CALENDRIER DE L'AVENT

Pour clôturer cette belle année des #40ans des Éditions La Découverte, nous proposons aux librairies qui nous accompagnent depuis toutes ces années de nous donner leurs coups de cœur. En cette période de fête, leurs conseils précieux nous éclairent ! 

"Joyeux anniversaire La Découverte ! C'est toujours un grand plaisir de suivre votre catalogue, de conseiller et de vendre vos livres, d'accueillir vos auteurs et autrices : Malika Rahal, Mona Chollet, Chowra Mkaremi, Marie Kock, tant d'autres, et dernièrement Anouche Kunth pour son superbe "Au bord de l'effacement" sur les traces laissées en France par les exilés arméniens entre-deux-guerres, dans cette formidable collection "à la source" dirigée par Clémentine Vidal-Naquet."

 

"Voici un livre réjouissant à offrir à tous les curieux qui aiment voyager entre les lignes ainsi qu’à tous les orphelins du linguiste Alain Rey qui savait si bien nous conter l’histoire des mots. Bref, ce livre fait partie de ceux que l’on préfère : les inclassables de la bibliothèque.


L'anthropologue Riccardo Ciavolella nous entraîne dans un véritable atlas recensant à travers le monde tous les Tatouines-les-bains et autres Trifouillis-les-oies. Car ces espaces quelque peu indéterminés, si ce n’est que vous n’y passeriez pas à priori vos vacances, se retrouvent aux quatre coins du globe. Des lieux d’ailleurs souvent bien plus réels que notre Pétaouchnok français tel le Houtsiplou belge, le Kohila estonien ou encore le Macaraboma cubain. Des espaces pour exprimer surtout ces “antipodes”, des lieux dont on se sent étranger parce que lointain mais aussi peu attrayant voire même parfois inhospitalier. Un ethnocentrisme qui relégua le Japon, terre du soleil levant, au rang de contrée sauvage pour les Chinois. Malice des mots, ironie de l’histoire : et si nous étions tous les Pétaouchnoks de quelqu’un ?

Un livre à savourer avec la planisphère mais aussi la playlist et les recommandations livresques de l’auteur sur le site petaouchnoks.com."

 

"À offrir les yeux fermés et le geste sûr, à tous les amoureux.ses de sciences sociales : ce livre maître, livre monstre, livre nécessaire et absolument remarquable, l’un de ceux dont on sait que la percée sera rapide autant que la vie sera longue dans nos bibliothèques, dans nos librairies, dans les bibliographies universitaires de tant de disciplines. Il y a là en effet la réussite d’un véritable tour de force, et je ne sais combien de livres en un : synthèse inouïe venant couronner un travail colossal de lectures, décantations au long cours, et de consilience, un travail d'articulation entre sciences sociales et sciences du vivant vers lesquelles un pont se construit afin de dégager, à contre-courant d’un contexte scientifique atomisé, ce qui se joue de commun/de distinct entre les sociétés humaines et non-humaines. Nécessitant par là avant tout redéfinir, à l’aune d’une stratégique comparatiste résolue, inter-sociétés et inter-espèces : ce qu’est le social, ce qu’est le culturel, ce qu’est l’historique. En retrouver l’enchâssement, les rôles et conséquences respectives, partant ce qui fait, véritablement, le propre de l’espèce humaine. Extraire derechef un certain nombre de lois (et l’on sait combien la convocation de la notion de « loi » est à risque), de structures, de lignes de forces, d’invariants, de butoirs pour l’action, visant une appréhension scientifique de nos conditions générales d’existence. Comprendre ce qui se trame, tout autant que ce qui peut être déjoué par la production de contre-puissances, et de contre-forces. Pour le dire autrement : mieux saisir ce que nous sommes, de quoi nous sommes faits et dont nous portons l’incontestable trace, comprendre quelles sont les contraintes de notre espèce, partagées avec d’autres : c’est entrevoir aussi en creux, tout un champ de possibles. Et de possibles émancipateurs.

Dynamique admirable seule à même de pouvoir assurer aux sciences sociales, in fine : leur statut de sciences.

L’enjeu, le défi n’était donc pas des moindres : il sera excellemment relevé. Et ce livre, je le vois comme un point étape, un tournant épistémologique majeur permettant de regarder loin, juchés dès lors que nous sommes, sur les épaules de géants.

