De ceux qui ont péri pendant la Shoah, les descendants des familles de survivants savent en général peu de choses. C'est ce qui a conduit Françoise Milewski, une enfant d'immigrés juifs polonais née en France en 1947, à entreprendre une recherche sur sa famille, avec un double objectif : transmettre à la troisième génération, celle de ses enfants, l'histoire familiale en Pologne pour en préserver la mémoire ; redonner une identité aux victimes, afin qu'ils ne restent pas sans traces pour leurs descendants.
 Dans ce livre, illustré de plus de quatre-vingts photos et documents, l'auteure raconte son enquête en Pologne même, mais aussi dans les archives allemandes, israéliennes, françaises et américaines pour transmettre une mémoire d'événements qu'elle n'a pas vécus et recréer le lien brisé. 
Retraçant l'aiguille et le fil de la recherche d'une famille juive décimée, elle restitue les " éclats de vies " des disparus, le quotidien des shtetlekh (les bourgades juives) en Pologne avant la guerre, les itinéraires de ceux qui ont péri et de ceux qui ont été sauvés, la vie quotidienne des survivants en France dans l'après-guerre. 
C'est le livre du souvenir d'une famille, à l'image de ceux écrits après la guerre par les rescapés pour sauver leurs bourgades de l'oubli. 
  Un site Web, www.unlivredusouvenir.fr, prolonge cet ouvrage : il décrit les méthodes employées pour effectuer les recherches, fournit des repères historiques pour situer les histoires familiales dans l'Histoire et présente les documents réunis dans cette enquête.
                
                                            Françoise Milewski est économiste à l'OFCE, le centre de recherche en économie de Sciences Po.

" Un jour, Françoise Milewski s'est aperçue qu'il lui était impossible de citer les prénoms de ses oncles et de ses tantes, qu'elle ne connaissait que leur nombre: dix du côté de sa mère, six du côté de son père... Aussi la fille de Mendel Milewski et de Mirla Ryfman, née à Paris en 1947, a-t-elle décidé d'enquêter sur sa famille doublement polonaise. Une entreprise colossale - dix ans de recherches - qui l'a menée de Jérusalem à Varsovie en passant par New York et les shtetlekh (bourgades juives) de ses ancêtres. Le résultat est édifiant: un kaléidoscope d'itinéraires extraordinaires, qui retrace l'épopée des quelques rares survivants et, surtout, l'effroyable épreuve subie par les nombreux déportés, du ghetto aux camps. Au terme de sa quête, l'auteur, économiste de profession, nous livre un ouvrage passionnant, digne des Disparus de Daniel Mendelson, et, outil précieux pour les familles à la recherche de leurs racines, un site Internet hautement didactique. Tout y est: le détail de ses enquêtes généalogiques, photos et croquis à l'appui - et, à travers elles, l'histoire d'un peuple ballotté dans l'Europe entière - mais aussi la méthodologie employée, dûment étayée par les adresses électroniques de tous les centres d'archives utiles. Un véritable travail d'historienne. "
L'EXPRESS
" Née après la guerre d'immigrés polonais en France, l'auteure a entrepris cette enquête sur ses ancêtres pour en transmettre la connaissance aux siens et redonner une identité aux disparus de la Shoah. Répugnant à toute recherche d'effet dès lors qu'il s'agit de l'indicible, son écriture, immense par sa modestie, a la pureté du cristal. Elle rapporte ces simples éclats de vie, ces photos écornées, ces fiches d'identité aux termes barbares, ces mots à peine griffonnés, qui tissent le métier d'une mémoire, recréent le lien brisé des évènements remontés à la surface, de destins repérés dans l'ordre des naissances et des morts, et des êtres désormais sorti de l'oubli. "Travail ardu, délicat fait de tristesse et de joies secrètes", souligne Théo Klein dans sa préface. Ce livre parti à la conquête des branches disparues d'un arbre généalogique signe tout simplement une victoire posthume sur le nazisme. "
