Quand on parle de la " jeunesse " aujourd'hui, on pense plus souvent aux jeunes " des quartiers " qu'à ceux de la campagne. Ces derniers, quand ils sont ouvriers, sont alors doublement invisibles, comme " ruraux " et comme " ouvriers ". Les sociologues eux-mêmes se sont peu intéressés à cette catégorie de population, pourtant nombreuse. Ce sont ces jeunes " gars du coin " que fait découvrir Nicolas Renahy dans cet ouvrage, fruit d'une enquête menée pendant dix ans dans un village de Bourgogne. Tandis que leurs pères et grands-pères avaient bénéficié de la période faste du paternalisme industriel, ces jeunes gens peinent à trouver leur place dans un contexte de plus en plus précaire. Restés au village, voués au chômage ou à une succession de petits boulots, hantés par la crainte du célibat, ils tentent de survivre socialement en se repliant sur les ressources que leur offre le seul fait d'être " du coin ".
L'auteur nous fait pénétrer dans ce monde des " gars du coin ". Il retrace leurs parcours familiaux et scolaires, et s'intéresse à leurs espaces quotidiens (l'usine, le domicile, le foot, les cafés...) et à leurs expériences intimes. Il éclaire ainsi les tentatives individuelles et collectives de maintenir une honorabilité populaire menacée et offre un portrait inédit d'une jeunesse rurale méconnue.
Nicolas Renahy est sociologue, directeur de recherche à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE). Il a publié Les Gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale (La Découverte/Poche 2010), et a notamment codirigé Le Laboratoire des sciences sociales. Histoires d'enquêtes et revisites (Raisons d'agir, 2018), Mondes ruraux et classes sociales (EHESS, 2018), et Mépris de classe. L'exercer, le ressentir, y faire face (Croquant, 2021).
" Disons-le franchement : on ne s'ennuie pas à la lecture des presque trois cent pages de ce livre de sociologie. Loin du pensum jargonnant, cette Enquête sur une jeunesse rurale s'appuie sur des histoires de vie passionnantes. "
TEMOIGNAGE CHRETIEN
" Nicolas Rénahy brosse le portrait brut mais touchant d'une jeunesse rurale méconnue. Difficile pourtant d'être à la fois juge et parti, sociologue et ami. Une posture particulière, assumée par l'auteur, qui fait la richesse du livre. C'est parce qu'il est "du coin" que Nicolas Rénahy arrive à vaincre les réticences à témoigner de ses anciens camarades et à explorer ce "déracinement"dont parlait Bourdieu, "sorte d'émigration sur place". "
ASH MAGAZINE
" De cette enquête ethnographique [...] émerge le portrait tendre et intime de cette "nouvelle classe ouvrière délocalisée", défaite et reléguée, où de jeunes prolétaires ruraux et célibataires malgré eux peuvent se transformer, du jour au lendemain, en zonards des champs. "
LE MONDE
" En nous faisant pénétrer dans leur monde, en retraçant leurs parcours familiaux et scolaires, en s'intéressant à leurs espaces quotidiens et à leurs expériences intimes, l'auteur éclaire les tentatives individuelles et collectives [des jeunes ruraux] pour maintenir une honorabilité populaire menacée, et offre un portrait inédit d'une jeunesse rurale méconnue."
