Théorie anti-utilitariste de l'action - Alain Caillé

Théorie anti-utilitariste de l'action
Fragments d'une sociologie générale

Alain Caillé

Qu'est-ce qui pousse les sujets sociaux à agir ? Les mobiles de nos actes sont innombrables et la littérature entière, tout l'art, tous les films ne suffiraient pas à les décrire. Les sciences sociales ou la philosophie ont besoin quant à elles de se donner des repères leur permettant de saisir les ressorts essentiels de l'action. Et ici, on touche vite aux débats centraux de ces disciplines. L'opinion, largement dominante, y est que l'action des hommes s'explique nécessairement et exclusivement par l'intérêt, qu'il soit d'ordre économique, sexuel, de conservation, de pouvoir ou de prestige.
Comme le montre Alain Caillé dans ce livre, une théorie anti-utilitariste de l'action, au contraire, s'attache à montrer que ce réductionnisme est intenable. Il laisse en définitive échapper l'essentiel de ce qui importe aux humains, car c'est précisément en s'affranchissant du cercle étroit des intérêts, sans pourtant les dénier, qu'ils deviennent des sujets. Et c'est parce qu'ils aspirent plus à être reconnus qu'à accumuler que les hommes ne sont pas réductibles à la figure de l'Homo oeconomicus. Ce qui est vrai des sujets sociaux individualisés l'est tout autant des sociétés, ces quasi-sujets collectifs structurés et rendus visibles et pensables par l'opération conjointe du politique et du religieux, dont l'auteur propose ici une conceptualisation systématique.
Dès lors, une théorie anti-utilitariste de l'action doit constituer la pièce maîtresse, la matrice de toute sociologie générale qui entreprenne de rompre avec les approches économicistes, si dominantes aujourd'hui, de l'Histoire et de la vie en société.




Version papier : 19.30 €
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Détails techniques
Collection : Textes à l'appui / Bibliothèque du M.A.U.S.S.
Parution : 12/03/2009
ISBN : 9782707157485
Nb de pages : 192
Dimensions : 13.5 * 22.0 cm

Alain Caillé

Alain Caillé

Alain Caillé, professeur émérite de sociologie à l'université Paris-Ouest-La Défense, est le fondateur et directeur de La Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales). Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont, à la Découverte, La Quête de reconnaissance. Nouveau phénomène social total (2006), Anthropologie du don. Le tiers paradigme (Poche, 2007), ou encore Théorie anti-utilitariste de l'action (2009) ; et, aux éditions Le Bord de l'eau, Pour un manifeste du convivialisme (2011).

Table des matières

Introduction
I. Vers une théorie anti-utilitariste de l'action
1. De quelques raisons de se déprendre du discours de l'intérêt.
Typologie de l'action (I)
Une axiomatique tautologique toujours trop vraie
Des axiomatiques substantialistes jamais assez vraies
La triple confusion des intérêts
Les quatre modalités de l'intérêt
Une typologie tétradimensionnelle de l'action
Les quatre pôles du don et de l'action
Leur représentation spatiale en termes de points cardinaux
Ce qu'on trouve aux alentours de chaque pôle de l'action
Premières insatisfactions typologiques
Don et action
Irréductibilité, enchevêtrement et réversibilité des quatre pôles de l'action
Leur réductibilité relative. Tout déduire à partir d'un pôle ?
Depuis le pôle de l'intérêt
Depuis le pôle de l'aimance
Depuis le pôle de l'obligation
Depuis le pôle de la liberté

2. Comment représenter et figurer l'action. Variations d'échelle et dialectisation. Typologie de l'action (II)
Nécessité et contingence des figurations graphiques
De la représentation plane à une représentation circulaire
Au-delà ou en deçà de la réciprocité
D'une représentation circulaire à une représentation sphérique
Une théorie de l'action collective
Conclusion d'étape
Quelle justification pour cette typologie tétradimensionnelle de l'action ?
De quelques emplois possibles de la théorie

