Curieux et sensibles, les enfants seraient spontanément attirés par la nature, source infinie d'éveil et de découvertes. C'est oublier un peu vite les déterminants sociaux qui favorisent cette rencontre. Quelle " nature " les enfants s'approprient-ils avec leurs parents ou leurs enseignant.es ? En quoi est-elle pour eux une ressource précieuse dans les premiers apprentissages ? Comment s'en saisissent-ils concrètement ?
À partir d'une longue enquête de terrain auprès d'élèves âgés de trois à six ans et de leurs parents en région parisienne et dans une commune rurale du sud de la France, Julien Vitores montre comment les enfants se familiarisent à des usages de la nature très différenciés, selon leurs positions de classe et de genre. On comprend mieux ainsi en quoi acquérir le goût de l'effort en montagne ou le sens de l'observation en scrutant des insectes, apprendre à nommer les animaux ou les considérer comme des personnages, s'enthousiasmer pour la coupe des arbres ou vouloir les câliner peut contribuer à (re)produire des rapports au monde socialement situés.
À rebours des discours sur une nature à la portée de tous, l'auteur révèle les logiques de distinction à l'œuvre durant ces premières socialisations écologiques, dont témoignent les observations ethnographiques, mais aussi des jeux et des dessins. Sans nier l'intérêt de ces apprentissages et de la sensibilisation à l'environnement, il invite à tenir compte des inégalités sociales dès la petite enfance, afin d'envisager la nature comme un véritable bien commun au cœur d'un projet émancipateur.
2025-08-14 - Emilie Brouze - Le Nouvel Obs
Quelles visions de la nature transmettons-nous aux enfants ? Voici l'une des questions auxquelles le sociologue Julien Vitores a tâché de répondre. Il s'est pour cela rendu notamment dans trois établissements accueillant des élèves de trois à six ans. Une école catholique de l'Ouest parisien fortuné, une école publique du nord de Paris accueillant un public social très mixte et l'école d'une zone périurbaine du sud de la France. Dans ces bonnes feuilles du livre issu de sa thèse, il raconte les réactions diverses provoquées par la demande très simple faite à des enfants de 5 ans rencontrés : " Dessinez la nature. "
2025-08-21 - The Conversation
Les enfants ont un accès et un rapport très différent à la nature selon leur classe sociale, montre le sociologue Julien Vitores. Les plus privilégiés en tirent des avantages à l'école, ce qui accentue encore les inégalités. Julien Vitores nous explique comment l'inégalité d'accès à la nature, invisibilisée, influe sur les parcours scolaires.
2025-09-01 - Marie Astier - Reporterre
La découverte de la nature n'est pas innée. Elle est le fruit d'une socialisation, dès l'enfance, qui diffère en fonction des ressources et des valeurs de la famille, puis, très vite, de la position symbolique de l'enfant dans l'univers de l'école. C'est ce que démontre brillamment le sociologue Julien Vitores dans l'ouvrage. Ce travail mené sur de très jeunes enfants fait entrer le lecteur, avec bonheur, dans les classes de maternelle que le sociologue a observées. (...) Dans leurs réponses, on retrouve l'infinité de petites nuances qui forgent déjà les inégalités – et dont le système scolaire aura le plus grand mal à se défaire. Dans des sociétés urbanisées, post-Covid, où le déficit de nature est jugé grandissant, l'approche sociologique permet donc de montrer le caractère structurel du problème : avoir accès à la nature demande du temps et de l'argent. Mais apprendre aux enfants à explorer le monde implique aussi de cesser de sacraliser une nature, " pure, neutre, et extérieure aux rapports sociaux ", et d'accepter que ceux qui s'y promènent sont eux-mêmes pris dans des rapports inégalitaires. Sous peine, comme le conclut l'auteur, de " repeindre en vert un monde toujours plus inégalitaire ".
2025-09-02 - Violaine Morin - Le Monde
Un ouvrage qui met en garde contre la vision enchantée d'une nature pure et bienfaisante, objet d'une curiosité innée dès le plus jeune âge. Et appelle à repenser les pratiques pédagogiques au grand air, pour s'assurer qu'elles remplissent leurs promesses.
2025-09-13 - Marion Rousset - Télérama
Introduction
Par-delà le " contact " avec le monde
Une ou des nature(s) ?
Enquêter sur la diversité des rapports à la nature
Des socialisations à hauteur d'enfants
1. Les richesses de la nature
Dans les beaux quartiers
Le goût des grands espaces
Une nature hautement distinctive
Maîtres et possesseurs de la nature
La nature n'est pas gratuite
2. Un intérêt à cultiver
Observer la nature au quotidien
Une éducation de l'attention
La nature " à portée de main "
Sur le bout des doigts
3. Des usages populaires de la nature
Une question qui s'impose
Des usages hédonistes des parcs urbains
" On y va à la plage de Corinne ? "
La nature au bout du lotissement
Près des yeux, loin du coeur ?
Bonnes volontés culturelles et distinctions parentales
4. À l'école de la nature
" Je sais pas faire des natures "
Précieuse nature
Des naturalistes en herbe
Oiseaux, canidés, reptiles
Quand les animaux sont des personnages
Violence symbolique et hiérarchies enfantines
5. L'écologie des tout-petits
Autorité et fragilité des pâquerettes
Une civilisation des moeurs enfantines
Nettoyer la planète
Normes scolaires et mauvaises consciences écologiques
6. La nature a-t-elle un genre ?
La nature n'est pas un espace neutre
Scorpions et coccinelles
Couper les arbres comme papa, prendre soin des fleurs comme maman
Le genre des animaux
7. Variations autour d'un bestiaire enfantin
Comment s'orienter dans le monde naturel
Prendre un jeu au sérieux
Un espace des préférences enfantines
Tous les (dé)goûts sont dans la nature
Rapports sociaux, rapports aux animaux
Conclusion
Socialisations écologiques et stratégies de reproduction
En deçà de nature et culture
Vers des usages émancipateurs de la nature
Notes
Annexes
Les adultes cités dans l'ouvrage
Les enfants cités dans l'ouvrage
Remerciements.