De 1874 à 1996, au 104 de la rue d'Aubervilliers, une véritable cathédrale industrielle a abrité le service des Pompes funèbres de la ville de Paris. C'est là, dans un des quartiers les plus populaires de la capitale, à deux pas du bassin de La Villette, que les cercueils étaient fabriqués, les corbillards aménagés, les énormes tentures noires cousues, les funérailles planifiées. C'est d'ici que les croque-morts partaient chaque matin assurer des dizaines d'enterrements. C'est tout un monde de métiers les plus divers qui s'affairaient pour aider à accompagner les parisiens dans leur ultime voyage.
Cet ouvrage, illustré de nombreux documents originaux et parfois surprenants, raconte l'histoire de la mort à Paris : ses causes, bien sûr, mais aussi la grande diversité des pratiques funéraires qui en disent long sur l'état des rapports sociaux de la capitale. Ils décrivent l'activité quotidienne des pompes funèbres, le fonctionnement de la " machine " du 104, mais aussi la vie des femmes et des hommes qui y ont travaillé, et dressent la géographie de la mort dans la capitale. Ils montrent notamment comment ce service municipal a su, tout au long de ces décennies, adapter son activité aux transformations du rapport de la société et des individus à la mort.
Bruno Bertherat, maître de conférence à l'université d'Avignon, auteur d'une thèse sur la Morgue à Paris au XIXe siècle, est spécialiste de l'histoire des pratiques funéraires à l'époque contemporaine.
Christian Chevandier, maître de conférencee à l'université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, auteur de plusieurs ouvrages sur les métiers et les milieux populaires au XXe siècle, est spécialiste de l'histoire du travail à l'époque contemporaine à l'époque contemporaine.
" Cet album est intelligemment illustré de reproductions de plans, dessins, photographies, tableaux, caricatures, costumes, réclames, gravures, coupures de presse... aux légendes précises qui apporte un complément à tous les thèmes abordés. Les choix iconographiques rappellent les grandes manifestations qui marquèrent l'histoire de la mort dans la Capitale: obsèques des présidents de la République, des grands écrivains, de Hugo à Sartre, cérémonies au Panthéon (Jaurès en 1924, Moulin et Malraux en 1964, Mitterrand en 1981), hommages aux policiers "victimes du devoir", quand la société honore ceux qui la défendent. Sans oublier les morts des bandits et assassins, de Vaillant à Mesrine, en passant par les funérailles du "parrain Zémour" en 1975, tués par la police. Où ces cérémonials contrastent avec les obsèques du clown Zavatta. Le dernier voyage résume-t-il la vie après la mort ? Chaque époque regarde la mort à sa façon. Cet album ouvre ainsi sur des réflexions sur les politiques face à la mort, comme il prolonge les travaux sur l'occupation de l'espace parisien par la gauche et la droite."
L'OURS
2024-12-13 - PRESSE
Préface, par Bertrand Delanoë - Introduction - Mourir à Paris, vivre à La Villette - Mourir à Paris - Vivre à La Villette - La mort dans Paris - La machine pompes funèbres - D'un monopole à l'autre - Le 104 jusqu'en 1914 - Le 104 entre adaptation, concurrence et déclin - Les pompes funèbres et la culture de la mort - Une culture de la mort partagée et inégalitaire - Vers un effacement de la culture de la mort ? - Travailler au 104 ( et au 138) - Travail des pompes funèbres - Carrières de travailleurs - Un monde à part ? - Passages... , par Pascal Ory - Sens d'hier - Public - Pluriel - Ouvert - Chronologie - Sources.