LE BIEN PUBLIC
" Ce livre est passionnant [...] et il comble un vide sur la jeunesse rurale. "
LA CROIX
" Fruit d'une plongée ethnographique dans un village de Bourgogne, cette enquête donne à voir une réalité méconnue de la jeunesse d'aujourd'hui : celle de ruraux [...] sous les yeux desquels s'évanouissent les promesses de carrières professionnelles et familiales dont avaient bénéficié leurs aînés, [...] une campagne paupérisée où être du coin reste un élément fondamental dans la construction de son identité sociale. "
SCIENCES HUMAINES
" Le premier mérite de cet ouvrage si riche de témoignages, de documentation et d'analyse est d'avoir étudié des gens et des territoires dont on parle peu ou pas. "
L'HUMANITÉ
" [...] cette virée sociologique en compagnie des [gars du coin] témoigne que, à la campagne, "la précarité n'est pas tant matérielle que liée à l'isolement". Une manière savante et poignante de restituer l'honneur perdu d'une génération oubliée. "
LE MONDE DE L'ÉDUCATION
" En nous faisant pénétrer dans le monde des "gars du coin, en retraçant leurs parcours familiaux et scolaires, en s'intéressant à leurs espaces quotidiens (l'usine, le domicile, le foot, les cafés, etc.) et à leurs expériences intimes, l'auteur éclaire les tentatives individuelles et collectives pour maintenir une honorabilité populaire menacée et offre un portrait inédit d'une jeunesse rurale méconnue. "
VIENT DE PARAÎTRE
" Nicolas Rénahy s'intéresse à la jeunesse ouvrière du monde rural, souvent "silencieuse et invisible", affrontée aux mutations contemporaines. [...] Elle n'est plus le groupe homogène et stable d'hier. Les plus anciens parviennent difficilement à transmettre les valeurs de la condition ouvrière dans un contexte de crise de l'emploi. L'enquête explore les conséquences de cette recomposition sociale vécue comme une véritable épreuve, que ceux qui sont restés au village ont dû affronter. [...] Un récit passionnant pour ne cesser d'apprendre à faire ensemble la société. "
ÉTUDES
" La proximité de Nicolas Renahy avec son terrain d'enquête et les enquêtes, la posture "compréhensive" qu'il adopte à leur égard, retravaillées par la recherche de la "juste" distance, sont servis par une écriture claire et vivante. La restitution par le récit d'événements tragiques ou cocasses, les descriptions fines des enjeux des situations, des façons de percevoir le monde social, d'y agir et d'y situer, les extraits de dialogue sur le vif issus du journal d'enquête associent le lecteur à une compréhension fine et des expériences de ces jeunes situées dans un univers des possibles bousculé par les transformations structurelles qui affectent leur village et ses ressources. "
TRAVAIL, GENRE ET SOCIÉTÉS
2024-12-11 - PRESSE
Remerciements
Préface
Introduction - Métamorphose industrielle, crise de reproduction ouvrière
Une jeunesse en danger
I / Grandir dans une campagne paupérisée
1. Enfance au village
La fin d'un accès familial au monde du travail
" Les années mobylettes "
L'école primaire : " De très bons souvenirs "
Passage au collège unique
" Et pourtant, on n'était pas en ZUP... "
Dépendance maternelle : " J'étais le dernier "
Élargir l'horizon : les rencontres en formation
En quête d'adultes référents
Intermède militaire
Élargir l'horizon : le passage en ville
2. Au football : " Faire la différence "
Sociabilité villageoise et vivacité associative
Les " familles foot "
Le passage de junior à senior
Apprendre par corps
Perpétuation d'un ethos ouvrier
Un pot dans le vestiaire
Éprouver sa virilité
Une institution confrontée à l'isolement des classes populaires
II / Usines, village : la lente dissociation
3. Entrer à l'usine
Samir, ou le rêve de l'ouvrier qui " sait tout faire "
" Les vieux, ils se font manipuler "
Racisme et difficultés à assumer l'héritage parternel
" J'arrive pas à me fixer, je m'intéresse à tout "
" Un boulot comme un autre "
4. Une élite ouvrière qui s'éteint
Dirk. Un " néorural " à l'usine
L'apprentissage : savoir-faire et savoir-être
Le pouvoir ouvrier
L'organisation des tâches : hiérarchie ouvrière et égalitarisme face à la pénibilité
Le " piège " des heures supplémentaires
Prime de rendement et sentiment d'injustice
Le difficile mouvement de l'élite ouvrière
Des ouvriers sans bleus
5. Ouvrières précaires
Quand un site de production devient la " soupape " d'un groupe industriel
Un chef du personnel et ses " filles ". L'échec d'une relation hiérarchique personnalisée
L'autocontrainte d'une autochtone sortie du rang
Quitter les " gens du coin " et devenir " responsable "
Entre usine et foyer
6. Trouver une compagne... et la garder
de la maison individuelle
Vivre (dans) le provisoire : " l'appart "
Cannabis, rock et entre-soi masculin : une bohème populaire
Hervé, un célibataire qui " manque de confiance en ses capacités "
Mari ou copain ? Un couple en quête de stabilité
Fred : " il faut que j'arrive à mon vrai niveau "
Dénigrement de soi, déprime, culpabilité
7. Une occupation d'usine et ses suites. Le bouleversement de la sociabilisation politique
" Gens du château " et " gens du village "
" La CGT ? On y a tous été ! "
Les années 1970, ou la " délocalisation " de la direction d'usine
L'occupation
L'oubli nécessaire
D'une génération l'autre
Au bistrot, un jour d'élections
Positions sociales locales et " comportements électoraux "
L'univers professionnel, fondement de l'appartenance au lieu
" Être d'ici " a-t-il un sens ?
Épilogue : trente ans, en attente...
Conclusion
Une classe d'âge démobilisée
À l'écart : l'isolement croissant des classes populaires
Annexe. Une enquête ethnographique, une posture compréhensive
Avant l'enquête
L'enquête.