En juillet 1987 à Corbeil-Essonnes, cité Montconseil, quatre adolescents passent un pacte d’honneur et décident de monter leur bande : elle s’appellera les « Fight boys ». Leur chef : Lamence Madzou. Pendant cinq ans, cette bande va compter près de cent membres, pour déboucher sur la constitution d’un « gang ». Ce gang, assimilé aux Zoulous par les médias, défraye alors la chronique médiatique jusqu’à la mythique « Guerre des trois ans » qui, de 1988 à 1991, voit s’affronter les bandes du nord et celles du sud pour le contrôle du centre de Paris.
Dans ce témoignage exceptionnel, Lamence Madzou raconte son parcours : depuis sa découverte de Paris, de la culture des rues, du mouvement hip-hop, de la violence et ses codes, jusqu’à sa reconversion dans le bizness (drogue, racket, trafic de voitures) puis la prison. Il revient sur son expulsion au Congo en 1997, et sa confrontation aux atrocités de la guerre civile.
Ce livre propose un regard inédit, de l’intérieur, de l’expérience des bandes, complété et mis en perspective par Marie-Hélène Bacqué. Alors que la question des bandes demeure toujours d’actualité, cet ouvrage ni complaisant ni diabolisant éclaire un phénomène social qui continue d’alimenter tous les fantasmes.
J’étais un chef de gang a reçu le prix lycéen du livre de Sciences Economiques et Sociales 2010.
Marie-Hélène Bacqué, professeure d’études urbaines à l’université Paris-Ouest-Nanterre, a codirigé plusieurs ouvrages collectifs, dont, à La Découverte, Le Quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales (avec Jean-Yves Authier et France Guérin, 2007) et Démocratie participative, histoires et généalogies (avec Yves Sintomer, 2011).
Lamence Madzou a dirigé l’une des principales bandes de l’Essonne, qui s’est ensuite déployée sur l’espace parisien. Il a contribué à plusieurs reportages dans des quartiers de banlieue.
2008-09-08 - Jacky Durand - Libération
C'est avec calme que Lamence Madzou revient sur son parcours décrit avec force détails dans J'étais un chef de gang, un livre né d'une rencontre avec la sociologue Marie-Hélène Bacqué.
2008-09-17 - Pascale Tournier - VSD
Loin de faire l'apologie de la violence, Lamence veut livrer "un message d'espoir" à l'intention des jeunes de banlieue. "Ne jamais se résigner." Il fait mouche avec son parcours de gosse de cités à la dérive, rentré finalement dans le rang. Lamence a grandi dans une cité de Montconseil. Plutôt bon élève, il aurait pu suivre une scolarité sans faille. Si ce n'était des problèmes d'argent qui l'empêchent d'apporter ses fournitures en 5e. Un professeur le prend en grippe et voilà la spirale enclenchée. La rue, un cocon familial incapable de faire face... Les ingrédients d'une dérive implacable. [...] De ses années de "voyoucratie", il ne renie rien, regrette juste la dérive des bandes, le manque d'études. Maintenant, ses aspirations sont simples: une famille, un travail. Comme tout le monde.
2008-09-17 - Agnès Vives - Le Parisien
Vingt ans après l'histoire de Lamence Madzou éclaire la situation actuelle. Alors que quatre ans de prison viennent d'être requis contre trois membres d'une bande de la Défense suite à des affrontements avec un autre groupe à la gare du Nord en août 2007, et que la tension monte entre deux cités dans le 19e arrondissement, Lamence est pessimiste.
2008-09-18 - Julien Solonel - Le Nouvel Observateur
Le livre de Lamence Madzou, J'étais un chef de gang, est passionnant. S'il nous y fait le récit d'un tas de "violences urbaines" dont il a été le responsable, c'est en le plaçant dans une histoire plus large: celle du regard porté par les médias sur la banlieue, ce regard fuyant et anxieux qui n'a guère évolué depuis.
2008-10-01 - Laurence Rémila - Technikart
J’étais un chef de gang est un témoignage exceptionnel qui nous fait voyager de l’Essonne au Congo et nous offre une plongée sans concession à l’intérieur du mouvement hip-hop, des bandes ethniques et des trafics en tout genre. Sans tomber dans la fascination pour la violence, ni dans le discours moralisateur.
2008-10-31 - Remi Raher - Non fiction
Les Fight boys ça commence comme un groupe de 4 amis, qui devient une bande et grossit au prétexte de la défense des jeunes de la banlieue sud contre ceux de la banlieue nord. Et qui finit en une vraie petite armée de 400 personnes lancées dans une guerre de conquête territoriale. Lamence Madzou était le chef de la bande, devenue un gang.
2008-11-23 - Caroline Ostermann - France inter
Avec le récit de L. Madzou, c'est à un protagoniste du monde des bandes que nous avons affaire. Son témoignage, précis et emprunt d'une lucidité parfois désarmante, rend le livre singulier et déroutant. Ne versant ni dans la complaisance ni dans le déni, il nous offre avec l'analyse de M.-H. Bacqué qui vient en complément, un regard distancié de tout discours moralisateur ou diabolisateur.
2009-02-01 - Martine Fournier - Sciences humaines
Introduction : La sociologue et le chef de bande - Récit autobiographique - 1. Un petit noir de France - Une famille africaine - Montconseil, Corbeil-Essonnes - Au ban de l’école - Première arrestation, première bagarres - 2. Premières bandes - Une identité noire - Les Fight Boys - 3. Le gang - Chef de gang -La violence et les armes - 4. Entre deux mondes - Voler, une routine - Des foyers à la prison - Une double vie - 5. La guerre des trois ans - Une incursion sur notre territoire - Châtelet, une position stratégique - Jusqu’à la Défense - L’escalade - Descente à Val de Fontenay - Contrôler Paris - Vers la fin de la guerre - 6. De la bande au bizness - Une affaire de shit - Trafic de voitures - Face à face avec la police - Un caïd dans la cité - Le racket -Le monde de l’escroquerie - Les cambriolages - 7. Tarterets, Montconseil - La chasse aux dealers - Règlements de compte - Tarterêts/Montconseil - 8. Le Congo, La guerre - Le bled - La guerre - 9. Retour d'Afrique - Trouver une place - Changer de vie, un pari difficile - Faïza - Grand frère - Une nouvelle expérience associative - Le rap, écrire - Aujourd’hui - Voyage dans le monde des bandes, par Marie-Hélène Bacqué - Qui est le nègre ? - L’histoire comme enjeu - Une enquête dans le monde des bandes - Quartiers populaires et précarisation sociale - Une cité d’habitat social - Un groupe d’adolescents - La fabrication d’une identité noire - La stigmatisation comme ciment identitaire - Des Zulus aux bandes - Le rapport au territoire - Les Fight Boys, stéréotype du « mythe » des bandes - Un épisode dans une histoire des bandes - Le « monde des bandes » - Les politiques publiques à l’épreuve - Les années 1990, réorganisation de l’intervention policière et de la justice - Une reconversion difficile - Les politiques locales : entre achat de la paix sociale et répression - Une sortie politique ? - Conclusion : vingt ans plus tard - Bibliographie.