Nicolas Bancel est historien, professeur à l'université de Lausanne, directeur du laboratoire plurisciplinaire Grissul et et vice-président du groupe de recherche Achac (Association pour la connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine). Il a co-dirigé Ruptures postcoloniales. Les nouveaux visages de la société française (La Découverte, 2010), Culture postcoloniale (Autrement, 2007), La fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial (La Découverte, 2005) et Lyon, capitale des outre-mers. Immigration des Suds & culture coloniale en Rhône-Alpes & Auvergne (La Découverte, 2007).
Dominic Thomas, directeur du département d’études françaises et francophones de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), est spécialiste des politiques d’échanges culturels entre l’Afrique et la France et des questions d’immigration et de racisme en Europe. Il a notamment publié La France noire (avec Pascal Blanchard, La Découverte, 2011) et Africa and France : Postcolonial Cultures, Migration, and Racism (Indiana University Press, 2013).
2014-09-05 - Antoine de Baecque - Le Monde des Livres
Après de nombreuses publications et communications autour des zoos humains (voir par exemple l’exposition du Musée du Quai Branly « L’invention du sauvage »), le colloque universitaire de Lausanne de 2012 intitulé « L’invention de la race », dont l’ouvrage s’inspire, souhaite analyser la genèse des conceptions scientifiques de la « race » et leurs conséquences sur les taxonomies des collections humaines, dans les musées et les exhibitions ethniques. Cet ouvrage a effectivement pour ambition d’interroger l’origine et la destinée du concept scientifique de race, né en Europe au milieu du XVIIIe siècle. Il questionne les modalités de diffusion de ce concept ainsi que son influence sur le racisme scientifique et ses effets, mais également sur sa réception dans d’autres aires culturelles non européennes (Chine, Japon, États-Unis par exemple).
2014-09-24 - liens socio
Comment est né le concept de race ? Pourquoi s’est-il imposé au XIXe siècle, dans la communauté scientifique comme dans la société ? Telles sont les questions auxquelles répond cet ouvrage collectif dirigé par trois historiens, spécialistes de la période coloniale et des migrations. Une vingtaine de contributions explorent la généalogie de la notion de race à partir du XVIIe siècle, l’internationalisation du concept et ses usages, jusqu’au XXe siècle, lors des manifestations culturelles (expositions internationales, zoos humains, musées). Parmi les contributions notables, celle de Thierry Hoquet revient sur genèse de la notion de race dans les études de médecine et de biologie, menées par trois « taxinomistes précoces » : François Bernier, Buffon et Carl von Linné. Il montre la naturalisation croissante du terme : « L’histoire du concept ferait la transition d’une approche en termes de lignages à une approche naturaliste. » On passerait d’une conception de la race comme filiation, réelle ou supposée (par exemple, la race de Caïn), à la recherche de caractéristiques physiques similaires (craniométrie). « Selon cette lecture, l’application de la “race” aux humains serait première et s’étendrait à partir de ce cas d’espèce à l’ensemble du règne animal. » Elle se déploie également au niveau international, comme en témoignent les usages savants et populaires de la notion en Europe, en Afrique ou encore, ce qui est moins connu, en Russie, en Asie et au Japon. L’ouvrage permet de comprendre la circulation des savoirs à cette époque, tout en montrant les liens entre l’anthropologie physique et les lieux d’exhibition de groupes ethniques. Les forains, notamment, auraient participé à la diffusion du discours raciste hors de l’espace scientifique en exhibant des hommes qualifiés de « sauvages » ou de « chaînons manquants ». Une imposante bibliographie permet d’approfondir le sujet.
2014-11-01 - Maud Navarre - Sciences Humaines