2010), le Camerounais Achille Mbembe est de retour avec un titre que certains pourront trouver provocateur : Critique de la raison nègre. Ce clin d'oeil au classique philosophique de Kant est pourtant diablement bien trouvé puisque cet essai appelle en substance à ne plus prendre l'Europe comme " centre de gravité du monde ". Professeur d'histoire et de sciences politiques à l'université de Witwatersrand à Johannesburg, Achille Mbembe lutte contre les concepts établis et la pensée paresseuse : " À partir de l'Afrique, je cherche à contribuer à une critique politique, culturelle et esthètique du temps qui est le nôtre, le temps du monde ".
2013-11-01 - Am Magazine
Achille Mbembe fait partie de ces optimistes paradoxaux qui prédisent le pire, sans jamais perdre foi en l'avenir. Né au Cameroun, il partage sa vie entre Johannesburg, en Afrique du Sud, où il enseigne l'histoire et les sciences politiques à l'université de Witswatersrand, et à l'université Duke, aux Etats-Unis. Dans son dernier essai, Critique de la raison nègre, on retrouve ses thèmes de prédilection et en particulier le poids sur l'imaginaire d'une histoire tourmentée (la traite des esclaves, la colonisation). Elle a façonné une identité complexe, celle des Noirs, si longtemps "emprisonnés dans le cachot des apparences". Certes, l'esclavage a été aboli et la colonisation appartient au passé. Mais, aujourd'hui, de nouvelles formes d'aliénation apparaissent, l'Autre reste stigmatisé, et l'ogre capitaliste a atteint son rêve d'horizon illimité. Une fatalité ? Pas forcément, rétorque ce penseur qui nous invite à reconsidérer la géographie du monde.
2013-11-02 - Maria Malagardis - Libération
La thèse d'Achille Mbembe est simple et elle est forte: le néolibéralisme et la réactivation de la logique des races qu'il met en oeuvre sont en train de faire du nègre le paradigme d'une humanité subalterne. Critiquer cette situation oblige à déconstruire radicalement les figures jumelles produites par la modernité: le nègre, la race.
2013-11-16 - Tiphaine Samoyault - La Quinzaine littéraire
En puisant dans l'histoire ainsi que dans l'inconscient littéraire, Mbembe identifie trois contextes de fabrication de l'identité nègre : l'esclavage, la colonisation et l'apartheid. Il déconstruit ainsi le discours qui a entraîné, tout autant que masqué, les douleurs de la violence raciale.
2014-04-30 - Michel Agier - La vie des idées


Introduction – Le devenir-nègre du monde
 Vertigineux assemblage 
 La race au futur 
 1. Le sujet de race 
 Fabulation et clôture de l'esprit
 Recalibrage 
 Le substantif "nègre" 
 Apparences, vérité et simulacres
 La logique de l'enclos 
 2. Le puits aux fantasmes
 Une humanité en sursis 
 Assignation, intériorisation et retournement 
 Le Nègre de blanc et le Blanc de nègre
 Paradoxes du nom 
 Le kolossos du monde 
 Partition du monde 
 Le national-colonialisme
 Frivolité et exotisme 
 Auto-aveuglement 
 Des limites de l'amitié 
 3. Différence et autodétermination 
 Libéralisme et pessimisme racial 
 Un homme comme les autres ? 
 L'universel et le particulier
 Tradition, mémoire et création 
 La circulation des mondes 
 4. Le petit secret 
 Histoires du potentat 
 Le miroir énigmatique 
 Érotique de la marchandise 
 Le temps nègre 
 Corps, statues et effigies 
 5. Requiem pour l'esclave 
 Multiplicité et excédent 
 La loque humaine
 De l'esclave et du revenant
 De la vie et du travail
 6. Clinique du sujet 
 Le maître et son Nègre 
 Lutte des races et autodétermination 
 La montée en humanité 
 Le grand fracas 
 La violence émancipatrice du colonisé 
 Le nuage de gloire
 Démocratie et poétique de la race
 Épilogue – Il n'y a qu'un seul monde. 
 
Prix Fetkann - catégorie mémoire 2013