Le manque de temps est l'une des pathologies de l'homme moderne. Elle s'aggrave sans cesse dans notre monde soumis à la tyrannie de l'urgence, saturé d'écrans chronométriques et exigeant toujours plus d'efficacité, de rapidité, de calculs et d'anticipations à court terme. Quant à notre rapport au temps historique, au passé et au futur, il a été entièrement bouleversé au cours des dernières décennies. Alors que dominaient jadis la foi dans le progrès et la certitude d'un avenir meilleur, nous vivons désormais le règne sans partage du présent perpétuel. 
 Dans une langue à la fois lumineuse et érudite, cet essai intense s'efforce, en s'appuyant notamment sur l'expérience rebelle des zapatistes du Chiapas, d'identifier des modalités émergentes du rapport au temps et à l'histoire – ce dont découlent aussi quelques propositions visant à arracher le savoir historique à l'étouffement présentiste. Sans en revenir au futur de la modernité, connu d'avance et garanti par les lois de l'histoire, il s'agit – et c'est un enjeu politique majeur de notre époque – de rouvrir le futur, de faire place au désir de ce qui n'est pas encore, sans l'enfermer dans aucune forme de planification. 
 Jérôme Baschet nous invite ainsi à repenser la temporalité révolutionnaire, loin des schémas convenus d'un Grand Soir toujours remis à plus tard ou d'un enfermement dans le pur instant de l'action immédiate. Il s'agit au contraire de poser les bases qui permettent de tenir ensemble incandescence du maintenant et souci de l'à-venir, agir présent et anticipation stratégique, sens de l'urgence et nécessité de la préparation.  
 
                
 
                                            

2018-03-29 - Frédérique Roussel - Libération
Si les analyses critiques de Jérôme Baschet (ici simplifiées à l'extrême) sont lumineuses, l'historien n'entend pas nous laisser désarmés. Il s'attelle tout au long de l'ouvrage, en s'appuyant longuement sur l'expérience zapatiste au Mexique, à faire surgir des régimes d'historicités concurrents du présentisme mais qui évitent les écueils du " régime romantique ", tout entier tourné vers une idéalisation du passé.
2018-04-02 - Philippe Vion-Dury - Socialter
Le livre est traversé par une question que l'on pourrait ainsi résumer: lorsque le futur est un mur qu'aucune promesse de len demains qui chantent ne vient plus ouvrir comme une porte automatique, comment sortir de ce que les zapatistes appellent le " présent perpétuel " ?
2018-06-15 - David Zerbib - Le Monde
Son dernier livre Défaire la tyrannie du présent porte sur la manière dont nos sociétés conçoivent le passé, le présent et, surtout, le futur. Après avoir montré ce que le présentisme doit au capitalisme, il scrute les possibilités de concevoir autrement le futur, jusqu'à s'interroger sur le sens que pourrait prendre aujourd'hui la révolution.
2018-06-26 - Jean Bastien - Nonfiction.fr


Introduction
 
1. L'histoire face au présent perpétuel
 Moyen Âge/Chiapas : actualité de l'inactuel
 L'histoire, pont entre passé et futur
 Résister au présent perpétuel
 
Excursus : Mémoire et histoire dans l'expérience zapatiste 
 
2. Les futurs du présentisme
 Définitions préalables
 Rémanences du futur en régime présentiste
 De quoi est fait le présent du présentisme ?
 
3. Les passés du présentisme
 Des présents non présentistes
 Régime d'historicité et régime de temporalité
 D'un régime d'historicité à l'autre
 
4. Temporalités et historicités émergentes 
 Régimes de temporalité émergents
 Régimes d'historicité émergents
 
5. Une histoire postcapitaliste est-elle possible ? 
 Prémisses sur un changement d'époque en cours
 Écologie des savoirs et logique du double point de vue
 Une géohistoire postnaturaliste
 Un double rapport aux mondes passés
 Une histoire (vraiment) débarrassée des mythologies progressistes
 Une histoire vue d'en bas
 Échapper à l'eurocentrisme (et aux pièges de l'antieurocentrisme)
 Le comparatisme, un outil pour une anthropohistoire interculturelle
 Défaire l'alternative des structures et de l'action
 
Remarques finales
 Remerciements.