Depuis le début des années 2000, et en dépit du « retrait » de Gaza, la société palestinienne est exsangue. Mais la société israélienne est, elle aussi, épuisée et désorientée. Le terrorisme largement défait, rien n’est réglé des problèmes de fond de la relation israélo-palestinienne. C’est une plongée dans la société israélienne que propose cet ouvrage. À travers l’étude d’institutions telles que l’armée et le système scolaire, l’analyse des discours politiques israéliens et les controverses intellectuelles, notamment sur la construction de l’identité nationale, Sylvain Cypel met au jour les représentations mentales de cette société complexe et contradictoire. « Brutalisation » sociale, « pied-noirisation » des mentalités : l’auteur décrit une société israélienne en crise, engagée dans une impasse dont le « mur de protection » – que construit Israël en Cisjordanie – est la manifestation la plus visible. Il apparaît alors que les « emmurés » ne sont pas seulement ceux qu’on croit. Ce livre, qui combine analyses, entretiens et témoignages personnels, étude du passé et lecture du présent, offre un portrait lucide et saisissant des Israéliens, dont on ne peut pas parler sans évoquer leur « autre » : les Palestiniens. Il montre comment deux sociétés imbriquées en viennent à s’ignorer alors même que leurs destins sont inextricablement liés.
Sylvain Cypel a été directeur de la rédaction de Courrier international et rédacteur en chef au Monde. Il a couvert les premières années de la seconde Intifada et a été correspondant du Monde aux États-Unis de 2007 à 2013.
« En remontant le cours de l'histoire, Cypel montre la nature profonde de
cette société, "emmurée" volontaire derrière une représentation du monde conçue
pour l'exonérer de ses responsabilités. En se situant délibérément du côté
israélien du "mur", il montre surtout les fragilités d'un pays qui a remplacé
toute morale par la loi du plus fort. Ȭ
POLITIS
« [Cet]
ouvrage est une somme. En fait, trois livres s'y mêlent avec bonheur : c'est à
la fois une histoire d'Israël depuis 1947, une remarquable analyse de l'état
d'esprit des Israéliens aujourd'hui et une critique lucide, mais toujours
chaleureuse, de la politique israélienne à l'égard des Palestiniens. "Emmurés",
les Israéliens le sont tout autant, mais différemment, que leurs voisins des
Territoires. »
COURRIER INTERNATIONAL
« Un livre passionnant
qui nous révèle que les "emmurés" ne sont pas seulement ceux qu'on croit.
»
REGARDS
« [...] il manquait un livre qui explique la société
israélienne aujourd'hui, où domine la peur, le sentiment d'injustice et
l'incompréhension des autres, les Palestiniens. Une lacune comblée grâce à cette
excellente plongée dans un Israël qui s'est "emmuré" lui-même, comme l'affirme
l'auteur, Sylvain Cypel. »
TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN
« Le déni :
c'est la clé que Sylvain Cypel [...] donne, dans cet essai incandescent, à la
difficulté d'Israël [...] à trouver avec ses voisins une relation apaisée. [...]
Le titre désigne non seulement les Israéliens, enfermés à la fois dans des murs
de béton et dans une posture de victimes. Mais les Palestiniens aussi, coincés
dans les Territoires et prisonniers de leur image de l'adversaire. »
LE
TEMPS
« Dans Les emmurés, Sylvain Cypel [...] décrit deux
peuples dans l'impasse, unis et séparés par une commune cécité, un même déni,
une même diabolisation de l'autre. »
LIBÉRATION
« [Cet] ouvrage
est à la fois un journal issu d'un séjour de douze ans en Israël dans les années
1960-1970 et de nombreuses visites postérieures, [...] et un livre d'histoire,
un des meilleurs assurément qu'il m'ait été donné de lire sur ce pays à la fois
vieux et neuf, comme le disait Herzl dans un livre au titre
prophétique, Altneuland. »
LE MONDE DES
LIVRES
«À la différence d'autres observateurs, l'auteur
ne s'est pas contenté d'un long reportage qui aurait donné la parole aux
différents acteurs, laissant à chacun le soin de démêler les paramètres d'une
histoire très complexe. Allant à rebours d'une méthode classique, Sylvain Cypel
analyse les racines de la société israëlienne d'avant 1948. Il décrit avec
précision la première colonisation juive en Palestine, celle des années
1920. Puis entreprend une recherche détaillée des non-dits de 1948.
»
SYNDICALISME HEBDO
« Sylvain Cypel, qui nous avait déjà donné
un étonnant point de vue (de l'intérieur) des négociations échouées de Camp
David en juillet 2000 entre Yasser Arafat et Ehud Barak, effectue aujourd'hui
une analyse, en profondeur et sur le long terme, de la façon dont l'idéologie
dominante en Israël s'est, au fil du temps, élaborée. [...] il veut être un
recenseur des faits, celui qui les contextualise ponctuellement et
historiquement. C'était un pari ; il est réussi.
