De la génération
Enquête sur sa disparition et son remplacement par la production

Émilie Hache

Les sociétés industrielles, extractivistes et productivistes, ne manifestent aucun souci pour la reproduction de leurs conditions d'existence car elles ont oublié que la perpétuation du monde avait besoin d'être accompagnée par celles et ceux qui le composent. Mais cela a-t-il toujours été le cas ? Et quel rôle les rapports de genre ont-ils joué dans cette histoire ? L'autrice explore les manières de concevoir cette perpétuation dans différentes sociétés pré- et non industrielles, en Grèce antique, en Europe médiévale ou encore dans certaines sociétés matrilinéaires contemporaines. On découvre qu'une importance majeure y est accordée aux pratiques (re)génératives, chargées d'assurer le renouvellement de la société tout entière – travail de subsistance, reproduction des générations, liens avec les invisibles, etc.
L'avènement du christianisme et du nouveau rapport au monde qu'il a institué a tout bouleversé. Le souci de la (re)génération du monde a progressivement été remplacé par l'idée d'un monde créé une fois pour toutes, n'ayant plus besoin d'être perpétué au quotidien – la providence infinie se chargeant de tout. Est-il possible de réinventer des pratiques génératives mettant fin à notre illimitisme, de manière non coercitive et égalitaire ? Tel est l'enjeu central de cette enquête, exigeant d'en finir avec le passé que la société industrielle s'est inventé pour justifier sa course en avant effrénée.
Ce livre apporte une contribution majeure à l'écoféminisme, en retrouvant la question de la génération derrière l'identification des femmes et de la nature dans la modernité.

Version papier : 21.00 €
Version numérique : 14.99 €
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Détails techniques
Collection : Les Empêcheurs de penser en rond
Parution : 11/01/2024
ISBN : 9782359252606
Nb de pages : 312
Dimensions : 14.0 * 20.5 cm
ISBN numérique : 9782359252613

Émilie Hache

Émilie Hache
Émilie Hache est philosophe, maître de conférences à l'université de Nanterre.

Extraits presse

Dans son dernier essai, la philosophe écoféministe revient sur le concept de production, notion aux origines chrétiennes qui se serait substituée au paradigme vernaculaire de la " génération ", caractérisant notamment la Grèce antique. [...] S'il faut avoir foi dans la force probatoire de sa méthode et du cadrage historique qu'elle propose, Emilie Hache avance elle-même modestement, écrivant à la première personne et ne cachant pas ses tâtonnements. Mais l'essentiel est ailleurs, dans la puissance de la faiblesse que porte en lui le genre de l'essai : faire émerger, par des rapprochements inattendus, et parfois impromptus, une grille de lecture pour le présent. Nouant à son enquête sur la production la question écologique, féministe et coloniale, Emilie Hache dégage ici une architecture permettant de saisir pourquoi " la terre nous manque ". Ce geste délimite l'enjeu décisif : trouver un mode d'engendrement émancipateur qui fasse la paix avec Gaïa.

2024-01-12 - Youness Bousenna - Le Monde

 

L'enquête d'Émilie Hache appelle à transformer en profondeur nos manières d'habiter la Terre, à se réapproprier la dimension féminine de nos liens avec le monde vivant, à l'image du concept central de " corps-territoire" défendu par le féminisme sud-américain. Surgi des marges de la pensée politique actuelle, mais aussi du coeur de la philosophie écoféministe la plus audacieuse, l'essai d'Émilie Hache génère plein d'idées pour " affronter les bouleversements que nous avons provoqués".

2024-02-01 - Jean-Marie Durand - Les Inrockuptibles

 

Aux confins de l'écologie, du féminisme et de la théologie, " De la génération " est un ouvrage original et exigeant, qui s'inscrit dans la grande tradition des enquêtes intellectuelles de Bachelard ou de Foucault.

