Dans un pays où l'autorité, la légitimité et la place de l'État sont parfois mises en question et où de Gaulle apparaît de plus en plus comme le dernier grand champion de l'État au service du bien commun, le rapport singulier et ambivalent entretenu par le général avec les élites de la nation revêt un caractère d'actualité. S'il les juge indispensables à la vie nationale comme à l'efficacité de l'action de l'État, un des leitmotiv permanents de sa réflexion est la défaillance, voire la trahison, des élites traditionnelles et l'appel au réveil des élites, voire à l'émergence d'élites nouvelles, nécessaires au renouveau de la nation, à sa modernisation, à son avenir. Il reste que, de l'Appel du 18 juin au référendum de 1969, en passant par la guerre d'Algérie, l'histoire de la geste gaullienne et de ses rapports complexes avec les hauts fonctionnaires, les patrons, les militaires et les intellectuels se révèle riche et complexe, comme le montrent les auteurs de cet ouvrage. En continuité avec les travaux patronnés depuis quatre décennies par l'Institut, puis Fondation Charles de Gaulle, cette avancée scientifique ouvre la voie à une réflexion symétrique sur le rapport au peuple qui, dans la pensée gaullienne, figure à l'opposé des élites. Elle sera prolongée par un Cahier de la Fondation Charles de Gaulle rassemblant les réflexions des acteurs et témoins sur la relation entre de Gaulle et les grands corps et grandes institutions de l'État.
Jean-Pierre Rioux, historien, ancien inspecteur général honoraire de l'Éducation nationale
Serge Berstein, professeur émérite à l'Institut d'études politiques de Paris
Pierre Birnbaum, professeur de sociologie politique, université de Paris-I Panthéon-Sorbonne et Institut d'études politiques de Paris.
2009-03-04 - Igor Martinache - Liens socio
" Charles de Gaulle s'est toujours méfié des élites. En même temps, il en était. Issu par son père de la petite noblesse de robe, saint-cyrien, tôt mêlé à la politique, il les connaît par coeur. Il les connaît si bien qu'il les tient à distance quand il ne les méprise pas. Quitte à faire appel à elles, à leurs compétences, quand c'est nécessaire, au service de la France, son seul dessein. C'est ce rapport complexe, dialectique, du grand homme aux corps intermédiaires qu'explore De Gaulle et les élites. Fruit d'un colloque organisé en novembre 2007 à l'Assemblée nationale par la Fondation Charles-de-Gaulle, l'ouvrage cerne intelligemment le sujet. L'intransigeance altière de l'homme d'un côté. Son empreinte de l'autre, sur les années 1940 et les "trente glorieuses". "
LE MONDE
" Le grand intérêt de ce livre, composé des contributions de vingt et un universitaires, sous la houlette de Serge Berstein, Pierre Birnbaum et Jean-Pierre Rioux, est de faire le point sur les rapports difficiles, parfois utopiques, souvent conflictuels que De Gaulle a entretenus avec les élites - militaires, administratives, politiques, intellectuelles, économiques - tout au long de son parcours. De Gaulle, souvent suspecté, et pas forcement à tort, d'avoir eu une vision un peu trop verticale du fonctionnement de l'Etat, avait néanmoins une conception cohérente de la primauté à accorder à l'intérêt général. À l'heure où les questions économiques semblent tout régenter, où la crise rappelle combien l'économie financière tient peu compte de l'économie réelle, on lira avec grand intérêt, et même le sourire aux lèvres, les chapitres consacrés à la façon dont l'homme du 18 juin fustigeait les "intérêts particuliers" - expression qui dans sa bouche, traduisait une méfiance instinctive. "
TÉLÉRAMA
" L'étude plurielle, nuancée et parfaitement étayée que présente ce très solide ouvrage, offre, il faut le souligner, toutes les garanties de l'objectivité. Elle décrit fort bien la complexité de la relation difficile, faite de rancoeurs et de bouderies mais aussi d'accommodements raisonnables, qui durant un quart de siècle marqua, en arrière-plan du combat politique, le fonctionnement de l'appareil institutionnel français. "
LE BULLETIN DES LETTRES
" L'intérêt des textes rassemblés est d'éclairer et approfondir deux questions. La première tient à de Gaulle lui-même et aux rapports qu'il a voulu (et pu) entretenir avec la société française. La seconde porte sur la nature et le rôle de l'État sous la V° République gaullienne et, par différence, sur les évolutions intervenus depuis. "
