Liberté, égalité, carte d'identité
Les jeunes issus de l'immigration et l'appartenance nationale

Évelyne Ribert

24 mars 2005 : l'apprentissage de La Marseillaise redevient obligatoire à l'école. Deux ans auparavant était créé un " délit d'outrage au drapeau tricolore ou à l'hymne national ". Pourquoi cette soudaine crispation autour des symboles de la nation ? À cause de l'émotion suscitée par les incidents qui ont émaillé, en 2001, le match de football France-Algérie au Stade de France, au cours duquel La Marseillaise a été conspuée par des jeunes d'origine algérienne. L'affaire a fait grand bruit. Ces incidents ont été interprétés par les hommes politiques, de droite comme de gauche, et par les médias comme le signe indubitable de la crise du pacte républicain et des difficultés, voire de l'échec, du processus d'intégration. Qu'en est-il réellement ? Que représente donc l'appartenance nationale pour les jeunes issus de l'immigration ? On ne connaît guère le point de vue des intéressés. C'est la raison pour laquelle Évelyne Ribert a mené pendant plus d'un an une enquête de terrain en Île-de-France. Le livre qui en est issu, émaillé de récits d'observations et de paroles d'adolescents, donne à voir concrètement comment le choix d'une nationalité est vécu. On découvre que le lien que ces jeunes entretiennent avec la France ou avec le pays d'origine de leurs parents repose souvent sur autre chose que l'appartenance nationale, mais aussi que les attachements qui se tissent avec l'un et l'autre pays n'engendrent aucun écartèlement identitaire. Signe d'un changement d'époque ? Il semble en effet que le sentiment d'appartenance nationale s'affaiblisse au sein de la jeunesse, en France mais aussi dans les autres pays européens. L'idée que la nation soit au centre des représentations collectives se trouve ainsi sérieusement remise en cause.


Version papier : 23.50 €
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Détails techniques
Collection : Textes à l'appui / Enquêtes de terrain
Parutions : 09/03/2006
ISBN : 9782707148162
Nb de pages : 276
Dimensions : 13.5 * 22.0 cm

Évelyne Ribert

Évelyne Ribert

Évelyne Ribert, ancienne élève de l'ENS et docteur en sociologie, est chercheur au CNRS (Centre d'Études Transdisciplinaires, Sociologie, Anthropologie, Histoire)

Extraits presse

" De la Marseillaise huée en 2003 lors d'un match de football aux violences urbaines de novembre 2005, il existe bien un phénomène d'affaiblissement du sentiment d'appartenance nationale. Pour autant, les nombreux entretiens menés par l'auteur ne portent pas à décréter qu'il y aurait péril en la nation. Les identités hésitantes, problématiques ou multiples des jeunes gens interrogés ne composent pas du tout le portrait de fantasmatiques ennemis de la République, mais plutôt celui de détenteurs d'une nationalité de fait, un peu fade bien que rassurante : une "nation sans passion". "
LE MONDE DE L'ÉDUCATION

" L'analyse est percutante et éclaire les débats, au lendemain de violences urbaines et d'engouements sportifs. "
ETUDES

" Voici un sujet d'une brûlante actualité. "
PROJET

" Le premier chapitre explique en toute clarté la méthode utilisée et les difficultés rencontrées. Le reste de l'ouvrage donne largement la parole aux jeunes et met à bas bien des idées reçues. "
SCIENCES HUMAINES

" Voila qui ouvre la question des bagages identitaires de ces jeunes et notamment sur la question de la culture d'origine qu'il ne faudrait pas essentialiser, globaliser et surtout, comme l'esquisse étonnement Evelyne Ribert, aborder par ce fichu voile imposer par les seuls islamistes et qui réduit singulièrement des siècles d'histoire et de civilisations portés par des peuples et des groupes autrement divers et créatifs. "
HOMMES ET MIGRATIONS

" Evelyne Ribert, sociologue, a tenté de comprendre ce que représentait pour ces jeunes l'idée d'appartenance nationale. Son étude cible ceux nés en France de parents étrangers, qui, entre 1994 et 1998, ont dû "manifester leur volonté de devenir français". Elle constate une remise en cause générale du modèle français d'appartenance nationale. Une enquête passionnante. "
POLITIS