Merveille."

 

"L'Aube des Mythes se révèle être un ouvrage audacieux, presque téméraire : il s'agit d'explorer les pensées des premiers Homo sapiens face à la mort. Comment imaginaient-ils leur passage vers l'au-delà ? De quelle manière se représentaient-ils leur dernière demeure ? Croyaient-ils en une existence après la mort ? Face au défi de la rareté des traces exploitables, étant donné que les premières sépultures funéraires apparaissent plus tardivement dans l'histoire humaine, l'auteur choisit une méthode spécifique pour répondre à ces questions : la phylomythologie, ou la mythologie comparée qui consiste à étudier et comparer les mythes à travers différentes aires culturelles, géographiques et époques.  Cela permet de retracer l'évolution des récits mythologiques, offrant ainsi des perceptions sur la manière dont les idées et les croyances se transforment ou se transportent au fil du temps telle une fenêtre pour explorer l'inexploré, cherchant des réponses là où les traces matérielles sont rares et offrant des indices sur la manière dont nos ancêtres concevaient la vie, la mort, et tout ce qui peut exister au-delà.

L'"Aube des Mythes" nous invite à un voyage fascinant à travers les pensées et les croyances des premiers Homo sapiens face à l’énigme de la mort. Imaginez-vous remonter le temps, non pas avec une machine, mais avec une clef unique : la phylomythologie."

 

"Ni livre rouge, ni livre noir : par la profondeur historique et la diversité des espaces explorés, ce travail collectif enrichit considérablement l’historiographie classique pour mieux saisir la multiplicité, la banalité et l’actualité des révolutions. Porter le regard sur les “constellations révolutionnaires” n’est pas un nouvel art divinatoire pour lire le passé et l’avenir des bouleversements sociaux et politiques mais une approche historiographique bienvenue pour connecter les révolutions entre elles, et ainsi gagner en intelligibilité.


L’ouvrage entend souligner la richesse de l’expérience révolutionnaire alors que des dérives publicitaires ou électorales détournent ses sens politiques. Tabula rasa cauchemardesque pour certains, profondément régénératrice pour d’autres ? Les contempteurs des soubresauts populaires ou les exaltés du Grand soir apprendront que les révolutions n’engagent pas de toute nécessité des ruptures cataclysmiques : elles s’apparentent davantage à des laboratoires d’expérimentation qui fabriquent des temporalités singulières. Qui peut donc encore prétendre que la révolution est terminée ?"

 

" Tandis que 90% du volume des biens que nous consommons chaque année transite par la mer, que savons nous de ce qui se passe à bord des navires de commerce ?

Dans cette passionnante enquête embarquée sur les géants de la marine marchande, la sociologue Claire Flecher montre que ces espaces sont de véritables révélateurs de ce que la mondialisation produit de pire...En interrogeant tous les acteurs d'une chaîne qu'il s'agit de ne jamais rompre - des marins, aux donneurs d'ordres en passant par les négociateurs ou les syndicats -se révèlent les rapports de force qui traversent cette activité très ancienne.

En sociologue du travail, l'autrice fait voler en éclat les fantasmes qui entourent la profession : tout ce qui faisait le sel de la vie des marins embauchés par la « mar-mar » semble avoir quasiment disparu pour laisser place à des conditions dégradées par la concurrence internationale entre les travailleurs.

Une ethnographie embarquée au cœur d'un capitalisme logistique impitoyable !"

 

"Dans un essai original, l'historienne Aïcha Limbada plonge le lecteur dans les méandres intimes et souvent dissimulés de l'histoire matrimoniale au XIXe siècle. À travers une plume envoûtante et révélatrice, elle dévoile les intrigues et les secrets qui entourent la nuit de noces.

À partir des archives judiciaires et des écrits historiques, l’autrice étudie le rôle des professionnels de l'aveu, tels que les médecins, les prêtres, les avocats et les juges, dans la réception des confidences liées aux conflits conjugaux. Elle souligne notamment l'importance de la nuit de noces dans les procédures de séparation religieuse puisque le droit au divorce est instauré au XIXe siècle. Lors de ces procédures, les juges ecclésiastiques s'adonnent à l'exploration minutieuse des circonstances entourant cette nuit particulière pour étudier les problèmes conjugaux menant à cette demande de séparation. L’historienne met alors en évidence les multiples raisons avancées par les époux pour justifier la "non-consommation du mariage", démontrant ainsi les adaptations inventives et les feintes déployées !