L'HUMANITÉ
" Avec ce "Yisker Bukh", ce livre du souvenir, Françoise Milewski perpétue la mémoire et transmet à ses enfants et ses petits-enfants, des fragments de vie, des reconstitutions par bribes sur les destins croisés des uns et des autres, une recherche exhaustive des moindres documents dans les archives polonaises, françaises, allemandes, israéliennes et américaines. Elle interroge des rescapés, des témoins. Elle visite ces shtetle'h désormais "judenrein", Falenica, Yablonna, Zelechow, Miedzeszyn, des lieux pleins de vie et d'espoir, devenus ghettoïsés puis dont les habitants furent tués sur place ou déportés à Treblinka. Un fil conducteur noue et dénoue l'enchevêtrement des itinéraires dans cette Pologne à la fois aimée, crainte et détestée, trop longtemps sourde et aveugle. Au-delà des inscriptions sur les pierres tombales à Bagneux, ces disparus demeurent des êtres vivants. Pour toujours, "Oyf eybik". Ils vivent et revivent grâce à Françoise Milewski. Merci Françoise ! "
ACTUALITÉ JUIVE
" L'ouvrage de F. Milewski ne se substitue ni au témoignage direct, ni au travail de l'historien, ni à la fiction du roman, comme elle le précise elle-même. Il s'agit d'une sorte de voyage dans le temps et dans l'espace à la recherche de noms, de prénoms, d'actes d'état civil, de maisons, de lieux de vie, de pierres tombales, d'ambiances. De témoignages matériels de toutes ces vies qui l'ont précédée et qui furent brutalement anéanties, effacées de la petite comme de la grande histoire. Il a fallu plusieurs années à l'auteure et de la persévérance pour redonner, petit à petit, une identitéaux membres de sa famille, du moins à une part d'entre eux. Car, souligne-t-elle, sur ceux qui ont été assassinés en Pologne, elle n'a pu glaner que quelques bribes. Par le travail d'investigation réalisé et la documentation réunie, complétée par celle publiée sur un site internet, ce livre va bien au-delà du seul récit d'une généalogie individuelle. "
SCIENCES HUMAINES
"Dans les années 1980 on demande aux enfants de Françoise Milewski alors en cours élémentaire de reconstituer l'arbre généalogique de leur famille. Pour répondre à leurs questionnements l'auteur va interroger son père et tout noter dans un cahier d'écolier. Quels membres composaient sa famille originaire de Pologne pour ses deux parents ? Lesquels ont survécu et dans quels pays ? Lesquels se sont éteints de "mort naturelle" ? Ont disparu dans la fumée des camps ou par balles ? Au fil du temps ces questions deviennent de plus en plus obsédantes. Elle veut savoir, comprendre, sortir les siens de l'oubli et transmettre leur mémoire. La tâche va se révéler immense car elle a choisi de retrouver la trace d'un très grand nombre de personnes. [...] C'est ce très beau travail dédié au devoir de Mémoire que l'ouvrage, préfacé par Théo Klein, va décrire. "
INFORMATION JUIVE
2025-11-04 - PRESSE
Cette histoire familiale de la Shoah a été rédigée par Françoise Milewski, une économiste de l'OFCE, le centre de recherche en économie de sciences Po. Il a la particularité d'être relié à un site web qui rassemble les documents réunis dans cette enquête. http://www.unlivredusouvenir.fr/ Ce site a une double vocation : il se veut d'une part un important complément iconographique et intellectuel pour les lecteurs du livre de Françoise Milewski qui veulent en savoir plus, à la fois sur la vie et les parcours des Milewski et des Ryfman, et sur le contexte historique dans lequel ces vies se sont déroulées. D'autre part, il constitue un guide pratique et une introduction incontournables pour toute personne qui souhaite entreprendre des recherches de cet ordre.
2025-11-04 - Les clionautes

Préface, par Théo Klein 
 Introduction. Un album de famille 
 1. Les premières recherches 
 Où, quand et comment ? 
