Féminisme, laïcité, devoir de mémoire, liberté d'expression, droit au blasphème et à la critique des religions... De ces principes incontestables, la classe politique française, le microcosme intellectuel et les grands médias font aujourd'hui un usage particulièrement retors.
Au travers de " débats " mal posés – l' " insécurité ", les " tournantes en banlieue ", le " problème du voile islamique ", la " repentance coloniale ", l'" impossibilité de critiquer l'Islam " – ils construisent un même ennemi, ou un même bouc émissaire : le jeune issu de l'immigration postcoloniale et de culture musulmane. Car c'est bien lui, au final, qui se retrouve toujours accusé de menacer la sécurité des biens et des personnes, la condition des femmes, la laïcité de l'école, la fierté nationale et " notre tradition libertaire ".
Pierre Tevanian montre en somme, citations à l'appui, que le féminisme, la laïcité, la mémoire et la liberté d'expression sont devenus, dans un nombre croissant de discours politiques et médiatiques, les métaphores d'un racisme qui ne dit pas son nom. Il montre qu'au sein même de la République se construit peu à peu une véritable
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Pierre Tevanian, professeur de philosophie au lycée Eugène Delacroix, Drancy (93), est co-animateur du Collectif Les mots sont importants (www.lmsi.net). Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont, à La Découverte, La République du mépris (2007) et La Haine de la religion (2013).
" Pierre Tévanian, professeur de philosophie, animateur du collectif Les mots sont importants et auteur du Dictionnaire de la lepénisation des esprits, creuse un sillon salutaire. En analysant la question du voile, celle du passé colonial, des caricatures publiées par Charlie et la polémique autour des propos de Robert Redeker, il met en lumière les mutations du racisme. Mutations insidieuses et pernicieuses parce qu'en empruntant les habits nobles de la laïcité, du féminisme, de la liberté d'expression, ce racisme n'en a fait, qu'une seule et unique cible: les populations issues de l'immigration, plus particulièrement les Noirs et les Arabes. Et de donner un aperçu saisissant de ce qu'est le "racisme républicain" à travers une démonstration remarquable où sans cesse, revient ce deux poids, deux mesures si symptomatique des années Sarkozy. "
L'HUMANITÉ
2024-10-11 - PRESSE
Introduction. Un racisme métaphonique - Quelques contresens - Euphémismes, allusions et métaphores - La métaphore sécuritaire et féministe - La métaphore laïque - La métaphore mémorielle - La métaphore libertaire - 1. La métaphore féministe - " Le sexisme, c'est les autres " - Sexisme d'en haut et sexisme d'en bas - Haro sur les " voilées " ! - 2. La métaphore laïque - Une laïcité religieuse - Une laïcité sécuritaire - Une logique liberticide - Une laïcité identitaire - Un racisme respectable - 3. La métaphore mémorielle - " Le passé, c'est le passé ! " - " La culpabilité n'est pas héréditaire ! " - " Laissez l'histoire aux historiens ! " - " L'analogie est trompeuse ! " - Un imaginaire colonial - Une taximonie coloniale - L'enjeu de la nomination - 4. La métaphore libertaire - Le cas Redeker - Anatonomie d'un consensus - La faute à Voltaire ? - Une indignation sélective - Conclusion - La double peine comme structure mentale - La racaille, l'islamiste, le revanchard et le censeur - Retour au réel - Annexe - Les différentes " tendances " du racisme républicain.