»
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
« Dans la plume de Cypel il y a
la vivacité du journaliste et le poids de l'historien. Il s'appuie sur les
travaux des nouveaux chercheurs israëliens. Ceux qui déshabilitent l'Histoire
officielle, faite de héros pas toujours vrais et de bons droits pas souvent
justes, pour la montrer telle qu'elle est. [...]Les Emmurés sont un
livre à mettre entre toutes les mains. D'urgence. »
PARIS
MATCH
« Le regard de Sylvain Cypel est sans aucune complaisance
et il y a fort à parier que les tenants français d'un communitarisme juif
résolument pro-israëlien auront des raisons de grincer les dents. La vérité est
à ce prix et, même si le regard de l'auteur semble bien désabusé, il apporte
tout de même une lueur d'espoir. [...] L'ouvrage de Sylvain Cypel est un constat
lucide d'une situation, en même temps qu'un très salutaire réexamen de
l'histoire du Proche-Orient. A cet égard, et même si son contenu est très
dense, on ne saurait trop en conseiller la lecture attentive pour avoir un
éclairage de très bonne tenue sur l'histoire du temps présent. »
LES
CLIONAUTES
0000-00-00 - PRESSE
Introduction - La position de l’agressé - La part du déni - Israël réel, Israël désincarné : le journaliste, l’honnêteté et l’affect - I /Mémoires, images de soi, images de l’autre - 1. Tantoura ou les débordements du refoulé - Massacre ou pas, le 23 mai 1948 ? - L’« affaire Katz » - Ce que l’« affaire » reflète de ses protagonistes - Une vieille méthode : délégitimer l’adversaire - Une réalité du passé « inadmissible » ? - La mémoire épurée de la « génération de 1948 » - 2. La « pureté des armes » ou comment éluder un « océan de mensonges » - Une version officielle : les Israéliens, « justes, absolus et uniques victimes » - Les principaux éléments constitutifs du déni initial israélien - Le passé absent de la littérature - « Les Palestiniens n’existent pas », les réfugiés non plus - David et Goliath - La « supériorité morale » sur l’adversaire - La « tzadkanout » : l’autojustification systématique - 3. Une « villa dans la jungle » ou la perception israélienne de son environnement - Le mot-clef : « Bitakhon », la sécurité - Les paradoxes institutionnels de la société israélienne - Union nationale et tendances centrifuges - La question coloniale - La « nature animalière » de l’Arabe - L’enseignement du mépris - 4. « Cette race sémite est antisémite » ou on est ce que l’on naît - Les sources de l’orientalisme israélien - L’influence ethniciste sur le mouvement national juif - Des débats très anciens toujours actuels - L’« annulation » de l’autre - 5. « Quelque chose comme une cage » ou les dilemmes de l’historien israélien - L’orientalisme israélien appliqué à l’histoire - « Il n’y a pas d’interlocteur » - Benny Morris, historien israélien déchiré entre ethnicisme et vérité historique - 6.Tom Segev contre Gideon Levy ou l’« immunisation » des élèves israéliens - Ce que peut savoir un jeune en Israël - Les avatars de l’historiographie agréée : étude d’un manuel scolaire récent - L’impossible retour à l’« ordre historique » ancien - 7. « Un État artificiel » ou la difficulté palestinienne à appréhender les Israéliens - Le rapport palestinien aux Israéliens - La « Nakba », une catastrophe, mais pas une défaite ? - II / Israéliens, Palestiniens : la tentation du pire - 8. Les « pythies muettes » ou la mue d’Israël après la « guerre des Six-Jours » - L’émergence du Bloc de la foi et son impact : l’installation dans la toute-puissance - L’installation dans la routine de l’occupation - Les rouages de la colonisation - Les paradoxes de l’occupation - 9. « Nous avons manqué une occasion extraordinaire » ou le grand gâchis des négociations de paix - Le bouleversement d’Oslo (août 1993) - Sept ans pour négocier une paix « globale et juste » - Le fiasco de Camp David - Taba, Genève : Camp David mis à nu - 10. « Les menteurs en série » ou la fabrication de l’image utile de l’ennemi - Le rouleau compresseur de l’après-Camp David - Le soulèvement palestinien et sa « conception » rétroactive - La fonction de la « hasbara », la communication - 11. « Sharon est et reste Sharon » - ou la pied-noirisation rampante d’Israël - Ariel Sharon et les Palestiniens - L’Intifada et la « matrice du contrôle » israélien - L’« algérianisation » des Israéliens - Le « lexique » de l’occupation - 12. « Le terrosime : dis à Arafat de faire cesser le non-sens » ou la faillite de l’Autorité palestinienne - Soit la « lutte armée », soit la diplomatie secrète - L’Autorité palestinienne à l’uvre - Arafat : mutisme, corruption et absence de démocratie - Le terrorisme suicidaire et aveugle - La démonisation de l’Israélien et l’antisémitisme - 13. « La brutalisation de la société israélienne » ou la radicalisation du nationalisme - Le bloc nationaliste - Pluralisme en hausse, esprit démocratique en baisse - L’université, les médias et les « traîtres » - Le rôle nouveau des militaires - Le « parti des colons » et l’évolution de la mouvance nationale-religieuse - 14. « Une logique démentielle, une forme de suicide » ou les Israéliens face à leur « faillite morale » - L’émergence du « camp moral » - Le « ventre mou » et la tentation du départ - 15. « L’intrigue souterraine de nos vies » ou la concurrence des victimes - Les Israéliens, le nazisme et la Shoah - L’appropriation de la mémoire souffrante - L’« abstractisation » de la Shoah et du nazisme - La vision de l’antisémitisme actuel - La « victimisation » palestinienne - 16. « En avant », ou la société israélienne après l'évacuation de Gaza - Un « événement préhistorique » - Les raisons du retrait - Le bilan de l'évacuation - Les colons, l'armée : vaincus et vainqueurs - L'« unilatéralisme » : l'impuissance de la puissance - La victoire du Hamas - Conclusion. La défaite salvatrice - Sortir de l'impasse - Le prix de la réconciliation - Haïm Gouri, en guise de postface - Bibliographie sélective.