Sociologie des outils de gestion
Introduction à l'analyse sociale de l'instrumentation de gestion

Ève Chiapello, Patrick Gilbert

Nos sociétés sont de plus en plus régulées par des mécanismes qui se réclament de la gestion, et la place des outils (normes, indicateurs, tableaux de bord, systèmes d'information...) y est devenue considérable. Sortis des grandes entreprises où ils sont nés, ces outils ont gagné l'économie sociale, l'État et les organisations publiques. Le projet de ce livre est d'introduire dans l'analyse des phénomènes sociaux, organisationnels et économiques ces objets, peu visibles jusque-là malgré leur omniprésence, et de les utiliser comme des analyseurs de situations qui marquent notre époque.
Depuis les années 1990, des recherches en sociologie, science politique, psychologie sociale et sciences de gestion ont commencé à s'intéresser à ces objets, constituant une production scientifique importante, mais très éclatée. Il manquait une synthèse structurée qui permette à des étudiants, des chercheurs ou des managers d'approfondir ce champ. Ce livre permet également d'éclairer des travaux qui porteraient sur des instruments de politiques publiques.

Cet ouvrage a obtenu le prix FNEGE du meilleur ouvrage de recherche (2014).


Version papier : 23.00 €
Version numérique : 16.99 €
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Détails techniques
Collection : Grands Repères Manuels
Parutions : 05/09/2013
ISBN : 9782707151452
Nb de pages : 260
Dimensions : 13.5 * 22.0 cm
ISBN numérique : 9782348056895

Ève Chiapello

Ève Chiapello est directrice d'études à l'EHESS. Elle a été professeure à HEC Paris de 1994 à 2013. Ses travaux de recherche portent sur la sociologie de la comptabilité et des outils de gestion, ainsi que sur l'histoire du management en relation avec les mouvements sociaux critiques de l'entreprise.

Patrick Gilbert

Patrick Gilbert est professeur en sciences de gestion à l'IAE de Paris (université Paris-I Panthéon-Sorbonne). Ses travaux et ses enseignements portent sur l'instrumentation de gestion, ses modes de construction et ses effets sur les conduites et sur la performance organisationnelle.

Extraits presse

Il est des manuels qui marquent de réelles avancées dans la connaissance de certains champs du savoir en sciences humaines et sociales, notamment en termes d'enseignement et de recherche. On pense par exemple aux livres de Paul Samuelson en économie ou à ceux d'Henri Mendras en sociologie. L'ouvrage conçu ici par Eve Chiapello et Patrick Gilbert s'inscrit non seulement dans cette lignée mais va bien au-delà en proposant à la fois une synthèse des connaissances, une introduction à des domaines de recherche variés et novateurs tout en constituant un manuel traditionnel pour des cursus de sciences de gestion ou de sociologie. À la fin de l'ouvrage, le lecteur possède à la fois une vision claire de ce que peuvent impliquer les " outils de gestion " et la possibilité d'approfondir le sujet dans des directions variées.

2013-10-21 - Guillaume Arnould - Liens socio

 

Dans les organisations, et notamment l'entreprise, les outils de gestion sont partout. Tableaux de bord, fiches de poste, check-lists, indicateurs divers, ils sont conçus pour guider et aider les salariés, mais aussi pour les contrôler et les évaluer. La place centrale de ces instruments dans l'exécution de la plupart des tâches habituelles et leur rôle dans la notation et la rémunération des employés font qu'ils structurent fortement les comportements au travail. De nombreux chercheurs s'y sont intéressés et ont constaté que ces outils finissent par influencer les politiques d'entreprise et les principes de fonctionnement dont ils sont censés faciliter l'application. Les auteurs de ce livre, tous deux sociologues, ont procédé à une revue de littérature et à une mise en ordre utile des multiples approches de ce problème fondamental. Ils distinguent dix thèses, classées en trois grands groupes : celles des "études critiques en management", qui montrent que les outils sont utilisés comme des leviers d'exploitation des travailleurs ; celles des institutionnalistes, qui s'intéressent au rôle des institutions dans la conception et le développement des instruments de gestion ; et celles qui s'attachent aux interactions entre ces instruments et les individus. Pour chacune de ces dix thèses, on trouve une bibliographie et une fiche de synthèse. Les travaux des deux auteurs sont complétés par quatre études de cas réalisées par de jeunes chercheurs.

2013-11-01 - Marc Mousli - Alternatives économiques

 

Table des matières

Avant-propos et remerciements
Introduction
A / Fondements de la réflexion sur l'instrumentation de gestion
I / De la technique aux outils de gestion

Les discours spontanés de la technique
Le déni de la technique, ou l'insignifiance de l'objet - L'euphorie technophile - La réaction technophobe, ou la technique comme emprise - Faux débats et vraies impasses
Les apports de l'anthropologie
Penser la technique : le projet technologique - De l'étude de la technique à celle de ses outils - Quelques enseignements pour l'étude des outils de gestion
La gestion, comme technique immatérielle
La gestion n'est pas une technique comme les autres - Spécificité des techniques immatérielles
Qu'est-ce qu'un outil de gestion ?
À l'origine, une notion de sens commun - Décrire un outil de gestion
Conclusion
II / Approches traditionnelles des organisations et outils de gestion
Les théories rationnelles, ou la technique comme solution
L'outil de gestion dans la perspective du management scientifique - Outil de gestion et école des systèmes rationnels - Outil de gestion et école de la contingence
Les théories normatives, entre oubli et minoration de la technique
La prégnance des croyances rationnelles
Le discours rationnel prévaut malgré l'alternance des orientations théoriques - L'approche rationnelle est confortée par les consultants
Vers un débordement des approches classiques
L'approche sociotechnique - La théorie comportementale des organisations - Depuis les années 1980, un renouvellement de l'intérêt pour l'instrumentation de gestion
Conclusion
B / Trois grandes familles d'approche
III / Les approches critiques

