2015-05-01 - Philosophie magazine
S’il est rare de voir une philosophe et un agronome écrire ensemble sur les enjeux conceptuels et politiques de la crise écologique, il est plus précieux encore de voir cette conversation se développer au fil d’une vie et d’un engagement communs. Dans Du bon usage de la nature. Pour une philosophie de l’environnement (Aubier, 1997), Catherine et Raphaël Larrère argumentaient pour une protection de la nature qui ne l’oppose pas à la technique mais prenne en compte les développements des sciences modernes. Presque vingt ans plus tard, dans un contexte de globalisation des questions environnementales, ils actualisent cette thèse en la modifiant. L’opposition entre le naturel et l’artificiel est aujourd’hui au cœur de travaux anthropologiques qui montrent à quel point elle est spécifique aux sociétés occidentales, notamment ceux de Philippe Descola ou Bruno Latour .Si la plupart des sociétés ne conçoivent pas une nature séparée de l’action humaine mais plutôt un ensemble d’êtres avec lesquels les hommes sont en relation, en quoi la diversité des façons d’habiter le monde peut-elle orienter nos débats écologiques les plus urgents ? Pour répondre à cette question, Catherine et Raphaël Larrère choisissent la forme de l’« enquête philosophique », c’est-à-dire d’une clarification des concepts les plus discutés en philosophie de l’environnement en lien avec les pratiques écologiques contemporaines. […] Nul doute qu’un tel ouvrage, à la fois clair, informé et engagé, deviendra une référence dans les débats écologiques à venir, comme l’est encore le premier livre des mêmes auteurs.
2015-07-03 - Frédéric Keck - Le Monde des livres