Publié par les Éditions François Maspero en 1961, quelques semaines après la nuit sanglante du 17 au 18 octobre, Ratonnades à Paris, tout comme Les Harkis à Paris, ouvrage publié quelques mois plus tôt, fut saisi chez l'imprimeur par la police judiciaire. Cette mesure ne fut suivie d'aucune inculpation. Il n'y eut donc ni instruction ni procès. Seules quelques centaines d'exemplaires de Ratonnades à Paris purent échapper à la saisie et être distribués.
Ces enquêtes journalistiques, menées dans l'urgence, témoignent de la violence incroyable de la répression exercée à l'époque contre la communauté maghrébine à Paris, quelques mois seulement avant la fin de la guerre d'Algérie. Elles montrent ce que le pouvoir en place cherchait à occulter : les tortures et les exactions quotidiennes perpétrées par les forces de police supplétives (les harkis) du préfet Maurice Papon, le massacre de dizaines de participants à la manifestation pacifique convoquée par le FLN le 17 octobre 1961 et interdite par la police.
Depuis le début des années 1990, l'exigence d'une reconnaissance historique des événements de cette année 1961 se fait plus forte. La première réédition en 2000, dans la collection " La Découverte/Poche ", de ces textes – qui restaient introuvables depuis leur parution – avait pour vocation d'y contribuer et ils sont devenus des classiques.
" La journaliste [Paulette Péju] - travaillant à l'époque pour Libération - publie Les Harkis à Paris en juillet 1961 et Ratonnades à Paris en octobre de la même année chez l'éditeur François Maspero. Ce dernier s'exprime dans le postface et raconte comment les livres ont été saisis avant même leur brochage. Il faut donc profiter de ce qu'ils sont aujourd'hui à notre portée, pour redécouvrir une période bien sombre de l'histoire de France. [...] Paulette Péju dans Les harkis à Paris rassemble, après une introduction historico-juridique, un grand nombre de plaintes déposées par les victimes pour tortures ou meurtres accomplis par les harkis. [...] Quant à Ratonnades à Paris, il est écrit sous le choc de l'évènement. Paulette Péju y fait une revue de presse passionnante à travers laquelle on se rend compte de l'ampleur de l'abominable répression de la manifestation pacifique des algériens, le 17 octobre 1961. L'éclairage de Pierre Vidal-Naquet sur les deux textes est d'un apport nécessaire. Face au militantisme à chaud de Paulette Péju, il nous met en garde contre les généralités et apporte des références bibliographiques essentielles. "
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2024-10-04 - PRESSE
Préface, par Pierre Vidal-Naquet
Introduction, par Marcel Péju
Les harkis à Paris
Ratonnades à Paris
1. Le grand soir
2. Pourquoi ont-ils manifesté ?
3. Manifestation pacifique et répression
4. Des Algériens disparaissent
5. L'opinion française s'émeut
6. Des victimes portent plainte
Postface, par François Maspero.