On connaît bien les violences et les destructions qui ont accompagné deux siècles de colonisation. Mais qu'est-ce qui a rendu possible le colonialisme ? Quelles transformations économiques, sociales et psychologiques ont-elles été nécessaires, ici en Europe, pour qu'un colonialiste heureux et fier de son œuvre apparaisse ?
L'auteur multiplie les récits pleins d'humour ou effrayants qui montrent comment il a d'abord fallu décerveler, priver de capacité de réaction, du pouvoir d'imaginer et d'agir collectivement les populations européennes pour qu'elles acceptent et même tirent gloire du colonialisme. Le malheur des uns a rendu possible celui des autres.
Est-il possible aujourd'hui de sortir enfin complètement du colonialisme ? Que devons-nous réapprendre pour cela ? L'auteur montre le chemin que nous devons parcourir pour inventer un nouveau monde commun.
Jérémie Piolat est philosophe. Il est l'auteur de plusieurs films documentaires.
Empêcher de penser en rond et de se fourvoyer dans un système de pensée malsain, tel semble être l'objectif de Jérémie Piolat, philosophe n'hésitant pas à poser les questions qui dérangent - notamment celle de la profonde méconnaissance des Occidentaux, les Français par exemple, à l'égard de leurs anciennes colonies. Un vide sidéral qui les laisse extérieurs à la richesse culturelle des pays "en développement", ceux que l'on qualifiait encore il y a peu de "sous-développés", donc primaires, sans culture(s). L'amalgame est vite fait. Il est plus facile, y compris pour les éducateurs, de montrer aux migrants la paille qu'ils ont dans l'oeil que de voir la poutre de leur propre acculturation. Si l'on considère que la colonisation est le problème de tous, alors il appartient à chacun, écrit l'auteur, de percevoir ce qui le rend si indifférent au monde proche ou lointain dans lequel il vit.
2011-11-01 - Marie-Christine Simonet - Le Français dans le monde
Ce petit livre pose la question très pertinente de ce qui a bien pu arriver aux peuples de l'Europe de l'Ouest pour qu'ils soient à la fois coupés de leur propre culture populaire, et convaincus que leur culture est la meilleure au point de l'imposer aux autres, toujours, dans ce que l'on appelle la néo-colonisation. Il fait référence à la thèse de la " sorcellerie capitaliste " de Philippe Pignarre et Isabel Stengers. Sa réflexion s'appuie sur Aimé Césaire qui écrivait déjà dans le Discours sur le colonialisme qu'est colonisé tout humain qui est dominé par un autre, et ce quelle que soit la couleur de sa peau. Il développe avec pertinence le malheur de l'Européen auquel l'Histoire a volé son propre corps au point de le qualifier de " blanc ", sans couleur. Que nous est-il arrivé pour que nous pensions être ceux qui doivent et peuvent donner sans recevoir ? Toute l'oeuvre de William Faulkner interroge le malheur de celui qui a " esclavagisé " l'autre. Léonora Miano pose la question de la culpabilité du " blanc " et son " sanglot " ! Ce livre est dans cette perspective.
2012-01-01 - Véronique Petetin - Etudes
Ce livre explore le colonialisme invisible qui imprègne nos mentalités et nos comportements. Partant notamment de son expérience d'enseignement du français aux migrant-e-s, l'auteur pourfend un certain nombre de clichés racistes pour montrer en quoi les Occidentaux sont de vrais barbares qui s'ignorent. [...] Un livre étonnant et passionnant, rempli d'anecdotes édifiantes.
2012-02-01 - Silence
1. Des corps analphabètes
2. La danse des canards
3. De la légendaire facilité de l'instrument africain
4. La danse du singe
5. Corps perdus
6. Héroïque !
7. La rançon de la supériorité
8. Blanc ou jaune ?
9. La communauté des gagnants
10. Les mythes
11. Le petit-fils de mineur parlera-t-il la langue des maîtres ?
12. Comme avec des enfants
13. Le français paniqué
14. L'écrit policier
15. Créole immigré ou le maquis linguistique
16. Mon pays me manque
17. À quoi êtes-vous attachés ?
18. Que nous est-il arrivé ?
19. Le grand bouleversement
20. L'exportation du " temps des bûchers "