La Nuit de Noces va bien au-delà d'une simple analyse historique : c'est une plongée passionnante dans les tourments d'une époque et une réflexion fascinante sur les liens complexes entre l'intime, la société et les normes du XIXe siècle."

 

"Sorti en 2021 dans la collection « A la source » des éditions La Découverte, « Tous ceux qui tombent » se révèle être une surprise pour un livre d'histoire.

Jérémie Foa, historien spécialiste des guerres de religions, s'empare de la Saint-Barthélemy et réussit avec brio à apporter de nouvelles informations et découvertes sur un sujet déjà longuement étudié par d'autres.

Pour cela, il se plonge dans des sources aussi extraordinaires qu'originales, les archives notariales de l’époque. Cela lui permet de retracer les événements au travers des portraits des différents acteurs de cette horrible nuit. Il mène ainsi l'enquête, remonte le fil des inimités de quartiers, des problèmes de voisinage. Il vérifie les alibis et nous dévoile un massacre anticipé de longue date par un petit nombre. Nous révélant de ce fait un événement loin de cette crise de folie collective que l'on apprend à l'école.

Son travail de chercheur le pousse à partager ses doutes, ses fausses pistes ou ses suppositions. 

Réalisé en 25 chapitres, enrichi de photos d’archives de cartes et d'autres citations d'actes, cet ouvrage passionnant devient alors thriller historique. Aussi haletant que prenant dans sa lecture. Le lecteur averti y verra même une triste résonance dans notre actualité."

 

"Treize prend la parole à la première personne et affirme avec force son geste de dévoilement, de dénonciation et de subversion. Charge -élu meilleur titre de l’année 2023 et au-delà- est un texte à charge porté contre l’institution psychiatrique et la société tout entière qui permet qu’on en soit là aujourd’hui, une attaque vigoureuse impétueuse furieuse, la manœuvre guerrière qui arme le fusil contre les préjugés et une prise d’assaut à la baïonnette de la forteresse psychiatrique. Charge pèse de tout son poids dans le débat sur la violence des soins mais dit aussi la force déployée par l’autrice pour la contrer. A coups bien sentis d’invention langagière, de joie littéraire féroce et d’acuité inouïe sur ce qui se trame à l’intérieur des murs des hôpitaux psychiatriques, Treize faut sauter le tabou, l’ignorance et la peur mesquine, redresse les corps et les regards : pour celleux à l’extérieur on ne pourra plus ne pas voir ni faire comme si on ne savait pas, pour celleux à l’intérieur elle restitue dignité et intégrité. L’humour et la poésie parachèvent la charge politique et réalisent le dessillement des consciences, la mise en mouvement des corps, une détermination pour un changement du regard sur le soin : considérer les psychiatrisés comme des sujets, qu’absolument rien ne justifie d’abuser, sous aucune forme que ce soit.

Tout comme on peut parler d’une histoire écrite par celleux d’en bas, on trouve ici une parole qui « se passe de [son] côté » : « je prends la place et c’est un bonheur. Je ne suis pas venue compter mes cicatrices, je suis venue crever l’affiche. »

Charge vous dit bien nettement, haut et fort et en rythme, qu’on peut faire autrement, qu’une société se doit de faire autrement.

En écho à Treize, on peut penser à ces phrases de Marina Tsvetaeva : » Je sens que je vous dis trop, mais trop a toujours été la mesure de mon monde intérieur. »

Et ce trop-là de Treize est pile ce qu’il faut pour nous secouer toustes."

