Leçons de ténèbres - Didier Fassin

À paraître

Leçons de ténèbres
Ce que la violence dit du monde

Didier Fassin

La violence hante le monde. Des homicides aux génocides, des abus sexuels aux guerres civiles, des répressions de protestations aux persécutions de minorités, des mouvements citoyens qui la dénoncent aux silences institutionnels qui l'occultent, elle est partie intégrante de la vie en société et de l'expérience humaine. Présente dans le discours politique et la production artistique, dans l'espace public et les réseaux sociaux, elle ne cesse d'être questionnée, contestée, redéfinie, par la loi et le droit comme par les mobilisations sociales et le discours savant, dévoilant ses multiples dimensions, symbolique et structurelle, morale et psychique, de genre et d'État.
Paradoxalement, toutefois, les sciences sociales n'ont commencé à l'analyser que tardivement. Inversement, les mythes et récits de ses origines ont sans cesse été réactualisés à des fins idéologiques, tandis que la psychanalyse, l'éthologie et la philosophie politique l'exploraient dans diverses perspectives généalogiques. Mais la violence n'est pas seulement un objet d'étude, elle est aussi une matière vivante dont s'emparent écrivains et cinéastes, juristes et témoins, militaires et militants. Son écriture et ses représentations interrogent les manières de la qualifier et de l'attester, la possibilité de la refuser ou au contraire de la défendre.
En étudiant ses formes, il s'agit d'appréhender ce que le monde dit de la violence et ce que la violence fait au monde.

Version papier : 22.00 €
Version numérique : 15.99 €
Détails techniques
Collection : Sciences humaines
Parutions : 04/09/2025
ISBN : 9782348089350
Nb de pages : 288
Dimensions : 13.5 * 22.0 cm
ISBN numérique : 9782348089428

Didier Fassin

Didier Fassin

Didier Fassin est anthropologue et médecin, professeur au Collège de France sur la chaire Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines et à l'Institute for Advanced Study de Princeton. Il est l'auteur de vingt-cinq livres traduits en douze langues, dont Une étrange défaite. Sur le consentement à la destruction de Gaza (La Découverte, 2024), et a dirigé une trentaine d'ouvrages collectifs, dont La société qui vient (Seuil, 2022).

Table des matières

Préface. Hantologie
Partie I – Savoir
1. Épistémologie d'une ignorance

La violence, quel périmètre ? – Parcours de recherche. – Une si longue absence. – L'anthropologie et le créneau du sauvage. – Le paradigme de l'ordre social. – La sociologie et l'héritage durkheimien. – La théorie de la pacification du monde. – Un péché originel de la philosophie politique. – Commencements.
2. Naissance d'une question
Manières de voir. – Gangs et mafias : une sociologie interactionniste. – Police et prison : une criminologie critique. – Hostilité et perversité : trouble éthique dans l'ethnologie. – Guerres et révoltes : renouveau de l'anthropologie politique. – Le terrorisme dans tous ses états. – Réflexivité.
3. En quête de définition
Au-delà de la condamnation. – Dilemme méthodologique : l'universel et le relatif. – Impossible définition : plus que l'expression physique, mais jusqu'où ? – La violence structurelle et ses limites. – La violence symbolique et sa critique. – Des étymologies, une philologie. – Problématisation.
4. À la recherche des origines
Des dieux et des humains. – Rituels et croyances. – Du récit national à l'idéologie nationaliste. – Un baptême et une bataille. – Les sources bibliques de la guerre totale. – Mémoire héroïque et mémoire douloureuse. – Communautés imaginées. – Victimes substituées. – Choses consacrées. – Fondation.
5. Sur quelques généalogies
Convergence de la psychanalyse et de l'éthologie. – Pulsion de mort de l'individu et instinct de survie de l'espèce. – Sciences cognitives et psychologie évolutionniste. – Des sociétés moins violentes ? – Réalisme hobbesien et nostalgie rousseauiste. – Une fable sombre. – Une critique de la violence. – Démocratie.
Partie II – Faire
6. Écrire

Cinq écueils, une révélation. – Fiction et ethnographie, entre vérité et réalité. – Un testament. – Deux romancières, deux grammaires. – Ce qui peut être dit et ce qu'on doit taire. – Tortionnaires et meurtriers. – Au-delà du triangle de la violence. – Quatre reconstitutions d'un massacre. – Enquête et contre-enquête. – Voix.
7. Représenter
La violence coloniale : un roman, deux rapports. – Affecter ou convaincre. – Transmissions : la philosophe et l'anthropologue. – La violence guerrière : hubris et brutalisation. – L'effroi et l'indignation. – Images : exaltation de la destruction et expérience de la perte. – Absence.
8. Attester
Cinq figures du témoin – Le tiers et le survivant : une distinction contestée. – Styles de la littérature concentrationnaire. – Le crédit de l'auteur et l'enquête de l'historien. – Récits des mille collines. – Martyrs chrétiens et palestiniens. – Innovations technologiques dans le témoignage. – Vérité.
9. Qualifier
Deux ordres : reconnaissance et caractérisation. – Esthétique morale et chirurgie génitale. – Bouffonnerie rituelle et souffrance intime. – Déni, dissimulation, justification. – Le conflit des interprétations. – Deux significations d'un événement. – Une qualification controversée. – Batailles.
10. Refuser
Jugement moral et réalité politique. – Trois apôtres de la non-violence. – Quand la violence devient légitime. – Métamorphoses de la terreur. – Protestation publique et résistance silencieuse. – Tactiques de l'opprimé et stratégies de l'oppresseur. – Politiques du refus. – Responsabilité.
Remerciements
Notes
Index.