2022-10-01 - Sciences et Vie
Darwin a fourni une explication de l’évolution, mais n’a jamais rendu compte des origines de la culture. Concernant l’évolution intellectuelle de l’humanité, son travail est donc resté inachevé. Kevin Laland, professeur de biologie évolutive aux Etats-Unis, reprend l’œuvre du naturaliste britannique et tente de résoudre les mystères de notre histoire. S’appuyant sur l’étude de l’apprentissage social des animaux, à la manière d’un roman policier, il fait le récit de cette faculté propre à notre humanité qui permet de sans cesse complexifier et développer notre patrimoine culturel. Il arrive à la conclusion que l’esprit humain « n’est pas façonné “pour” la culture mais véritablement “par” la culture ». Ainsi, la culture n’est pas une conséquence de l’évolution de l’humanité, mais bien sa cause. Fascinant.
2022-11-01 - Psychologies magazine
Dans cet ouvrage stimulant paru en langue anglaise en 2017, Laland s'attaque à une question fondamentale des sciences biologiques et sociales, celle de la spécificité -en termes de capacités sociales, cognitives et culturelles- de l'humain par rapport aux autres espèces. Une question à laquelle Darwin n'a pas su vraiment répondre, d'où le ressenti de "symphonie inachevée" que Laland éprouve vis-à-vis des travaux de l'auteur de L'origine des espèces. (...) Laland apporte une réponse plus subtile, qui suit une logique en parfaite résonance avec ses travaux sur la construction de niche. Pour lui, l'originalité de notre espèce peut être comprise comme le résultat d'un processus de coévolution gène/culture.
2022-12-01 - B. Corbara - Espèces
Les humains ne sont pas des animaux comme les autres. Cette affirmation est à la fois évidente et controversée. D’un côté, l’intelligence humaine paraît sans égale dans la nature ; de l’autre, cette idée semble mettre l’humanité sur un piédestal et minorer les formidables capacités d’autres espèces. En toile de fond, ce débat fait écho à l’histoire de la biologie : Charles Darwin démontre au 19e siècle que l’humanité fait partie du monde animal. Mais il s’avoue incapable de dire pourquoi les autres espèces ne parlent pas comme les humains, pourquoi elles n’inventent pas la roue ou le moteur à explosion, ne composent pas d’opéras ni de sonnets. Dans la deuxième moitié du 20e siècle, de nombreuses études réévaluent à la hausse l’intelligence de nombreux - grands singes, oiseaux, insectes..., la complexité de leur vie sociale ou encore leur aptitude à communiquer. Mais le mystère demeure, réaffirme aujourd’hui le biologiste de l’évolution Kevin Laland (…). Depuis plus de vingt-cinq ans, ce chercheur s’efforce de résoudre cette énigme afin de compléter « la symphonie inachevée de Darwin » - titre de son dernier ouvrage. La thèse qu’il défend est à la fois audacieuse et étayée : les humains ont été les acteurs de leur évolution. À la différence d’autres animaux, ils ont créé un environnement favorisant l’accumulation et la communication de connaissances, et cet environnement a entraîné en retour la sélection d’individus de plus en plus aptes à assimiler et à transmettre ce savoir. Ce cercle vertueux, survenu uniquement dans notre lignée de primates, serait à l’origine du développement exponentiel de nos facultés cognitives et de la complexité croissante de notre vie culturelle. (…)
2022-12-01 - F. Trécourt - Sciences Humaines - Le livre du mois