Décentrer l'Occident
Les intellectuels postcoloniaux, chinois, indiens et arabes, et la critique de la modernité

Thomas Brisson

Comment se sont construites les pensées postcoloniales ? Quel type de critique de l'Occident produisent-elles ? Et quel universalisme alternatif proposent-elles ? C'est à répondre à ces questions, si importantes pour comprendre le monde contemporain et le décentrement en cours de l'Occident, que s'attache ce livre très original.
Bien plus qu'une simple cartographie des pensées postcoloniales, cet ouvrage propose une sociologie de leurs principaux auteurs, en montrant notamment quel fut l'effet de l'exil sur leurs travaux. Décentrer l'Occident fait ainsi l'hypothèse que l'on gagne à appréhender la pensée postcoloniale à l'aune de la notion de " déplacement " : entre deux mondes, les intellectuels postcoloniaux sont déplacés aussi bien en Occident que par rapport à leur monde d'origine. Mais c'est précisément cette position décalée qui leur permet de voir et de penser les formes du pouvoir global.
Retraçant les déplacements d'intellectuels – ceux des postcolonial studies indiennes et arabes mais aussi du nouveau confucianisme chinois – entre les anciens mondes impériaux et l'Occident, Thomas Brisson cherche ainsi à comprendre comment s'y arme la critique, entendue comme art du déplacement de ce qui va habituellement de soi.

Version papier : 22.00 €
Version numérique : 15.99 €
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Détails techniques
Collection : Sciences humaines
Parution : 30/08/2018
ISBN : 9782707197986
Nb de pages : 288
Dimensions : 13.5 * 22.0 cm
ISBN numérique : 9782348041174

Thomas Brisson

Thomas Brisson est maître de conférence au département de science politique de l'université Paris 8, chercheur au Cresppa-LabTop (CNRS paris) et chercheur associé à la Maison Franco-Japonaise (CNRS-Tokyo). Il est l'auteur de Les Intellectuels arabes en France (La Dispute, 2008).

Extraits presse

Qui a dit que les études postcoloniales se résument à une charge contre l'Occident et ses traditions intellectuelles? Dans Décentrer l'Occident, Thomas Brisson, maître de conférences en science politique à Paris 8, retrace le parcours de certains de ces penseurs arabes, indiens ou chinois, d'Edward Saïd à Ranajit Guha ou Tu Weiming, qui à partir des années 70 et 80 tenteront de bâtir, depuis les Etats-Unis, des alternatives aux savoirs théoriques européens.
Loin de la caricature, le portrait de cette galaxie intellectuelle que dresse le politologue parleau contraire d'hybridation et d'un nouvel universalisme.

2018-09-01 - Sonya Faure & Simon Bailly - Libération

 

Comment déconstruire nos cadres de pensée et les rapports de domination qu'ils charrient ? Depuis les années 1970, des universitaires – souvent nés en Inde, en Asie ou en Afrique – s'efforcent de souligner la persistance rétinienne d'imaginaires forgés au moment de la colonisation. En France, ces études dites " postcoloniales " sont longtemps restées en dessous des radars. Il faut dire que ces pensées sont complexes, peu traduites, et que l'universalisme républicain rechigne souvent à la déconstruction. Dans Décentrer l'Occident, Thomas Brisson retrace l'histoire des grandes figures des études postcoloniales, encore largement méconnues en France. Un livre, très pédagogique, qui permet de se mettre à jour et de retracer le développement de ces " studies ".

2018-09-19 - Remi Noyon - Bibliobs

 

À l'heure de la mondialisation, tous les modes de pensée qui peuvent être associés à la domination des Occidentaux sont remis en cause. C'est l'occasion d'une ratatouille conceptuelle dans laquelle on jette aussi bien le cynisme impérialiste et le racisme des colons blancs que le capitalisme financier, la modernité technique, voire l'universalisme rationaliste. S'il y a peut-être lieu de " décentrer l'Occident ", un tri s'impose si l'on ne veut pas ouvrir la porte à la violence irrationaliste. Thomas Brisson s'y livre avec les outils de la sociologie. [...] En présentant de façon détaillée les parcours suivis et les arguments avancés par des intellectuels de générations successives, Thomas Brisson fournit un matériau remarquable pour affiner la réflexion sur ce problème majeur qui, après la fin de l'ère coloniale, nous touche à notre tour très directement.

2018-09-25 - Marc Lebiez - En attendant Nadeau

 

Grâce à Thomas Brisson, on dispose de la première étude d'envergure sur les intellectuels " postcoloniaux ", indiens et arabes, de même que sur les " néoconfucéens chinois " dont les travaux ont été publiés dans les années 1970-1980 dans les grandes universités américaines. Il montre comment l'exil de ces penseurs les a conduits à construire une critique de la pensée occidentale dominante, et ce depuis le cœur de l'Occident.

2018-12-03 - Patrick Gallaud - Etudes

 

Table des matières


Introduction
Occidentalisation et critique de l'Occident
Pour une sociologie des acteurs et des critiques postcoloniaux
Déplacement géographique et déplacement théorique
Déplacement(s), circulations et lieux de la critique postcoloniale
Plan et visée de l'ouvrage
I / Le nouveau confucianisme, une modernité asiatique en Amérique
1. Aux origines du confucianisme américain

Science, politique et générations du confucianisme au XXe siècle
Effondrement et reconstruction du confucianisme à l'époque moderne
En diaspora : une génération néoconfucéenne sur les terres américaines
2. Le " retour " vers l'Asie (années 1970‑1980) : confucianisme et modernité asiatique
Modernisation et changements sociaux : confucianiser Singapour
Dragons asiatiques, confucianisme et capitalisme
3. Le débat sur les droits de l'homme : le tournant politique du nouveau confucianisme
De Tiananmen à Bangkok : droits de l'homme et fin de la guerre froide en Asie
Concilier universalité des droits humains et spécificité confucéenne
Usages critiques et alternatifs de la philosophie confucéenne
II / Un nouveau regard sur les mondes non occidentaux : intellectuels arabes et indiens aux Etats-Unis
4. Continuité et rupture de la critique arabe
Edward Said et L'Orientalisme
L'Orientalisme, un héritier de la pensée tiers‑mondiste ?
5. Les " études subalternes " indiennes et le " tournant saidien "
Une trajectoire de rupture : Ranajit Guha et la naissance des études subalternes
De Gayatri Spivak à Edward Said : vers une relecture américaine du projet subalterne
Historiographies alternatives : Partha Chatterjee, Gyan Prakash, Dipesh Chakrabarty
Conclusion.