 

"Ce récit nous a ému car il traite d'un thème universel, pourtant encore tellement méconnu ! L’expérience personnelle de la journaliste Miriam Stein nous embarque dans une véritable explication déculpabilisante des changements du corps féminin. Atteinte des premiers symptômes de la périménopause à 44 ans, l’autrice s'est trouvée désemparée face à ce bouleversement, avant de prendre le problème à bras-le-corps. Son essai met également en lumière la mauvaise prise en charge des professionnel·les de la santé qui continuent à invisibiliser la cause et à minimiser les symptômes réels de cette période charnière dans la vie d’une femme. Riche de nombreuses références et études françaises et internationales; il s'adresse principalement aux femmes ménopausées, mais en réalité à tout le monde. L’autrice évoque avec finesse plusieurs périodes de la vie d'une femme, telles que l'apparition des règles, la sexualité, la grossesse, et bien d'autres.

Un témoignage indispensable ! Miriam Stein tente, comme chaque femme, de comprendre ce phénomène et cherche à y apporter des réponses avec beaucoup d'humour pour mieux appréhender cette période taboue."

 

"Faites le test. Si l'on vous dit "psychanalyse", quelles sont les représentations qui vous viennent spontanément à l’esprit ? Sans doute l'image de Sigmund Freud le "père de la psychanalyse", pipe à la bouche et avec lui, celle de la Vienne fin-de-siècle, cœur battant de la Mitteleuropa. Il était temps d'opposer à cette vision occidentalo-centrée de la psychanalyse, une autre histoire qui lui rende son caractère global en décalant notre regard vers "le reste du monde". "Psychanalyse du reste du monde : géo-histoire d'une subversion" montre combien la psychanalyse a toujours été "pris[e] dans le mouvement de l'histoire globale". Afrique, Antilles, Amérique du Sud, Chine, pays arabes sont ainsi autant de cas de figures qui ont incarné et incarnent encore des façons créatives et singulières de s'emparer de la psychanalyse et de la frotter aux enjeux propres à ces territoires : que ces enjeux soient sociaux, politiques ou religieux. Fruit du travail de près de quarante contributeurs, mêlant articles inédits, traduits et entretiens, cette somme fondamentale signera assurément un avant et un après dans l'histoire de la psychanalyse et des idées."

 

"Plus encore que de répondre à ce que suggère son titre, ce livre propose une analyse mondiale et historique de l'émergence des extrêmes-droites contemporaines et de leurs accointances avec le conservatisme traditionnellement répandu. Ce livre remporte un pari difficile : prendre au sérieux ces discours pour mieux les comprendre et démontrer combien leurs tenants sont, eux aussi, très sérieux – ce qui en dit long sur le danger qu’ils représentent. Écrit dans un style limpide et très accessible, cet essai intéressera toute personne interpelée par la scène politique internationale. Que l’on soit néophyte ou connaisseur en la matière, prendre conscience de la généalogie de la haine jusqu’au point où celle-ci réussit, en apparence, à se parer de légitimité est une clef qui permet de mieux la combattre. Le livre de Pablo Stefanoni est de ceux au sortir desquels l’on se trouve à la fois mieux instruit et plus lucide."

 

"Tout le monde sait ce que veut dire Pétaouchnok(s) mais sauriez-vous le situer sur une carte ? 

Riccardo Ciavolella fait de Pétaouchnok un concept pour désigner des lieux réels réduit à des usages idiomatiques. En gardant à l'esprit que tout le monde a son Pétaouchnok et que nous sommes peut-être le Pétaouchnok de quelqu'un d'autre, il collecte ces lieux à cheval entre le réel et l'imaginaire, les replace sur la carte et tente de comprendre ce qui, dans leur histoire, les a conduit à se perdre dans nos imaginaires. Un anti-atlas illustré et richement documenté avec en fil rouge une réflexion profonde sur l'ethnocentrisme et sur les mécanismes d'exclusion et de domination."

 

"Chez TULITU, nous sommes fans de la politologue écologiste et antiraciste Fatima Ouassak. Nous avons eu la chance d’organiser une rencontre avec elle et elle nous a complètement séduits avec son discours antiraciste et écologiste d’une clarté absolue.

Fatima Ouassak a créé le Front des Mères, une organisation de parents d’élèves luttant contre les discriminations et Verdragon, la première maison de l’écologie populaire. Avec la puissance des mères, elle nous expliquait comment aider les jeunes des quartiers populaires face à la violence étatique représentée entre autres par la police.

