2014-09-05 - Eric Conan - Marianne
Ce journaliste du Monde diplomatique poursuit son "voyage dans une France qui innove vraiment", selon une échelle des valeurs différente de celle qu'impose la société actuelle. Et ils sont nombreux, ces Français défricheurs d'un monde nouveau: alterentrepreneurs, agriculteurs en circuits courts, citoyens de la sobriété, élus démonstrateurs, comme à Loos-en-Gohelle, d'une innovation territoriale et éco-citoyenne. De nouveaux liens sociaux se forment, les exemples sont bien plus nombreux qu'on ne l'imagine, le repli sur soi et les extrémismes reculent. Réconfortant.
2014-09-18 - Yannick Boucher - La Voix du Nord
Vous voulez changer de vie ? Changer la vie ? Changer tout court ? Lisez Dupin. Vous trouverez là, sans doute pour la première fois, un panorama précis, vivant, lucide de ceux qui vous ont précédés dans cette voie mystérieuse. Son livre dresse la carte inédite des défricheurs de l’avenir : c’est le guide de l’ailleurs. On rêve d’alternatives lumineuses, de projets scintillants, d’un monde différent, plus humain, plus libre, plus sage. Loin des fumées de la théorie, Dupin a fait le tour de ces utopies concrètes écloses dans le silence des médias, il a rencontré ceux qui se sont frottés au réel pour le transformer, il a exploré la France de 2015, qu’on croit éteinte et désespérée et qui, pourtant, fourmille d’inventions sociales. [...] Ni adhésion naïve ni ironie facile, Dupin évite les clichés qui infestent souvent les reportages consacrés aux expériences alternatives. Loin des caricatures - écolos en sandalettes et militantes en robes indiennes accroupis autour d’un feu de camp pour psalmodier en occitan ou en indou - il montre des pionniers convaincus, intelligents, courageux, qui cherchent sincèrement à trouver une autre vie, ici et maintenant.
2014-09-20 - Laurent Joffrin - Libération
Des rencontres, des portraits, des récits forment la trame de ce bouquin où se dessine une France du refus, mais pas nécessairement protestataire. Une France qui vit en marge d'un modèle de développement où elle ne se reconnaît plus, une France qui tente de s'inventer une autre vie. On voit défiler les habitants d'écovillages, les agriculteurs de proximité, les professeurs d'écoles alternatives, les alterentrepreneurs, le tout dans un sympathique défilé qui ne déclenche pas pour autant une envie immédiate. L'auteur ne s'y trompe pas, qui s'interroge avec un fort scepticisme sur le débouché politique de telles initiatives, dont le socle commun - "vivre autrement" - ne forme pas à soi seul un projet de société crédible.
2014-09-25 - Les Echos
Copeaux Cabana et ses charpentiers, Equiphoria et ses chevaux thérapeutes, Kokopelli et ses semences libres de droit : autant de "défricheurs" que nous présente ici le journaliste et essayiste Eric Dupin. Le panorama de ces initiatives est riche mais souvent trop rapide. L'intérêt du livre réside plutôt dans l'articulation permanente entre réflexions et expériences concrètes. Evitant l'écueil de la seule juxtaposition, Eric Dupin présente d'abord les acteurs, parcourant le spectre qui va des écolos libertaires aux alterentrepreneurs, puis les secteurs d'innovation, de l'alimentation à l'éducation, avant de s'interroger sur un possible changement d'échelle. Un brin agaçant lorsqu'il fait mine de découvrir le dynamisme de "la France qui innove", Dupin pose les bonnes questions : la récupération de ces alternatives par le néolibéralisme, le profil sociologique très homogène de ses acteurs et la difficulté à mettre en pratique la "sobriété heureuse". La théorie de l'essaimage, qui veut que ces initiatives finissent par se diffuser dans toute la société, a peu de chance de se concrétiser, conclut l'auteur. Mais sans désespérer : la transition passera nécessairement par "un combat politique dont la dimension culturelle est essentielle". Et les défricheurs en sont les protagonistes.
2014-10-01 - Céline Mouzon - Alternatives économiques
C'est un mouvement de fond qui n'a pas encore vraiment de nom. À la campagne, où il est le plus florissant, traîne encore le vieux terme de babas ou de néo-babas pour qualifier ceux qui ont choisi d'embrasser des principes de vie écologique et globalement alternatifs au modèle productiviste et consumériste dominant. Le péjoratif baba renvoie à une sorte de queue de comète post-soixante-huitarde. La filiation avec le grand élan contestataire du début des années 1970, grand fournisseur de maîtres à penser, est plutôt assumée par la galaxie des alternatifs. En les baptisant Les défricheurs, Éric Dupin assimile ces citoyens en rupture à un front pionnier et non comme une survivance sympathique ou folklorique. C'est son premier mérite. Éric Dupin est journaliste politique, ses deux ouvrages les plus récents étaient déjà des voyages en France, ambitionnant de prendre la température du pays. L'auteur se fait un devoir de s'extirper de l'usine à poncifs que constitue le « microcosme parisien ». Cette nouvelle enquête montre que ce « fourmillement » d'initiatives, de positions militantes et de nouveaux modes de vie, cette somme de marginalités finit par constituer un fait politique aussi incontournable qu'ignoré par les principaux partis. Éric Dupin a interviewé 150 acteurs de ces différents mouvements alternatifs dans une dizaine de régions et notamment Limousin (Ambiance Bois à Faux, Le battement d'ailes à Cornil). Ce qui lui permet de réaliser une typologie : les nouveaux paysans, les expérimentateurs d'habitats atypiques mais aussi de l'habitat partagé de type écovillages, les formes d'économie coopérative. Un 'il extérieur, curieux et bienveillant, c'est ce dont avait probablement besoin cette grande famille très éclatée. Les tenants de la décroissance, les militants des semences libres ou de l'éco-construction, les promoteurs des pédagogies alternatives ont un socle commun de valeurs. Ces « défricheurs » ne se sentent généralement pas en phase avec la représentation politique, même si, et c'est l'un des paradoxes relevés par Dupin, beaucoup de projets nécessitent le soutien des institutions. Le journaliste a constaté également le mur qui s'est érigé entre les médias de masse et ces citoyens. Ils ne se réfèrent qu'à des médias eux-mêmes alternatifs, tandis que les médias de masse peinent à ne pas verser dans la caricature. Ces médias alternatifs ont effet miroir, qui peut favoriser la création d'« îlots ». Cet archipel des alternatives peut-il engendrer un changement profond ? Éric Dupin observe que le gros de ces « défricheurs » se recrute principalement dans une jeunesse éduquée issue de la classe moyenne. Ce qui reste une base assez étroite.
2014-10-09 - Julien Rapegno - La Montagne - Le Populaire du Centre