2024-03-07 - Eric Aeschimann - OBS

 

Dans son dernier essai, Emilie Hache arrive à la conclusion que notre monde a perdu le sens de la préservation des vivants, des arbres, des plantes comme des fleuves. Un monde qui s'est oublié dans le mirage d'une production sans limite, promesse illusoire de la création divine du christianisme. A partir de la question du genre, la philosophe rappelle l'urgente nécessité de réadopter des activités qui régénèrent la Terre.

2024-03-09 - Cécile Daumas - Libération

 

La philosophe articule enjeux agricoles, féministes et décoloniaux afin de renouer avec ce que la notion contemporaine de " production " agricole a refoulé : le féminin, les mythes et les rituels de régénération du monde, et pour ainsi dire le monde lui-même. L'ouvrage, très riche, propose des aperçus très originaux mais appelle aussi quelques interrogations.

2024-03-12 - Claire Paulian - En attendant Nadeau

 

Dans la perspective de l'éco-féminisme qu'elle a grandement contribué à faire connaître en France, Émilie Hache place au cœur de son propos ce lien historiquement construit entre les femmes et la nature pour en souligner, d'un côté, sa force et sa valeur critique à l'encontre du patriarcat, mais aussi, de l'autre, son ambivalence et le caractère problématique qui consiste à assigner aux seules femmes la génération et le lien avec la nature.

2024-03-18 - Jean-Baptiste Vuillerod - La Vie des idées

 

La philosophe Émilie Hache enquête sur la manière dont le paradigme de la " production " a effacé un rapport au monde fondé sur la notion de " génération ", qui pourrait pourtant constituer un appui face aux impasses présentes.

2024-04-01 - Joseph Confavreux - Mediapart

 

Son livre est une enquête fouillée sur la généalogie de la modernité. Je vais me risquer à résumer sa thèse, tout en vous recommandant vivement, si, comme je l'espère, mes propos vous en donnent envie, de la découvrir in extenso dans ce livre que je crois important. En gros : qu'est-ce qui a rendu possible le passage du monde de la génération à celui que nous connaissons, soit le monde de la production ? (...) Je devrais insister encore sur la richesse de l'enquête d'Émilie Hache, qui s'appuie sur une impressionnante documentation.

2024-04-08 - Franz Himmelbauer - Lundi Matin

 

Table des matières

Introduction. Sous la croûte épaisse et apparemment indéchiffrable du Sabbat
1. D'une affinité naturelle entre les femmes et la nature. Retour sur une déconstruction inachevée
Poursuivre l'enquête
S'élancer à pieds joints vers le passé
La destruction du monde genré ou " the masculine birth of time "
Déléguer aux femmes le renouvellement de la génération
2. " Nous habitons un monde qui est le souffle et les ossements de nos ancêtres "
Une autre histoire grecque
Né.e de la terre. Un nouveau mythe pour les terrestres
Quel nom pour la terre ?
Le blé des morts
Le grand mystère de la génération
3. Mystère de la création
Mystère de la création
Sa génération éternelle, sa fécondité infinie
Les portes du monde
Alma mater
Naissance d'un nouveau système de parenté
4. De l'oikonomia chrétienne à l'économie unisexe
L' oikonomia infiniment sacrée
Il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni mâle ni femelle
Le gouvernement des âmes [unisexes]
Providentialisation du monde
Gouverner la nature
Sortir du rêve d'une économie égalitairement neutre
5. La régénération comme fait cosmologique total
L'histoire imaginaire des sociétés matriarcales primitives
Des sociétés matriarcales primitives aux sociétés matriarcales
contemporaines
La régénération comme " fait cosmologique total "
L'art de ne pas être gouvernées
Réinventer des limites
6. Mythopoïèses
Le renouvellement colonial des sociétés européennes
Engendrer la nation
Changer de système de parenté
Les enfants queers de Gaïa
Un peuple parmi les peuples
La terre qui manque
Conclusion
Remerciements
Bibliographie.