« Intuition pure » pour Kant, le temps est-il vraiment un objet pour les sciences sociales ? Le temps que nous connaissons, standardisé en unités précises, monnayable sur le marché du travail ou de l’assurance, est le produit socio-historique du capitalisme. Les fluctuations de la conjoncture, le rythme du travail scandent nos existences individuelles et collectives. Comme discipline et comme pratique, la science économique participe à définir ces temporalités, parce qu’elle donne des outils pour prévoir, planifier et gouverner l’avenir. De toutes les sciences humaines, elle est sans doute celle qui assume le plus son ambition prospective.
Quelles sont les spécificités du temps capitaliste, où l’injonction à la rationalisation se heurte à une incertitude irréductible ? Comment comprendre la dynamique historique du capitalisme, entre croissance et crises ? La science économique permettra-t-elle un jour à l’État de devenir « maître des horloges » ?
Ce numéro de
Regards croisés sur l’économie rassemble chercheurs et chercheuses en économie, sociologie, histoire, anthropologie, philosophie et mathématiques afin de saisir le temps vécu, le temps historique et le rapport à l’avenir à l’heure du capitalisme.