2016-08-24 - Mathieu Dejean - Les Inrockuptibles
Dans Ma vie au poste, le journaliste Samuel Gontier rend compte de huit ans d’enquête immobile sur la télé de tous les jours. Il démonte les ressorts d’un flot quotidien à l’influence toujours pas démentie. Presque une décennie à regarder la télé, et à écrire sur la télé. Mais pas sur les documentaires multi-primés ou sur les fictions de prestige. Depuis huit ans, le journaliste de Télérama Samuel Gontier chronique le tout-venant télévisuel, les journaux télé, les chaînes d’info, la télé-réalité, les talk-shows, les émissions de divertissement… « Ça peut rendre fou », glisse-t-il. Mais c’est son boulot : presque tous les jours sur son blog, et une fois par semaine dans une chronique du magazine culturel, il rend compte de ce qu’il a vu. En osant juxtapositions étonnantes ou précisions acerbes. Une sorte de zapping écrit, et hautement instructif.
2016-08-25 - Dan Israel - Mediapart
Le journaliste Samuel Gontier observe la télévision avec son blog « Ma vie au poste », matière première d’un ouvrage décryptant le tout-venant d’un petit écran droitisé. Un manque de rigueur dans le traitement de l’info, des partis pris idéologiques affichés ouvertement, une casse du service public par le service public, des programmes bâtis sur le tout-sécuritaire censés nous faire peur, des divertissements et des talk-shows rarement innocent : tels sont les éléments que dénonce Samuel Gontier dans son ouvrage paraissant aujourd’hui : Ma vie au poste. Dans lequel il souligne encore la tyrannie de l’émotion jusque dans l’info, le culte de la performance, l’exaltation de la compétition fondée sur l’élimination, reprenant les règles du néolibéralisme.
2016-09-15 - Jean-Claude Renard - Politis
L’auteur, journaliste àTélérama, mériterait un prix du grand reportage pour son courage, sa persévérance et sa dévotion. Il a passé huit ans sur son canapé à regarder la télévision française. Huit ans. Prenez quelques secondes pour imaginer le calvaire qu’a dû vivre le type. D’autant qu’il a laissé de côté tous les contenus potentiellement intéressants, comme les films, les fictions et les documentaires, pour se concentrer sur ce que l’on appelle «les programmes de flux». C’est-à-dire les journaux télévisés, les jeux, les émissions de télé-réalité et de témoignage, les talk-shows. Huit ans à observer Jean-Pierre Pernaut, Nagui, Jean-Luc Delarue, Bernard de la Villardière, Koh-Lanta, Les Chtis à Las Vegas et Tellement vrai… Doué d’un humour concis et ravageur, Samuel Gontier prend soin d’écouter la télévision autant qu’il la regarde. C’est la grande force de son travail de retranscrire à l’écrit ce qui se dit dans les différents programmes alimentant au quotidien les grilles du petit écran. Le résultat est édifiant. Comme le résume l’auteur dans sa conclusion, «la télé scrutée dans Ma Vie au poste véhicule une idéologie (au sens, non péjoratif, de vision du monde) conservatrice, ultralibérale, servile, sexiste, xénophobe, consumériste…» et constitue toujours, selon la formule de Bourdieu, un «formidable outil de maintien de l’ordre symbolique». Un salutaire rappel à l’ordre.
2016-10-17 - Jérôme Lefilliâtre - Libération
« L’humour est la politesse du désespoir » dit l’adage. C’est peut-être parce qu’il y a le plus souvent mille raisons de désespérer devant son poste de télévision que Samuel Gonthier manie aussi bien l’ironie dans son ouvrage « Ma vie au poste. Huit ans d’enquête (immobile) sur la télé du quotidien ». Le journaliste qui tient un blog sur Télérama.fr depuis 2008 analyse à la fois les émissions « sérieuses » (les JT et autres magazines d’information), la télé réalité, les retransmissions d’événements sportifs... En somme, le tout venant des chaînes, publiques ou privées. A partir de cette exploration « en terrain connu », les lecteurs peuvent émettre un constat : jamais le mot « chaînes » n’ a été autant justifié, à tel point que l’ ORTF d’antan, si souvent brocardé, passerait presque pour le summum du pluralisme. La conclusion de Samuel Gonthier est sans appel : « même si des programmes plus subversifs subsistent, la télé scrutée dans « Ma vie au poste » véhicule une idéologie (au sens non péjoratif de « vision du monde ») conservatrice, ultralibérale, servile, sexiste, xénophobe, consumériste… Bref, vingt ans après « Sur la télévision », l’essai de Pierre Bourdieu, elle constitue toujours en 2016, un « formidable outil de maintien de l’ordre symbolique ».
2016-11-12 - Jean-François Arnichand - La Marseillaise