La destruction de Berlin
De l'explosion urbaine à Germania, 1860-1945

Stéphane Füzesséry

La croissance explosive de Berlin entre 1860 et 1910 a-t-elle favorisé la réception du nazisme ? La " décivilisation " qu'a connue l'Allemagne après 1933 est-elle née en réaction à la nouvelle civilisation urbaine apparue en plein cœur du Brandebourg au début du XXe siècle ? Pourquoi les nazis, qui n'ont pourtant cessé de clamer leur haine de la très grande ville, ont-ils voulu transformer leur capitale en une mégalopole de dix millions d'habitants ? Et dans quelle mesure la mise en œuvre de ce projet à partir de 1938 a-t-elle préfiguré la destruction de Berlin par les bombes alliées ?
Le livre tente de répondre à ces questions. Envisageant à nouveaux frais l'histoire convulsive de Berlin entre 1860 et 1945, il observe comment deux générations d'Allemands, confrontés au brutal changement d'échelle de leur capitale et aux formes inédites empruntées par la vie métropolitaine, sont parvenus à en surmonter les effets les plus déstabilisants tout en nourrissant de profonds doutes sur la viabilité à long terme de la très grande ville – une forme de peuplement en rupture complète avec la tradition urbaine allemande.
Il apporte ainsi un éclairage neuf sur la détestation nazie de Berlin et sur la manière dont, une fois au pouvoir, les dirigeants du IIIe Reich ont voulu reconstruire leur capitale. Revenant sur la genèse et la mise en œuvre de ce projet connu sous le nom de Germania, il montre que la destruction de Berlin a commencé avant les bombardements alliés et que le chantier de la mégalopole nazie – par ses besoins en main-d'œuvre et en matériaux – a participé à la fuite en avant du régime vers la guerre, entraînant en retour l'une des plus vastes campagnes de dévastation jamais entreprises contre une ville.

Version papier : 24.00 €
Version numérique : 17.99 €
Détails techniques
Collection : Sciences humaines
Parution : 21/08/2025
ISBN : 9782348087998
Nb de pages : 376
Dimensions : 15.4 * 24 cm
ISBN numérique : 9782348088001

Stéphane Füzesséry

Stéphane Füzesséry
Stéphane Füzesséry est professeur agrégé, docteur en histoire et architecte dplg. Professeur en première supérieure, il enseigne l'histoire de la ville à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles. Il a publié Le Choc des métropoles. Simmel, Kracauer, Benjamin (Éditions de l'Éclat, 2008, avec Philippe Simay) ainsi que la première édition francophone Du matériau à l'architecture de László Moholy-Nagy (Éditions de la Villette, 2016, avec Philippe Simay). Il est aussi le cofondateur de l'agence d'architecture et d'urbanisme AFL (Atelier Füzesséry Landauer).

Extraits presse

L'historien et architecte Stéphane Füzesséry raconte, dans La Destruction de Berlin, les tourments de la capitale allemande entre la fin de la République de Weimar et l'établissement du IIIᵉ Reich.

A l'aube du XXᵉ siècle, Berlin, capitale en expansion frénétique, devient un laboratoire d'angoisses urbaines. La surpopulation, les bouleversements sociaux et les ruptures culturelles ébranlent les classes populaire et moyenne. Dans " la Destruction de Berlin ", l'historien et architecte Stéphane Füzesséry souligne qu'" en provoquant l'effondrement périodique de la civilisation urbaine, ces crises ont fini par inciter une partie des classes moyennes urbaines à reporter leur voix sur le parti nazi ".

2025-08-20 - Alexandre Thuet Balaguer - Le Nouvel Obs

 

En 1945, Berlin n'était plus qu'un champ de ruines. Un constat que dresse Stéphane Füzesséry au terme d'une démonstration vivante et informée. Outre qu'elle bénéficie de sa double compétence d'urbaniste et d'historien, elle s'inspire d'une pluridisciplinarité bienvenue, en puisant dans les ressources de la sociologie, de l'anthropologie et de l'architecture, sans ne jamais céder au jargon. Bref, une plongée passionnante dans un monde que la Seconde Guerre mondiale a précipité aux abîmes.

2025-08-28 - Olivier Wieviorka - Libération

 

Table des matières

Avant-propos
Introduction

La très grande ville comme forme spatiale et sociale à la fois
Le choc allemand de la métropolisation
Non pas une, mais deux crises superposées
L'autre modernité berlinoise
Partie I. Surrection
1. La rupture d'échelle métropolitaine

Anatomie d'une explosion urbaine
Habiter et travailler
Circuler et transporter
Approvisionner et assainir
2. Le paysage d'expérience de la très grande ville
Surpeuplement, affluences de masse, congestion
Mobilités pendulaires, intensification du trafic, désordre circulatoire, accidents
Synchronisation, accélération, différenciation
Les nouveaux paysages sensoriels de la métropole
3. La crise berlinoise de la modernité allemande
Berlin, une ville étrangère à la " terre des Allemands " ?
Berlin, une ville parasite ?
Berlin, une ville pathogène ?
Berlin, une ville stérile ?
Partie II. Acclimatation
4. Les chantiers de l'acclimatation urbaine

Déconcentrer la très grande ville, ménager le citadin
Réformer l'habitat, éduquer l'habitant
Réintroduire la nature en ville, " renaturer " le citadin
Prévenir les accidents, discipliner les usagers de la rue
5. Les dialectiques de l'adaptation citadine
Réserve citadine et civilité ordinaire
Accélération et automatisation de la démarche
Éblouissement, assourdissement, vertige
La pharmacologie des loisirs métropolitains
6. Les crises de la normalisation métropolitaine
Crises, ordre et désordre public
Crises et détresse ordinaire
Crises, famine et angoisse de la famine
Crises, insécurité et incivilité
Partie III. Destruction
7. La destruction du paysage psychique de Berlin

La détestation nazie de Berlin
Heurs et malheurs du " combat pour Berlin "
La résistible ascension électorale des nazis à Berlin
Les nazis au pouvoir à l'assaut de la démocratie urbaine
8. L'impasse monumentale de l'utopie Germania
La très grande ville dans la vision nazie de l'espace
Germania, une uchronie nazie
La signification biopolitique du gigantisme
Les apories d'un chantier nazi
9. L'épreuve berlinoise de la dévastation
Une société de l'adaptation
Une société de la ségrégation
Une société de la résilience
Une société de l'effondrement
Conclusion
Remerciements.