 Dans les mairies des shtetlekh 
 L'interdit familial et la défiance 
 2. Destins individuels et collectifs 
 L'histoire des communautés 
 Des éclats de vie 
 La démarche : retrouver des traces et assembler les pièces du puzzle 
 3. Le shtetl : deux communautés séparées 
 Une histoire marquée par l'exclusion 
 L'effervescence politique, éducative et culturelle des années 1930 
 La spécificité de la vie juive 
 Les " livres du souvenir ", monuments de papier 
 Le choix des mots 
 4. Les Ryfman, entre Zelechow et Miedzeszyn
 De Zelechow à Miedzeszyn 
 La communauté juive de Zelechow 
 La vie dans le ghetto 
 La liquidation de la communauté 
 Mes recherches à Zelechow 
 5. Les Ryfman à Miedzeszyn 
 Miedzeszyn et Falenitz avant la guerre 
 Le ghetto et sa liquidation 
 Mes voyages à Falenitz et Miedzeszyn 
 6. Les Milewski à Yablonna 
 La communauté juive de Yablonna et des alentours 
 L'arrivée des nazis et la liquidation de la communauté 
 À la recherche de traces à Yablonna-Legionowo 
 7. Yenkel et Benyamin Milewski, l'espoir américain déçu 
 Yenkel, mon arrière-grand-père : du shtetl à la Galilée en passant par les États-Unis 
 Benyamin, mon grand-père : sur le Cleveland vers Ellis Island 
 Frymeta Milewska, toujours digne et droite 
 8. Yenkel et Shosha Ryfman, d'une boulangerie à l'autre 
 Yenkel et Shosha, les tartes aux myrtilles 
 À la recherche de la tombe de Yenkel 
 9. Motel Milewski, pendant presque toute la guerre en Pologne 
 La fuite du ghetto 
 Dans les camps de personnes déplacées en Italie 
 À Paris, une nouvelle vie 
 Les multiples chemins de la reconstitution de la vie de Motel 
 10. Bela Milewski, d'Arkhangelsk à Salzbourg 
 La fuite vers l'URSS en 1939 
 Séparés lors du passage de la frontière 
 Ensemble pour rentrer en Pologne en 1946 
 La fuite en Autriche 
 Le regroupement à Paris de tous les Milewski survivants 
 Les cheminements de la mémoire 
 11. Mendel Milewski et Mirla Ryfman : de la Pologne à la France 
 Une histoire d'amour en Pologne 
 La montée de l'antisémitisme 
 La venue en France, séparément et clandestinement 
 Les Juifs polonais à Paris 
 Le passé, ni regret ni nostalgie 
 Les caveaux juifs du cimetière de Bagneux : le shtetl à Paris 
 12. Mendel, Mirla, Burech et Fishel pendant la guerre en France : le recensement, les rafles et la fuite 
 Le recensement 
 Le fichier juif aujourd'hui 
 Les premières rafles 
 La rafle du Vel d'Hiv 
 La fuite à Livry-Gargan 
 13. Aryanisation et pillage 
 L'aryanisation de l'atelier : la machine bureaucratique au service de la spoliation 
 Le pillage de l'appartement 
 La caisse à charbon, les poupées et les bocaux 
 14. Fishel Ryfman et René Albert Philippe, glissements d'une identité 
 De Zelechow à Paris 
 Le refuge à Abbeville 
 Les détails d'une " enquête " 
 15. Paris après la guerre 
 Un nouvel atelier 
 Rue Notre-Dame-de-Nazareth 
 Nous les Français 
 Mendel-Mendele-Marcel et Mirla-Mirele-Mireille 
 Place de la République 
 Les secrets des habitudes culinaires 
 Réparer quoi ? 
 " Être gai, toujours " 
 16. Certains sont devenus français, d'autres pas 
 Les bons et les mauvais éléments 
 " Degré d'assimilation nettement insuffisant " 
 Il fallait pourtant repeupler la France 
 Français ou apatrides 
 17. L'hommage à ceux qui ont été tués, et dont je sais si peu de chose 
 Des bribes d'histoires et des photos 
 Destins collectifs 
 Les Juifs savaient et ne savaient pas 
 Vers les camps d'extermination, sans trace 
 Treblinka 
 Seulement des cendres 
 L'hypothèse folle 
 18. Des albums de familles ? 
 Une mémoire par procuration 
 Écrire les yizker-biher des familles 
 La mémoire des anonymes 
 Les voies de la transmission 
 Bibliographie 
 Remerciements 
 Les arbres généalogiques des Milewski et des Ryfman.