2017-03-02 - Tigrane Yégavian - Afrique Asie
En cette année où l’on célèbre en France l’histoire mondiale, voici un appendice des plus précieux. Goebel montre, en se situant dans le champ de l’historiographie postcoloniale et en s’en démarquant à la fois, comment l’expérience de la migration à Paris d’un certain nombre d’intellectuels et d’étudiants issus des peuples colonisés a favorisé voire généré leur engagement anti-impérialiste. C’est la fréquentation de la capitale d’un empire colonial jointe à la rencontre d’autres migrants venus de tous les empires qui aurait développé la conscience nationaliste de chacun. La thèse est limpide et solidement démontrée ; elle réintroduit dans l’histoire politique, depuis quelques années pure science politique, l’histoire sociale : pour l’auteur, la migration vers la métropole n’a pas été la simple reconduction de l’aliénation mais au contraire, dans ce face-à-face avec l’Empire, l’occasion d’une subjectivisation pour parler comme Foucault ; c’est à Paris, entre 1919 et 1939, plus que dans leur territoire que les colonisés ont pris la mesure de l’emprise, c’est là qu’ils ont construit des solidarités et des réseaux régionaux (africains, latino-américains, asiatiques), c’est encore là, dans le ventre du monstre, qu’ils sont devenus républicains et nationalistes.
2017-08-30 - Philippe Artières - En attendant Nadeau