Que fait-on quand on entreprend ? À quelles conditions sociales, normatives ou économiques le travail entrepreneurial devient-il possible ?
Ce dossier propose d'explorer le travail entrepreneurial dans sa pluralité, en s'intéressant à celles et ceux qui l'incarnent dans des contextes sociaux, économiques et institutionnels différenciés. Les articles réunis ici interrogent les contours incertains de l'activité entrepreneuriale, ses tensions internes et les manières concrètes dont elle s'articule au travail à partir d'enquêtes menées auprès d'un public aussi varié
que les franchisé-es dans les services aux particuliers, les cartomanciennes en ligne, les patron-nes de très petites entreprises (dans les domaines de la restauration, du bâtiment et de la coiffure), les coachs en reconversion professionnelle, les entrepreneur-es de quartiers prioritaires, ou encore les entrepreneur-es islamiques.
À rebours des discours normatifs et idéalisés sur la figure entrepreneuriale, ce dossier invite à porter son attention sur les réalités concrètes du travail entrepreneurial, ses conditions sociales, ses régulations institutionnelles et ses tensions pratiques. Loin d'être univoque, l'entrepreneuriat apparaît
ici comme une activité souvent contrainte, traversée par des rapports de pouvoir, des formes de précarité, des arbitrages éthiques et des logiques de reproduction sociale.
Le numéro comprend également deux articles hors dossier. Le premier revient sur la libéralisation des marchés agricoles et la place croissante des intermédiaires, à partir du cas du lait. Le second propose une lecture critique de la quantification dans le secteur public, en interrogeant l'usage de l'indicateur de dépense publique.