Le vingt-cinquième numéro de la Revue du Crieur marque la fin de cette aventure éditoriale, après neuf années d'enquête sur la culture et les idées et des dizaines d'articles qui resteront accessibles sur la plateforme Cairn.
Pour son dernier numéro, le Crieur propose un grand dossier, " La solitude de Gaza ", sur l'un des sujets les plus préoccupants des dernières décennies. Il s'ouvre sur la prise de parole importante de l'essayiste Mona Chollet, révoltée par la passivité des dirigeants occidentaux face au massacre des Palestinien.nes. Thomas Vescovi s'interroge ensuite sur ce qui reste du camp de la paix en Israël, dont le nombre de partisan.es s'est réduit à peau de chagrin depuis le 7 octobre 2023. Meryem Belkaïd, pour sa part, revient sur une notion centrale pour comprendre la guerre en cours : la colonialité de l'État d'Israël, sans laquelle il est impossible d'imaginer sortir de l'impasse et de la violence dans laquelle les Palestien.nes comme les Israélien.nes sont coincé.es depuis trop longtemps. Marion Slitine déplie, elle, le concept de " culturicide ", soit la politique d'anéantissement culturel et identitaire du peuple palestinien, qui n'a pas débuté à l'automne 2023. Enfin, le dossier se clôt sur la traduction d'un texte important du grand intellectuel israélien Eyal Weizman, qui fait un détour par l'Allemagne pour réfléchir à la notion de génocide et inscrire dans l'histoire longue l'extermination des peuples dominés. Un dossier qui prend la mesure de la gravité des événements en cours à Gaza et en Palestine.
Le reste du dernier numéro du Crieur met en avant des thématiques qui sont chères à la revue : une grande enquête d'Ève Charrin sur la ville d'Illiers-Combray, berceau de La Recherche du temps perdu de Proust qui, afin de trouver des ressources et se dynamiser, slalome entre la valorisation de ce patrimoine littéraire et l'implantation de géants mondiaux de la logistique ; et, par Anne-Laure Pineau, une plongée dans les masters de création littéraire, fabriques de la nouvelle garde littéraire française qui tentent de bousculer un milieu éditorial rigide et peu accessible. On lira aussi une réflexion de Romaric Godin sur les débats qui agitent la gauche radicale étatsunienne divisée par la politique économique de Joe Biden, des débats qui interrogent finalement la place de l'État dans une économie en crise, à l'heure où l'élection présidentielle peut complètement rebattre les cartes. Roméo Isarte revient sur la longue lutte – politique, administrative, financière – en faveur de la constitution d'archives LGBTQIA+ en France, un outil essentiel pour faire exister les mémoires queers et combattre l'oubli qui menace sans cesse les cultures et histoires des groupes minorisés. Fabien Escalona et Romaric Godin retracent soixante années de choix politiques qui ont nourri un vote de rupture identitaire et mené l'extrême droite française jusqu'aux portes du pouvoir – six décennies dont il est urgent de tirer des leçons. Enfin, Pamina Guyot-Sionnest prend part à un débat majeur sur la place à accorder à la notion de consentement en contexte de violences sexuelles, exposant les différentes positions dans le champ féministe et s'interrogeant sur ce qui permettrait, enfin, de sortir du déni sur ce que sont vraiment les violences sexuelles.
Prix au numéro : 15 €
Parution avril et octobre
Tous les articles sont vendus
à l’unité sur le site Cairn.info
Mediapart et La Découverte ont réuni leurs forces et leur image pour créer ensemble une revue consacrée aux idées et à la culture, la Revue du crieur. Notre pari est que les lecteurs n’ont jamais eu autant soif de comprendre et de savoir. Dans un contexte où les événements tragiques s’ajoutent aux impasses politiques, l’exigence de recul et de regard critiques n’a jamais été aussi nécessaire.
Le titre s’imposait comme une évidence : nos logos portent chacun le visage d’un petit crieur public, cette belle figure qui incarne l’esprit démocratique attaché à la presse et au livre. Or nous avons en partage celui qui nous l’a inspiré pour les uns et laissé en héritage pour les autres : François Maspero, disparu le 11 avril 2015. Libraire, éditeur, écrivain, traducteur, mais aussi animateur ou initiateur de plusieurs revues, son oeuvre-vie nous lègue une trace que nous voudrions prolonger, et c’est pourquoi nous dédions à sa mémoire cette première livraison. Indépendance et exigence en étaient les valeurs cardinales, dans le refus des conformismes et des clientélismes, des indifférences et des complaisances.
L’ambition de la Revue du crieur est d’incarner un journalisme d’idées qui conjugue les engagements et les savoir-faire de Mediapart et de La Découverte, pour aborder de manière inédite le monde de la culture, des savoirs et des idées, en France et à l’étranger, dans toute sa diversité - les sciences, la littérature, l’art, le cinéma, le spectacle vivant, etc. - sans exclure ses formes les plus populaires.
Les idées et la culture ne planent pas au-dessus de nos têtes, elles s’incarnent, elles vivent dans des institutions qui ne sont pas à l’abri des enjeux de pouvoir, d’argent, de réseaux et d’une certaine tendance à cultiver l’entre-soi. C’est pour rendre compte de cette réalité que la Revue du crieur publiera des enquêtes et des reportages, sur des sujets les plus variés, mais toujours dans un esprit incisif, quitte à faire vaciller certains magistères...
La Revue du crieur est là pour rappeler que le monde des idées et de la culture se trouve, doit se trouver au coeur de la vie publique démocratique, et qu’à ce titre, il appartient à tous.
Directeurs de publication :
Stéphanie Chevrier, Edwy Plenel
Rédacteurs en chef :
Joseph Confavreux, Valentine Dervaux
Création graphique :
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Proposition d’article
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