" À l'heure de la mise en place d'un très controversé ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, le livre d'Evelyne Ribert arrive à point nommé. En effet, les similitudes se révèlent troublantes entre les débats engagés à l'époque de la réalisation de l'enquête et des évènements plus récent de l'actualité. Ce livre permet de comprendre le gouffre existant entre la manière dont la question de l'appartenance nationale est encore posée de nos jours - la création du ministère en témoigne - et la manière dont les jeunes issus de l'immigration ressentent cette question. Soulignons donc d'emblée la singulière actualité des analyses proposées ici, malgré la relative ancienneté de l'enquête. "
AGORA

2024-12-12 - PRESSE

 

Table des matières

Remerciements - Introduction - L'affaiblissement de l'identité nationale : une crainte ancienne - Les débats des années 1980 autour du projet de réforme du code de la nationalité - La mise sur pied de la Commission de la nationalité - Le choix du " juste milieu " - Un projet de loi en partie cautionné par la " Commission des sages " - Le durcissement marqué par la réforme du 22 juillet 1993 - La loi Guigou de 1998 : un retour à l'acquisition automatique - Une mise en cause du mythique " modèle d'appartenance nationale " ? - 1. Un terrain déroutant - Déconvenue - Une difficile identification des jeunes concernés - Un sujet inintéressant - Le rôle décisif des intermédiaires - Des entretiens obtenus de haute lutte - Qui accepte l'entretien ? - Les refus - Les réponses positives - Ceux qui restèrent... - 2. Isabelle, Aïcha et Noureddine, trois façons de décider de sa nationalité - Isabelle : le rêve d'un départ en Espagne - La fin du mythe du retour ? - Un choix identitaire - La décision - Française dehors, espagnole dedans - Rester fidèle au projet parental - Citoyenne - Aïcha : des liens profonds avec la France - De la peur du reniement à la désacralisation de la nationalité - Le rejet du modèle parental - " La nationalité française : c'est venu naturellement " - Premier vote - À moitié française, à moitié marocaine - L'espoir d'une ascension sociale - Noureddine : l'habitude de vivre en France - La double nationalité pour " être en règle " - Difficile insertion socioprofessionnelle - " Mon pays, c'est la France ! " - Le service militaire et le vote - 3. Choisir sa nationalité - " Un peu forcé et contraint " - Stigmates - Difficultés et railleries - Une décision devenue banale - Ni utilitarisme ni désintéressement - Prendre ou non la nationalité du pays d'origine des parents - Double jeu - " Ce n'est pas une question de conscience " - Hors jeu - Révolte - Dénonciation des choix " obligés " - La force de l'évidence - Adhésion - 4. Dans l'attente d'un statut définitif - Des " clandestins " - Une identité juridique stable - Un statut provisoire - Français en herbe - Période probatoire - " Juste une petite carte comme les autres " ? - Des papiers ! - Des représentations résistantes - Sentiments ambivalents face aux papiers - Un seuil social - 5. D'éternels enfants d'immigrés - La prééminence de l'origine - La nationalité : quelle importance ? - Au petit jeu de la différenciation... - Vers la création de la " deuxième génération " - Sous la nationalité française, l'origine - Une reconnaissance officielle de l'origine ? - " Aussi français que les vrais Français de France " - De " faux Français " - Une identité disqualifiée - 6. Une identité plurielle - À la recherche du sentiment identitaire - Un terrain miné - Stratégie de reconnaissance et stratégies de subversion - Une identité nationale généralement sans importance - Une facette de l'identité - Absence de déchirement intérieur - Résistance aux assignations identitaires - Un " rite de dérision ", contestation du rite de passage - Une contre-culture de banlieue ? - Identification à la " cité " - Opposition entre jeunes de banlieue et jeunes des autres quartiers - Une sous-culutre de la préadolescence ? - 7. Le modèle national mis à mal - Le choix du pays de résidence - Les candidats à l'émigration - Les rêveurs - Les pragmatiques - Les enracinés - Les liens tissés avec les deux pays - Un lien patriotique - Un lien utopique - Un lien affectif - Des liens forts avec la France - Nationalité, identité, citoyenneté : des dimensions déliées - Français et d'origine étrangère - 8. Pas de péril en la nation - Liens du sang et liens du sol - Avoir une place - Le pays des parents en héritage - Prendre racine - Accaparés par la France - Renouer avec la terre des ancêtres - Transmissions ascendantes - Républicains quand même - Conclusion : Nation sans passion - Le déclin du mythique " modèle d'appartenance nationale " - Vers une possible généralisation - Des jeunes issus de l'immigration à l'image des jeunes de parents français ? - Les jeunes rencontrés - Bibliographie.