La sociologie des mouvements sociaux constitue aujourd'hui un champ bien distinct des sciences sociales, à l'intersection de la science politique, de la sociologie et de l'histoire. Les turbulentes années 1960 lui ont servi de tremplin aux États-Unis en replaçant la question du conflit social au cœur de démocraties qui avaient voulu l'oublier et en offrant aux chercheurs de multiples terrains pour l'étudier in vivo. L'intérêt pour la contestation a été plus tardif et moins soutenu en Europe et l'ensemble des analyses, éclaté, reste secondaire par rapport aux écoles américaines.
Aujourd'hui pourtant, la sociologie française des mouvements sociaux possède des traits distinctifs que ce livre propose d'explorer : recours aux instruments de la sociologie critique, méfiance à l'égard des méthodes positivistes au profit de méthodes plus artisanales privilégiant le suivi approfondi de la vie du groupe protestataire et l'interrogation sur les motivations de ses membres, développement des recherches sur des univers autres qu'occidentaux, sur les mouvements dits de " sans " et l'altermondialisme, mais aussi plus récemment sur les conflits du travail et l'action syndicale, permettant ainsi le dialogue avec des disciplines proches comme celles portant sur les groupes d'intérêts ou la construction des problèmes publics.
Cet ouvrage vise ainsi à rendre compte de l'évolution de la sociologie des mouvements sociaux et de l'originalité des travaux français en offrant à la fois un regard critique sur ce champ de recherche et des pistes d'investigation sur ses angles morts comme les logiques de l'engagement individuel ou la place des émotions dans le militantisme.
Olivier Fillieule est professeur de sociologie politique, directeur de l'Institut d'études politiques et internationales (IEPI) de l'université de Lausanne, membre du Centre de recherche sur l'action politique de l'université de Lausanne (Crapul).
2001-09-05 - Alexis Vrignon - espaces Temps.net
" L'étude des formes d'action collective constitue aujourd'hui un champ à part entière des sciences sociales. Mais comme souvent, cette institutionnalisation, et la profusion de recherches qui l'a accompagnée, s'est opérée au prix d'une certaine confusion, voire d'une fermeture relative vis-à-vis d'autres disciplines. Rassemblant les chercheurs français les plus reconnus dans ce domaine, cet ouvrage - collectif, forcément - se propose de faire le point sur la boîte à outils conceptuelle disponible, sans omettre pour autant de pointer ses ambiguïtés et de s'appuyer sur des exemples de recherches concrets. L'ensemble donne un ouvrage dense, pas nécessairement accessible à tous, mais qui se révélera néanmoins indispensable aux apprentis chercheurs désireux de s'engager dans cette voie. Un thème qui, au vu du contexte social, ne semble pas en voie de tarissement. "
ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES
2024-10-11 - PRESSE
Introduction
1. Organisations et ressources, par Emmanuel Pierru
2. Contexte politique et opportunités, par Lilian Mathieu
3. Cadrages et luttes de sens, par Jean-Gabriel Contamin
4. Tombeau pour Charles Tilly
Répertoires, performances et stratégies d'action, par Olivier Fillieule
5. Diffusion et circulation des mouvements sociaux, par Isabelle Sommier
6. La transnationalisation de l'action collective, par Johanna Siméant
7. Les conséquences des mouvements sociaux, par Didier Chabanet et Marco Giugni
8. Sociologie du militantisme. Problématisations et déplacement des méthodes d'enquête, par Olivier Fillieule et Bernard Pudal
9. Les états affectifs ou la dimension affectuelle des mouvements sociaux, par Isabelle Sommier
10. " Quatre pattes oui, deux pattes, non ! " L'identité collective comme mode d'analyse des entreprises de mouvement social, par Michael Voegtli
11. Les usages protestataires du droit, par Eric Agrikoliansky
12. Médias et protestation collective, par Erik Neveu
13. Histoires de protestations, par Michel Offerlé
Bibliographie générale
Liste des auteurs