Vies oubliées
Au coeur du XVIIIe siècle

Arlette Farge

Comment saisir les vies oubliées, celles dont on ne sait rien ? Comment reconstituer au plus près l'atmosphère d'une époque, non pas à grands coups de pinceau, mais à partir des mille petits événements attrapés au plus près de la vie quotidienne, comme dans un tableau impressionniste ?
Arlette Farge offre ici ce qu'on appelle les " déchets " ou les " reliquats " du chercheur : ces bribes d'archives déclarées inclassables dans les inventaires, délaissées parce que hors des préoccupations présentes de l'historien. Ce sont des instantanés qui révèlent la vie sociale, affective et politique du siècle des Lumières. Prêtres, policiers, femmes, ouvriers, domestiques, artisans s'y bousculent.
De ces archives surgissent des images du corps au travail, de la peine, du soin, mais aussi des mouvements de révolte, des lettres d'amour, les mots du désir, de la violence ou de la compassion.
Le bruit de la vague, expliquait Leibnitz, résulte des milliards de gouttelettes qui la constituent ; Arlette Farge immerge son lecteur dans l'intimité de ces vies oubliées. Une nouvelle manière de faire de l'histoire.

Version papier : 18.00 €
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Détails techniques
Collection : SH / À la source
Parution : 19/09/2019
ISBN : 9782348045738
Nb de pages : 304
Dimensions : 14.0 * 20.5 cm

Arlette Farge

Arlette Farge est historienne spécialiste du XVIIIe siècle. Elle a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels La Vie fragile. Violence, pouvoirs et solidarités à Paris au XVIIIe siècle, Le Goût de l'archive, et, avec Michel Foucault, Le Désordre des familles. Lettres de cachet des Archives de la Bastille au XVIIIe siècle.

Extraits presse

Premier opus de la collection À la source dirigée par Clémentine Vidal-Naquet, Vies oubliées est en tout point iconoclaste. Il se compose presque exclusivement d'archives du XVIIIe siècle : lettres d'amour, chansons, testaments... Ces fragments pleins de surprises laissent entrevoir des êtres singuliers, témoins d'une époque qui les dépasse. Dans le sillon de La Vie des hommes infâmes de Michel Foucault (1977), Arlette Farge se fait passeuse d'une humanité commune.

2019-08-14 - Léonard Billot - Les Inrocks

 

Un ovni ! Même s'il s'inscrit dans son champ d'études habituel, la France du XVIIIe siècle, Vies oubliées, le nouvel ouvrage de l'historienne Arlette Farge devrait surprendre ses lecteurs, ainsi sans doute que certains de ses collègues. Fidèle au crédo de l'histoire sociale, la directrice de recherches émérite au CNRS s'efforce depuis plus de quarante ans, à restaurer la parole des anonymes, donner une existence aux " gens de peu " pour rétablir l'équilibre et surtout mieux saisir la complexité de la société de l'époque.

2019-09-30 - Stéphane Jarno - Télérama

 

Passionnée par l'archive et ouverte à toutes les entreprises historiographiques, Arlette Farge s'attache ici à décrire des " restes " d'existences inclassables qui témoignent, de façon émouvante, des nombreux destins d'hommes, de femmes et d'enfants pauvres du XVIIIe siècle, saisis à un instant de leur vie dans des lieux improbables ou dans des situations inédites : ouvriers, domestiques, artisans, malades mentaux, prostituées, filles violées, etc. [...] Arlette Farge souligne à juste titre combien ces " reliquats " permettent au lecteur d'aujourd'hui de comprendre ce qu'il y a d'universel dans le récit singulier de ces vies oubliées. Telle est la grandeur de ce magnifique ouvrage, rédigé à la manière d'une leçon de choses.

2019-10-11 - Elisabeth Roudinesco - Le Monde

 

" Il faut raconter avec le même souci les existences uniques des hommes, qu'ils aient été divins, médiocres ou criminels. " Avec cette citation de Foucault, Arlette Farge s'inscrit dans la veine d'une histoire des classes populaires et des gens de peu. Grande spécialiste du siècle des Lumières et de l'exploration des archives de police et de justice, Arlette Farge met en lumière les " déchets " ou " reliquats " des chercheurs, ces archives incomplètes et inutilisées. Ces éclats d'histoire tirés des archives alimentent la " médiation de l'imaginaire " et nous ramènent aux traces forcément lacunaires de ces anonymes, à ces " vies oubliées ", souvent mystérieuses et intrigantes. Listes, chansons, mots courts, plaintes, signalements et lettres témoignent toutes des " pénombres des Lumières ". Plus qu'une étude savante et ordonnée, Arlette Farge nous fait partager l'émotion liée au " grain de ces objets d'autrefois " et la proximité affective qu'ils peuvent susciter en nous. Seules les traces font rêver, écrivait René Char.

2019-11-14 - L'Humanité

 

On sait le goût d'Arlette Farge pour ces archives qu'elle a tant étudiées. Son dernier livre se penche cette fois sur des documents qu'elle a croisés et laissés sur sa route parce qu'ils étaient inclassables. Des " reliquats ", comme on les appelle. Une histoire d'enfants volés, un petit mot glissé dans les langes d'un bébé abandonné, la première lettre de sa vie qu'écrit une femme amoureuse, des testaments, des rapports de police, des dénonciations... Autant de bribes d'existence [...] qu'Arlette Farge fait parler, tentant de percer l'identité, la situation, le passé ou l'avenir des êtres qui les ont rédigées ou en sont le sujet. Et ce, par le biais d'une écriture colorée, superbement évocatrice, avec l'empathie pour le petit peuple et l'érudition que chacun lui connaît. Au travers de cette multitude d'instantanés de vie, le XVIIIe siècle se dévoile " plein coeur, plein corps ", avec ses traits saillants. Ainsi l'importance de la filiation, le statut des femmes, celui de la médecine et de la folie, le rôle de la police (Arlette Farge a travaillé et écrit avec Michel Foucault). À maintes reprises, on est frappé par l'" inattendue proximité " entre ce siècle et le nôtre (harcèlement sexuel, mépris des déshérités...). À chaque page, on vibre d'une curiosité et d'une émotion sans cesse renouvelées. C'est un livre tout simplement passionnant.

2019-12-01 - Marie Goudot - Études

 

Dans un récit magistral, Arlette Farge offre une plongée fascinante au coeur de ces vies du XVIIIe siècle qui n'ont laissé de traces que d'archives. C'est le livre que tous les historiens rêvent de publier. Un agrégat d'éclats d'archives, de " reliquats " de classements, qui ne forment pas un corpus documentaire cohérent pour la recherche, mais qui, mis bout à bout, révèlent la chair et le sang d'un XVIIIe siècle passionnément humain, bien loin des scènes de fêtes galantes de la Régence ou de pastorales de Watteau.

2019-12-13 - Marie Ranquet - NonFiction

 

Le livre est un plaisir de lecture : empathique, l'écriture se met au service des mots des femmes violées, des récits d'enfants maltraités, et s'efface derrière des témoignages anonymes ou les listes d'objets a priori insignifiants.

2020-03-01 - L'Histoire

 

Table des matières

Introduction
I / Temps survenus et frêles instants
II / L'intime, le corps et les affects sous le regard de la police

Amour
À propos des femmes
Nouveau-nés abandonnés
Filiation
Domestiques et maîtres
Compassion
Santé et médecine
Ordre et désordre
Violences sexuelles
Travail ouvrier et corporations
Conclusion
Remerciements.