L'OURS
2024-10-11 - PRESSE
Avant-propos, par Jean-Pierre Rioux
Introduction : Que faut-il entendre par élites ? par Serge Berstein
La vision des élites du général de Gaulle
L'attitude des élites face au général de Gaulle
I. Un chef sans élites ?
1. De l'élitisme selon le général de Gaulle, avant 1940, par Alain Larcan
Le milieu familial
L'armée et ses officiers, élites et élites de la nation
Troupes et coprs d'élite
Les cadres, la formation des chefs
Un idéal supérieur de dépassement
2. De l'appel de Londres au discours de Chaillot, 1940-1944, par Julian Jackson
3. Un RPF pour quelles élites ? par David Valence
4. Qu'est-ce qu'un compagnon? par Bernard Lachaise
II. Les élites d'État, réserve et ralliement
5. L'impératif des grands corps, par Marie-Christine Kessler
Une vision exigeante et globalement positive
Des décisions et des politiques correspondant à cette vision
Conclusion
6. Les élites d'Etat dans la modernisation, par Marc Olivier Baruch
La fonction la plus noble dans l'ordre temporel
Savoirs, expertise et politique : une République des fonctionnaires ?
Conclusion
7. Les élites de la Défense nationale, par Maurice Vaïsse et Patrice Buffotot
La guerre d'Algérie
L'opposition à la politique de défense
Conclusion
8. Les cadres de l'Éducation nationale et les ambitions gaulliennes de réforme pour l'école et l'université, par Bruno Poucet
L'élite administrative centrale et la réforme de l'Éducation nationale
Les recteurs, cadres intermédiaires au niveau local
Les cadres enseignants : syndalistes et pédagogues
III. L'émergence de nouvelles élites
9. De Gaulle, l'Algérie et les élites impossibles, par Jacques Frémeaux et Maria Romo-Navarrete
Les premières élections
La " troisième force " ?
L'opposition des parlementaires
Des sorties de scours ?
Suite et fin
Conclusion
10. Les élites face à la régionalisation, par Patrice Duran
De Gaulle et la région : une affaire de l'État
Concurrence des élites et conflit de légitimé
La région, une affaire de perdants
11. Les élites du savoir et de la technique, par Girolamo Ramunni
À la Libération
La solution viendra-t-elle de Caen ?
La terre promise
12. À la recherche des " forces vives ", par Alain Chatriot
Associer les forces vives à la modernisation du pays
La difficulté à représenter les forces vives et la crise finale de 1969
IV. Des élites contestataires
13. Gaullisme et anti-gaullisme des élites politiques, par Frédéric Fogacci
L'héritage de la IVe République
Les faux-semblants des années 1958-1962
La logique oppositionnelle
14. De Gaulle et les intellectuels : histoire d'un différend, par François Chaubet
Incompréhension
Légèreté
Décadents
Dénégation
Confrontation
15. " Les féodalités " : " intérêts particuliers ", intérêt général, intérêt national, par Michel Margairaz
Les fondements d'une ligne de conduite forgée à travers la défaite de 1940
La monnaie, les finance et le Plan, instruments de lutte contre les " intérêts particuliers "
Les difficultés à opérer " une brèche dans le mur qui sépare les classes "
16. De Gaulle et les élites économiques, par Jean Garrigues
Résister aux féodalités
Porte-parole des " doctrinaires " ou " agent du grand capital " ?
Les " lubies " du Général
17. 1968-1969, une nouvelle trahison des élites ? par Serge Berstein
Les élites face à de Gaulle à la fin des années 1960
La crise de confiance des années 1967-1969
Avril 1969 : une victoire des élites contre de Gaulle ?
D'hier à aujourd'hui, la remise en question de l'État fort ? par Pierre Birnbaum
Aperçus bibliographiques
Les auteurs
Index.