2022-09-30 - Brigitte Bègue - ASH
Innovant méthodologiquement, son travail est exemplaire à la fois par sa manière d’être au plus près des sources, par sa capacité à éviter les généralisations et par son souci de nuancer ses analyses ; évitant le piège du livre-scoop, l’historienne nous offre une très fine histoire sociale de ces vieilles et vieux maltraités des trente glorieuses, de cette « vieillesse pauvre » évacuée de la mémoire collective. [...] La finesse des analyses qu’elle déploie, notamment par la déconstruction de la notion de discipline (sans la minorer, bien au contraire), poursuit et enrichit cette quête de savoir qu’appelait de ses vœux Philippe Ariès.
2022-10-12 - Philippe Artières - En attendant Nadeau
Derrière l’apparition, l’enrichissement puis la disparition du fichier, on peut lire l’histoire heurtée d’une institution de relégation qui, bon an mal an, emprunte le chemin de « l’humanisation » au tournant des années 1980. À travers les fiches, se dessinent aussi les contours de la déviance des vieux pauvres. L’abus d’alcool et la maladie mentale côtoient la tendance à la revendication et à l’insatisfaction, qui rompt le contrat implicite de l’assistance : docilité et gratitude contre subsistance. Le livre met ainsi en lumière les mécanismes par lesquels l’État social continue, au cœur des Trente Glorieuses, à fabriquer des indésirables.
2022-11-01 - L'Histoire
Avec beaucoup de rigueur, l’autrice dégage des traits communs - alcoolisme, violence verbale ou physique, différentes formes d’insoumission et de désobéissance, indifférence aux sanctions, etc. Mais, bien au-delà, elle donne de l'épaisseur à ces existences minuscules de vieilles personnes des classes populaires, dont le parcours, souvent fait d’épreuves et de souffrance - deux guerres, une crise, de fréquentes ruptures biographiques - les a conduites à « finir à Villers-Coterêts ».
2022-11-24 - Claude Moro - L'anticapitaliste
Voilà longtemps que l’histoire sociale a levé le voile sur des groupes traditionnellement oubliés dans les grands récits du passé. Mais les personnes âgées restaient invisibles, écartées par la recherche comme elles l’étaient dans la société, à plus forte raison pour les classes populaires prises en charge en hospice. Après une thèse consacrée à la question pour le XIXe siècle, Mathilde Rossigneux-Méheust s’est emparée d’une exceptionnelle série de documents pour proposer un portrait précis et sensible de trois cents pensionnaires fichés par une maison de retraite dans l’après-guerre. Précarité sociale, fragilité mentale, tentatives de fugue mais aussi protestations contre les mauvais traitements ressortent d’une enquête méthodologiquement exemplaire, à laquelle le scandale des Ehpad donne un puissant écho.
2022-11-25 - André Loez - Le Monde
"Incorrigible drinker", "impulsive and violent", "mentally ill", "insults staff". These are just some of the dismissive terms found in the files of residents of a retirement home in the latter half of the 20th century. Through her research, the author reveals a series of outlandish, real-life stories that chronicle the processes of social exclusion at work at the time.
Mathilde Rossigneux-Méheust is a lecturer at the University of Lyon 2. A specialist in the history of the working classes, social protection and disciplinary institutions in modern times, she is the author of Vies d'hospices. Vieillir et mourir en institution au XIXe siècle (Champ Vallon, 2018).