" Le plus beau métier du monde "
Dans les coulisses de l'industrie de la mode

Giulia Mensitieri

La mode est l'une des plus puissantes industries du monde : elle représente 6 % de la consommation mondiale et est en croissance constante. Depuis les années 1980 et l'entrée dans l'économie néolibérale, elle est devenue l'image étincelante du capitalisme, combinant prestige, pouvoir et beauté, et occupe une place centrale dans les médias et les imaginaires. Pourtant, cette industrie, qui apparaît comme un horizon professionnel hautement désirable, repose principalement sur du travail précaire, et ce aussi bien là où la production est externalisée qu'au coeur de la production créative du luxe, comme les prestigieux ateliers des maisons de couture.
À partir d'une enquête en immersion auprès des travailleurs créatifs de cette industrie (stylistes, mannequins, créateurs indépendants, coiffeurs, maquilleurs, vendeurs, journalistes, retoucheurs, stagiaires, agents commerciaux, etc.), ce livre dévoile la réalité du travail à l'oeuvre derrière la façade glamour de la mode. Il met notamment en lumière les dynamiques d'exploitation et d'autoexploitation ainsi que le prestige social liés au fait de travailler dans un milieu désirable.
Des séances de " shooting " pour magazines spécialisés à la collaboration auprès d'un créateur de mode, en passant par des entretiens avec des stylistes travaillant pour de célèbres maisons de luxe et de couture, cette enquête dévoile une nouvelle forme de précarité caractéristique des industries culturelles du capitalisme contemporain, une précarité combinée au prestige, à la reconnaissance et à la visibilité. Il s'agit ainsi de décrypter les dynamiques invisibles sur lesquelles repose l'industrie de la mode pour mieux la " déglamouriser ".

Grand Prix du livre de la mode 2019

Version papier : 22.00 €
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Détails techniques
Collection : Sciences humaines
Parutions : 18/01/2018
ISBN : 9782707195401
Nb de pages : 350
Dimensions : 15.5 * 24.0 cm

Giulia Mensitieri

Giulia Mensitieri
Giulia Mensitieri est docteure en anthropologie sociale et ethnologie (EHESS). Ses recherches portent sur la mondialisation, les transformations du travail et les imaginaires désirables produits par le capitalisme contemporain.

Extraits presse

Son enquête, menée de 2010 à 2014 à Paris et Bruxelles dans le cadre de sa thèse en anthropologie, lève en effet le voile sur le monde prétendument merveilleux de la mode. Et le passionnant récit qui découle de ses rencontres avec des stylistes, des modèles, des photographes, des créateurs ou des maquilleurs laisse pantois.

2018-01-26 - Anne Both - Le Monde des livres

 

Dans cette enquête, où les témoignages sont anonymes, [Giulia Mensitieri] suit une styliste photo qui organise des défilés dans des palaces à Hong Kong mais peine à payer le loyer du petit appartement parisien qu'elle habite en colocation, dormant dans le salon. Elle décrit des mannequins endettées auprès de leurs agences, peu voire pas payées lors des défilés.
Une séance photo pour un magazine de mode avant-gardiste pour laquelle personne n'est rémunéré, un journaliste de mode indépendant qui vit dans 15m2 et gagne sa vie en donnant
des cours d'anglais... [...]
" La mode est intéressante parce qu'elle agit comme une loupe. C'est le lieu de l'individualité, de la singularité. C'est éminemment néo-libéral ", souligne cette chercheuse italienne. C'est " une industrie générant d'énormes bénéfices, où l'argent est distribué de manière totalement inégalitaire ".

2018-01-26 - AFP

 

Avec son livre intitulé Le Plus Beau Métier du monde, l'anthropologue Giulia Mensitieri s'introduit dans les coulisses peu reluisantes de l'industrie de la mode. Et elle décrit un milieu à la pointe du nouvel esprit du capitalisme, dans lequel l'exploitation prend des formes inédites.

2018-01-29 - Joseph Confavreux - Mediapart

 

Dans Le Plus Beau Métier du monde, l'anthropologue Giulia Mensitieri (EHESS) donne la parole aux travailleurs créatifs, pour qui le simple fait de participer à la création de produits désirés par le plus grand nombre sur la planète compense tous les sacrifices. La chercheuse dévoile ainsi les aspects peu reluisants d'une industrie qui constitue pourtant " l'image étincelante du capitalisme, combinant prestige, beauté et pouvoir ".

2018-02-10 - Marie Ottavi - Libération

 

Table des matières


Prologue
La mode et le rêve
Introduction. Quand la mode fait système
Les années 1980 : " Dress for succes "
Les années 1990 : l'" impérialisation " de la mode
La New Economy et le culte de la créativité
Anonymat
I / Mode et capitalisme, le système producteur de rêve
1. Fabriquer le désir : presse et publicité
Shooting Heidi
Les images de mode, intermédiaires entre production et consommation
Le rêve de la transformation
2. La haute couture, l'apothéose du rêve
Shooting Abîr
Qu'est‑ce que la haute couture ?
L'histoire d'une robe de haute couture
Les clientes
La haute couture, une affaire qui marche ?
La haute couture : tisser l'image de la France et de Paris dans le monde
Décliner le rêve
3. La circulation du rêve : mode et mondialisation
Pedro et la malédiction du " made in China "
Corinne face à la Chine
Les locaux et les cosmopolites : Chloé, Micaela et le charme ancestral des ouvriers délocalisés
Chloé
Micaela
Défilés privés et inégalités globales
Élites locales, élites globales
La mode et le monde
II / Le travail dans la mode ou " la chande d'être là "
4. Au seuil du rêve, les vendeurs
Gilbert et le rêve du luxe
Vendre le rêve : David et les ambassadeurs de la marque
5. Plus de prestige, moins d'argent. La règle du jeu du travail dans la mode
Shooting Mena
Le travail gratuit dans la mode : l'exemple du mannequinat
Les agences
Le corps comme capital
La règle du jeu des économies de la mode
La visibilité comme rémunération ?
Le travail dans la mode comme travail postfordiste
6. Prestige et précarité. Géographies symboliques et matérielles
Mia en son intérieur
La valeur des objets
Entre luxe et précarité
Les villes de la mode
La précarité de l'entre‑deux
7. Au cœur du rêve : les stylistes
Thierry, styliste
Thierry et Karl
Thierry après Karl
Le parcours de Thierry : cinquante ans d'histoire de la mode
Les transformations du travail de Thierry
Thierry versus Karl, une question de visibilité
Elsa. Le travail de styliste aujourd'hui
La règle du jeu chez les stylistes
Marguerite : itinéraire d'une free‑lance
Retisser les trames
Maintenir les opacités
III / Le rêve à l'échelle des travailleurs
8. Chez un créateur de mode
Ma rencontre avec Franck
Le début de notre collaboration
La suite du " stage "
Le départ et l'arrivée à Paris
Des projections désirables
Le jour du défilé
Démêler les émotions
9. Savoir être là. Les relations dans le travail
Shooting à Deauville
La tyrannie du cool
Les relations flexibles du travail cognitif
10. Entrer, se faire, tenir et s'en sortir dans la mode
Entrer
Se faire
Tenir
S'en sortir
La mode : quelle place pour l'exception ?
Conclusion
Élargir la maille
Ce que la mode nous apprend.
Grand Prix du livre de la mode 2019