Thèse 1. L'outil pris dans les rapports de domination
L'outil comme élément d'un système social et économique - L'outil comme légitimation des hiérarchies sociales - L'outil comme levier d'exploitation - L'outil comme résultat des rapports de forces - L'outil comme ressource dans une lutte - Fiche de synthèse (thèse 1)
Thèse 2. L'outil comme technique de discipline et de gouvernement
Les outils de gestion comme dispositifs de savoir/pouvoir - Les outils de gestion comme technique disciplinaire - Les outils de gestion comme technique de gouvernement - Les outils de gestion comme techniques de soi - Fiche de synthèse (thèse 2)
Thèse 3. L'outil aliène, déshumanise
Des approches cliniques - Critique du projet manipulatoire - La critique du technicisme et l'évacuation de la subjectivité - Fiche de synthèse (thèse 3)
IV / Les approches institutionnalistes
Thèse 4. L'outil influencé par les jeux institutionnels
Les concepts fondateurs : les institutions et l'isomorphisme à l'échelle d'un champ - De la similitude à la variété : les travaux des années 1990 et 2000 - La question de la distinction entre légitimité et efficience et le découplage - Pouvoir, conflit et institutions - La transnationalisation et la normalisation internationale - Fiche de synthèse (thèse 4)
Thèse 5. L'outil est un investissement de forme
L'approche conventionnaliste - La sociologie de la quantification et des classifications - Perspectives d'analyse pour les outils de gestion - Fiche de synthèse (thèse 5)
Thèse 6. L'outil habilite et contraint
La théorie de la structuration : quelques concepts centraux
La place des outils de gestion dans la dualité du structurel : deux visions différentes, mais des résultats empiriques complémentaires - Fiche de synthèse (thèse 6)
V / Les approches interactionnelles
Thèse 7. L'outil est un agencement humains/non-humains
La symétrie entre humains et non-humains - Le réseau et le processus de traduction - Les objets en tant qu'agencements humains/non-humains et la notion de performation - Un nouvel éclairage pour appréhender la mise en œuvre et le rôle de l'outil de gestion au sein d'une organisation
Thèse 8. L'outil n'est rien hors du système d'activité
De l'outil à l'instrument - L'activité individuelle médiatisée - Activité et travail collectif- Fiche de synthèse (thèse 8)
Thèse 9. L'outil comme être de langage
L'écrit comme outil de gestion - L'outil de gestion, comme support du sensemaking - L'outil de gestion comme texte - Fiche de synthèse (thèse 9)
Thèse 10. Les effets de l'outil sont conditionnés par les jeux d'acteurs
La relativisation du système formel - Changement plutôt que fonctionnement - Outil ou/et règles ? - Fiche de synthèse (thèse 10)
C / Études de cas
VI / Mesurer l'action publique par des indicateurs. Systèmes de valeurs et jeux de pouvoirs,
par Corine Eyraud
Logiques des acteurs et jeux de pouvoir
Quel(s) système(s) de valeurs ? Les indicateurs retenus au crible des cités
Conclusion
VII / Le poids du progiciel dans le processus d'adoption d'un projet CRM : le cas du projet Cont@ct au sein de la société Alpha, par Bénédicte Grall
Le projet Cont@ct
Le poids des inscriptions
Le poids des performances techniques
L'intéressement et l'enrôlement des alliés
Conclusion
VIII / Construire la solidarité : les dispositifs de l'action sociale ont des effets, par Carine Chemin-Bouzir
Solidarité réciprocitaire, inégalitaire et multilatérale
Le champ de l'aide sociale à l'enfance et ses instruments
Le champ de la politique familiale et ses instruments
Une utilisation des deux instruments pour engendrer de la solidarité multilatérale
Les dispositifs ont un effet sur le type de solidarité
IX / L'extension du capitalisme financier par les instruments : la réforme de la réglementation de Bâle sur le risque de crédit, par Céline Baud
La réforme de la réglementation de Bâle sur les risques de crédit
Les risques de crédit sous Bâle I - Les risques de crédit sous Bâle II : la méthode standard - Les risques de crédit sous Bâle II : la méthode des notations internes (NI)
Le choix du modèle ASRF
L'estimation des probabilités de défaut (PD)
La définition des exigences en capital
Un nouveau mode d'intervention publique
Conclusion
Conclusion
Étudier les outils de gestion : un projet d'émancipation
L'analyse sociale des outils de gestion comme contre-expertise - Une nouvelle sociotechnique
Une démarche pour un projet
Multiplier les angles d'analyse - Faire dialoguer les grilles entre elles
Revisiter les questions anciennes
Dépasser la distinction macro-micro - Renouveler la théorie des organisations - Penser les transformations du capitalisme - L'entrée par l'instrumentation comme stratégie de recherche
Annexes
Repères bibliographiques