Prix François Sommer 2016
Grégory Quenet est historien, membre de l’Institut universitaire de France et professeur d’histoire de l’environnement à l’université de Versailles-Saint-Quentin. Il a notamment publiéLes Tremblements de terre en France aux XVIIe et XVIIIe (Champ Vallon, 2005) et Qu'est-ce que l'histoire environnementale ? (Champ Vallon, 2014)
2015-02-06 - Thierry Michel - La Marne agricole
Versailles serait-il une anticipation des problèmes écologiques auxquels doivent faire face aujourd’hui les sociétés contemporaines ? C’est l’intuition de Grégory Quenet, l’un des promoteurs en France de l’histoire environnementale. Il s’intéresse à l’histoire naturelle du château de Versailles et de son parc jusqu’à la Révolution française, c’est-à-dire qu’il s’efforce de comprendre les relations difficiles entretenues par la construction royale avec son cadre naturel. Car Versailles constitue à partir des années 1680 une implantation artificielle, à la population surabondante et grande consommatrice de ressources, dans un contexte naturel pourtant défavorable.
2015-02-12 - Jean-Yves Grenier - Libération
Les monuments sont habités. Tels étaient le titre, et la thèse, d’un ouvrage dirigé par Daniel Fabre et Anna Iuso dont la publication répondait à la montée en puissance des problématiques patrimoniales et mémorielles, symptomatiques du basculement de ce qu’on a pu qualifier d’« ère de la commémoration ». À sa manière, en s’intéressant au territoire de Versailles, c’est-à-dire au château et à son domaine mais aussi à la ville éponyme, Grégory Quenet radicalise cette thèse et affirme en quelque sorte que les monuments sont vivants.
2015-02-13 - Sébastien Zerilli - Liens socio
A Versailles, il y a certes le château mais aussi un magnifique parc. C'est à cette (re)découverte que l'historien Grégory Quenet nous convie. Entre réseau hydraulique "pharaonique" et parties de chasse du roi, la nature reprend ses droits et sa liberté. Des animaux s'échappent, d'autres, dits nuisibles, colonisent les espaces, des paysans volent du bois. Passionnant et érudit.
2015-02-19 - La Vie
Si Versailles vous était conté par Grégory Quenet, ça commencerait par des histoires de chasse et de reproduction de gibier. Et c’est en effet le sujet des premières pages de son nouvel ouvrage, Versailles, une histoire naturelle. Après s’être intéressé aux séismes (Les Tremblements de terre aux XVIIe et XVIIIe siècles. La naissance d’un risque, Champ Vallon, 2005) et avoir défriché théoriquement le champ de l’histoire environnementale (avec notamment Introduction à l’histoire environnementale, La Découverte, 2014), le jeune historien propose d’envisager sous un angle inédit le rêve versaillais. Plutôt que d’y voir un vaste programme de démonstration de la puissance monarchique imposée à une nature qui n’en peut mais, plutôt que de rejouer la partition bien connue d’une culture française subjuguant le monde végétal et animal à son désir de maîtrise, il montre au contraire la faiblesse de ces lectures. Et il le fait en commençant justement par porter l’attention sur ce « terrain giboyeux » qui séduisit Henri IV, avant que Louis XIII et Louis XIV ne vinssent y chasser. Car Versailles n'a pu devenir le symbole de la domination de l'homme qu'au prix d'un effacement, celui d'une dynamique propre au monde naturel, entre prolifération et rébellion, qui s'est pourtant constamment fait sentir. Ecrire une "histoire naturelle" de Versailles, ce n'est pas, pour Grégory Quenet, suivre crayons à la main les jardins tirés au cordeau, retranscrire les angles d'une perspective ou les techniques de pompes ou de rigoles, ce n'est pas même chercher des "interactions" entre l'homme et la nature, c'est montrer que la nature y fut partie prenante, politiquement et socialement. Elles ont infléchi le cours de l'histoire des hommes autant que les hommes ont infléchi le cours naturel des choses. [...] Certes le chemin à suivre pour cette histoire environnementale est exigeant, mettant le chercheur aux prises avec de nouvelles sources, autres qu'imprimées. Mais il aboutit ici à un ouvrage original et buissonnant - à l'image de son objet, difficile à saisir et parfois épineux. Grand est néanmoins son intérêt, pour son ambition de repenser, dans le sillage des travaux du philosophe Bruno Latour ou de l'anthropologue Philippe Descola, "la matérialité des formes sociales" ou, pour le dire autrement, dans sa tentative de "relativiser l'extériorité de la nature par rapport au social". L'environnement n'est pas une question naturelle, pas seulement.
2015-02-20 - Julie Clarini - Le Monde des Livres
Le programme de recherche entamé par Grégory Quenet avec cet ouvrage a l'ambition de dépasser les questionnements désormais un peu routinisés sur les partages nature/culture. En explorant le territoire de Versailles sous l'angle des accommodements, des partages, des reconfigurations juridiques, techniques ou sociales, il s'agit de donner à voir une histoire environnementale qui ne pose pas la question de la nature comme un supplément d'âme dans l’enquête historique, mais de considérer au contraire comme essentielles les intrications des rapports entre l'homme et l'environnement, comme un complexe déjà-là qu'il convient de caractériser selon les différentes époques considérées.
2016-03-24 - Jérôme Lamy - Les Cahiers d'histoire
Versailles, considered to be one of the most beautiful achievements of French art, a clearly-stated place of power and a knowledgably analysed object, has become France itself: history built into a palace and its gardens. Actually, part of this place, animal, organic and living, disappeared forever after 1789. This is the story told in an original book, undermining the official history of the relationship between power and nature in France.
Grégory Quenet is an historian, member of the Institut universitaire de France and a professor of environmental history at the University of Versailles-Saint-Quentin. He previously published Les tremblements de terre en France aux xviie et xviiie siècles and Qu’est-ce que l’histoire environnementale ? (Champ Vallon).