3. Les ressorts de l'action (I). Intérêt pour soi, aimance, sympathie et empathie
Au coeur de l'intérêt pour soi. Égoïsme et struggle for life
Aimance, sympathie et empathie. Quelques données empiriques
Empathie et compassion
Coopération
Réciprocité, don et justice

Empathie, sympathie, imitation et réciprocité. Compléments I
Empathie, sympathie, imitation et réciprocité. Compléments II. Fragments d'analytique
L'imitation
Sympathie, antipathie et réciprocité
Réciprocité animale
Au-delà de la réciprocité, l'illimitation

L'homme est-il un animal sympathique ? L'homme Janus
Première synthèse : aimance, empathie, sympathie, amour-propre et amour de soi
4. Les ressorts de l'action (II). Obligation et liberté
De l'obligation
De la liberté-créativité
Sur le jeu et la liberté
Au-delà de l'utile et du fonctionnel
Obligation et liberté. Synthèse provisoire
5. Théorie de l'action et du sujet
Topologie de l'action. Une synthèse
Une traduction possible. Ego et les pronoms personnels
Encore une autre traduction... Les quatre échelles de la subjectivité
Où est le sujet ?
Qu'est-ce qu'un sujet ?
Du désir du sujet
Du désir de reconnaissance
Subjectivité et politique
Lutte pour la reconnaissance, don et intérêt
Conclusion
II. Du (quasi-)sujet collectif. Le politique et le religieux
6. Le politico-religieux

Premières définitions
Don, sens, reconnaissance et symbolisme
De la religion
Du sacré et de la croyance
Les deux sacrés
De la croyance

Historicité de la religion
Une définition synthétique de la religion
Incertitudes de la sécularisation
7. De l'encastrement (embeddedness) au politique. Pensée des ordres et pensée du contexte
La notion d'encastrement (embeddedness)
Séparation ou enchevêtrement des ordres ?
La pensée de l'indépendance des ordres
Thèse 1.1 : les ordres sont disjoints
Thèse 1.2 : il est bon que les ordres soient disj
oints
La pensée de la contextualité des ordres
Thèse 2.1 : il n'est pas souhaitable que les ordres soient disjoints
Thèse 2.2 : les ordres de la pratique ne sont pas disjoints

Quels contextes ?
L'insertion de l'économique dans le méta-économique
L'insertion de l'économique dans le politique 112 L'insertion de l'économique dans la culture 112 L'économique est encastré dans la socialité primaire

L'indétermination des encastrements
Complications et abstractions : l'indétermination relative des ordres et des contextes
Insuffisances de la pensée des ordres
Carl Schmitt
Le structuro-fonctionnalisme
Karl Polanyi

Insuffisances des pensées du contexte
1. Causes finales et causes efficientes
2. Le flou du concept d'embeddedness
3. L'ordre ou le désordre des ordres

8. Du politique, ou la contextualité générale
Esquisse d'une synthèse
1. Il existe des ordres
2. Il existe des contextes et des chevauchements ordonnés des ordres
3. Il existe des contextes non ordonnés des ordres (la primarité)
4. Il existe des contextes non ordonnés des contextes. Le don comme politique et le politique comme intégrale des dons

Politique, science sociale et démocratie
Le politique et la politique encore
Les amis et les ennemis, la paix et la guerre
La démocratie et la question de l'arbitraire relatif
Conclusion
Annexe I. De la quête de reconnaissance

Marcel Mauss et les deux Hegel
Une première dialectisation
Premiers paysages de la reconnaissance
Reconnaissance archaïque et traditionnelle
Reconnaissances moderne et postmoderne

Philosophie de la reconnaissance
Don, reconnaissance et démocratie. Premières hypothèses générales
Annexe II. Individualisme et holisme méthodologiques
Au-delà de la querelle ?
Trois solutions
Qu'elles sont bien des solutions, au moins partielles (motion de synthèse)
Au-delà des solutions partielles ?
Annexe III. Note sur l'idée de société
Bibliographie.