Jean-Claude Monod, docteur en philosophie, chercheur au CNRS (Archives Husserl), est l'auteur de La Querelle de la sécularisation (Vrin, 2002) et de nombreux articles de philosophie politique, principalement consacrés à Foucault, Max Weber et Carl Schmitt.
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La vie démocratique telle que nous la connaissons semble buter sur les questions fondamentales de la représentation avec l’émergence de nouvelles mobilisations politiques comme Nuit debout. Dans cette période marquée par une certaine violence, faut-il craindre une contestation insatiable ? Ou est-elle nécessaire face à l’installation d’un état d’urgence qui, au nom de la lutte contre le terrorisme, criminalise le moindre de ses adversaires ? Dans Penser l’ennemi, affronter l’exception, réédition d’un livre initialement sorti en 2007, le philosophe Jean-Claude Monod revient sur les analyses d’un des penseurs les plus controversés du XXe siècle : Carl Schmitt. Loin de balayer l’engagement du philosophe et juriste au côté du régime nazi, Monod trouve dans les théories schmitiennes sur la banalisation de l’état d’exception et sur le libéralisme économique exacerbé lié à une crise de la représentation un éclairage des défis actuels.
2016-05-28 - Philippe Douroux - Libération
Préface à l'édition 2016. Ennemi absolu, état d'urgence permanent ? Du 11 septembre au 13 novembre
Introduction
1. Un usage critique des concepts schmittiens est-il possible ?
Les usages opposés de Schmitt : une longue histoire
L'état d'exception à partir de la « tradition des opprimés » : le renversement de Walter Benjamin
Un précédent dans les lectures opposées de textes schmittiens Légalités et légitimités et les écrits de 1932µ
Une compromission radicale avec le nazisme et l'antisémitisme d'État
L'« ennemi » dans la pensée schmittienne : une constante antisémite ?
La polarité d'après guerre : consolider l'ordre libéral républicain, penser la guérilla
Guérilla et ennemi de clase : par où Schmitt séduit l'extrême gauche
Théorie politique, théorie et politique
2. La banalisation de l'exception : essence de la politique moderne ou nouvelle gouvernementalité sécuritaire ?
Principes, topologie et historique de l'état d'exception
L'intégration juridique de l'état d'exception : limitation et énumération des conditions
La banalisation de l'état d'exception dans l'histoire moderne
L'exception au présent ou le présent comme état d'exception permanent ?
Extrémismes, exception et normalité
Une nouvelle gouvernementalité sécuritaire
Une critique autodestructrice
3. La déstabilisation du droit de la guerre : vers un droit international d'exception ?
Le Nomos et la limite
La valeur politique de la limite
La fin de la Respubilca christiana, l'avènement des États souverains et la neutralisation de la guerre juste
La guerre d'anéantissement
Le grand espace impérial contre l'universalisme humanitaire : l'envers de la critique
L'antipolitique libérale au service de l'économie, et la déterritorialisation radicale
4. Le terrorisme, nouvelle figure de l'ennemi ?
Le droit des gens classique et son concept de guerre
Le combattant irrégulier, aux limites du droit
Le partisan déterritorialisé
État de droit et dispositifs de sécurité : les dangers de l'«auto-immunisation »
Conclusion.
In this essay, as much political as philosophical, Jean-Claude Monod confronts the issues raised by the study of Carl Schmitt, the 20th century’s most controversial Jurist and philosopher of Law who we now know actively supported Nazism. How should we view the political and theoretical applications of his ideas? To what extent and at what cost to us can we read him today and use him to enrich our reflection on our times?
Jean-Claude Monod holds a PhD in philosophy. He is a researcher at the CNRS (Archives Husserl), and the author of La Querelle de la sécularisation (Vrin, 2002) and several articles of political philosophy, mostly on Foucault, Max Weber and Carl Schmitt.