Dans son livre l’écologie pirate et nous serons libres, elle prône une écologie ancrée dans les quartiers populaires en faisant référence à l’univers du manga One Piece de Eiichir? Oda ; ce manga raconte les aventures de trois enfants vivants dans une décharge rêvant de devenir les rois des pirates.

Son écriture limpide est une ode anticoloniale, à la liberté de circuler, seul moyen de remédier à la crise climatique. Un livre indispensable pour découvrir des pistes pleines d’espoir pour sauver le monde."

 

"Baskets, punchlines et chemins de traverse.

Un livre pour les adeptes de randos tout autant que pour les curieuses et curieux de la justice des mineur.e.s. Rozenn Le Berre articule le quotidien d'un foyer de la PJJ dans le Nord, qui accueille des ados fâché.e.s avec la loi, et l'échappée en montagne de quelques jeunes et éducateurs. 

Tantôt tendre, tantôt tendu, son style est aussi vif que pédago. Passionnant !"

 

"Le champignon de la fin du monde de Anna Tsing est l’un des livres à la croisée de l’anthropologie, des « humanités écologiques » et de la philosophie les plus beau et aventureux que nous avons pu lire ces dernières années. Proche de Donna Haraway, la chercheuse Anna Tsing se plonge d’une manière située dans une enquête magnifique qui la fait voyager entre le Japon et les forêts abandonnées de l’Oregon, en suivant les traces narratives et matérielles du Matsutake. Champignon très prisé au Japon, au point d’y avoir sa propre bourse, il y devient de plus en plus rare, voir introuvable. Il réapparaît dans les forêts dévastées par la culture intensive de l’Oregon, qui ne laisse plus grande chose pousser dans les sols bouffés par les sapins. Sauf, dans des conditions écologiques impossibles à reproduire en dehors de celles de la dévastation, ce fameux Matsutake qui nous fait rencontrer aux mêmes endroits des cueilleurs amateurs, des réfugiés post-guerre du Vietnâm et leurs fantômes tout autant que ceux d’anciens vétérans américains au ban de la société. Des organisations écologiques tentent par-dessus tout au sens propre comme littéral, d’un point de vue surplombant de « revitaliser » ces forêts sans voir les liens humains et plus qu’humains qui s’y tissent au bord du gouffre. Ce n’est pas du tout un livre sur la résilience, bien loin de cela que nous propose Anna Tsing, mais plutôt un livre qui nous permet de relier le ravage de nos mondes dans la continuité du ravage colonial et des premières productions de canne à sucres (ce qu’elle nomme le plantacionocène) et les manières d’y résister malgré tout. On y trouve des concepts clefs pour penser le contemporain comme celui de la scalabilité, ou encore d’un nouveau type de capitalisme par captation.

Bref, non seulement une enquête passionnante mais aussi un livre important pour continuer de penser."

 

"L’histoire de la nouvelle aristocratie, celle des 50 dernières années, du show biz et de la jet set, reproduisant les travers de celles qui l’ont précédée, une bulle séparée du reste de l’humanité, un milieu select réunissant 0,1% de l’humanité et où, selon que vous soyez homme ou femme, dans une logique genrée séculairement rétrograde, l’argent des premiers, qu’ils soient banquiers, richissimes héritiers américains ou saoudiens, icônes de la Tech ou golden boys en tous genres, fait la loi, réduisant à l’accessoire les secondes, dont la seule qualité exigée est de répondre aux canons beauté stéréotypés, des « créatures de rêves » accrochées au bras comme autant de trophées.

C’est dans ce volcan de superficialité, pourtant révélateur éclatant d’une mécanique de reproduction sociale des inégalités, de l’emprise sur les corps et des violences, tantôt psychologiques, tantôt physiques, infligées aux jeunes filles qui se rêvent en mannequins à succès, que nous plonge Ashley Mears.

Mais l’autrice, en bonne « insider » puisqu’elle fut elle-même emportée très jeune par ce milieu avant de devenir sociologue à l’université de Boston, forgeant au passage quelques concepts passionnants (« capital-filles »), livre une étude aussi implacable que nuancée, dénonçant un système certes méprisable mais également complexe, se refusant à victimiser par principe les femmes qui, bien souvent, « ne sont pas dupes » et viennent dans ces clubs satisfaire des besoins de luxe et tisser des réseaux professionnels."