Pour qui s'intéresse à la société médiévale, la question écologique peut sembler secondaire au regard du rapport à Dieu, des formes de domination ou de l'organisation politique. Les sciences paléo-environnementales, l'archéologie moderne et les textes de l'époque suggèrent pourtant que leurs rapports à la nature sont bien l'une des grandes questions que se posent les hommes du Moyen Âge. 
 Remettant en cause le cliché d'une période de stagnation, livrée aux calamités naturelles, l'auteur montre que ces rapports n'ont cessé d'évoluer. L'évêque mérovingien, le serf d'un domaine carolingien, l'hôte d'un village neuf du XIIe siècle, le théologien du XIIIe siècle, ou le maître de forge du XVe siècle ne partagent ni la même vision ni les mêmes attentes vis-à-vis de la nature. Après l'an mille cependant, la croissance démographique, l'amélioration des moyens techniques et la redécouverte de la science grecque ont peu à peu fait basculer l'Occident dans un nouveau paradigme. La maîtrise du monde sensible devient un but collectif légitime et réalisable. La nature est alors fortement mise à contribution. Ainsi, si l'ouvrage couvre le millénaire médiéval, le cœur de l'enquête reste le grand développement des XIe, XIIe et XIIIe siècles, moment crucial de l'" invention de la nature ", gardienne de la Création et de ses lois, et d'une prise de conscience écologique qui n'en a pas encore le nom.  
                

2017-06-06 - Florian Besson - Lectures
Fabrice Mouthon dresse dans son livre Le Sourire de Prométhée un passionnant bilan écologique du Moyen Âge, d'autant plus pertinent que, grâce aux progrès récents de l'archéologie moderne et des sciences paléo-environnementales les " archives naturelles " sont de plus en plus riches. L'historien montre en particulier comment à partir du XIe siècle s'enclenche une impressionnante dialectique entre croissance de la population urbanisation et grands défrichements. La conséquence en est une trajectoire de croissance qui surexploite les milieux locaux et provoque pour la première fois une éclosion d'origine humaine supérieure à l'érosion naturelle " Faudrait-il dater de cette époque, et non du XIXe siècle le début de l'anthropocène ? "
2017-08-24 - Jean-Yves Grenier - Libération
Les hommes du Moyen Âge étaient ils trop nombreux en Europe ? Sont ils à l'origine de la crise écologique actuelle ? C'est – entre autres – à ces questions que l'auteur, maître de conférences à l'université de Savoie, se propose de répondre, en se concentrant non sur les discours théoriques mais sur les interactions concrètes entre les hommes et leurs milieux. Fabrice Mouthon en fait ressortir la complexité et l'évolution, loin de l'image traditionnelle d'une harmonie spontanée entre l'homme et les éléments.
2017-08-31 - L'Histoire
Contre l'idée d'une humanité demi-sauvage, vivant dans la crainte d'une nature inconnue et menaçante, se dessine, au moins entre le XIIe et le XIVe siècle, l'image d'une civilisation dynamique, inventive et en croissance sur bien des plans. De nombreuses inventions (l'usage du cheval de trait, la généralisation des moulins) ont des causes pratiques. L'auteur s'arrête surtout à l'agriculture, du champ (cultivé) à la forêt (sauvage). Il invite à ne pas surestimer les représentations idéologiques qui sont plutôt celles des élites. Mais l'intérêt pour les techniques ne peut pas totalement ignorer leur influence. La théologie médiévale conçoit une nature distincte de l'homme et exploitable par lui. L'auteur montre bien les menaces qui pèsent sur la nature dès le XIIIe siècle (réduction de la biodiversité, etc.). Cet ouvrage très bien documenté donne une profondeur de champ à nos débats actuels, en les replaçant dans la longue durée.
2017-09-04 - François Euvé - Etudes

Introduction 
 I / De la place de l'homme dans la nature
 
1. Dieu ne transforme pas les arbres en vaches !
 L'âge des mythes 
 Le temps des saints (Ve-Xe siècle) 
 Rendre Nature meilleure (XIe-XIIIe siècle) 
 Le temps des malheurs (XIVe-XVe siècle) 
 
2. La fée Mélusine et le mont Inaccessible
 La résistible christianisation du monde sauvage 
 
Mirabilia, forces de la nature et génies du terroir 
 1492, le désenchantement du monde
 
3. D'Aristote à Dürer 
 Le retour du Stagirite
 
Scientia experimentalis 
 Tout le savoir du monde 
 Un nouveau regard 
 
4. Sous la loi de Malthus ? 
 Déterminisme ou libre arbitre ? 
 La loi d'airain des sociétés anciennes 
 Une crise malthusienne... ou pas 
 Bactéries et virus, les plus vieux ennemis de l'homme 
 
5. " Mais où sont les neiges d'antan ? " 
 Le climat a une histoire : sources écrites et archives naturelles 
 Chauds et froids médiévaux
 Aux risques du temps 
 S'adapter et subir 
 Aléas et catastrophes
 Résistance et résilience 
 
II / Mettre les ressources au service de la culture
 
6. Se nourrir du soleil 
 Tout est affaire d'énergie 
 Une civilisation du blé 
 Jardin d'Éden et Terre promise 
 L'élevage malgré tout 
 
7. Façonner la matière 
 Se chauffer, construire, fabriquer 
 Des entrailles de la Terre 
 
8. La fabrique des droits sur la nature 
 
Ager, silva, saltus 
 Mainmise sur la nature 
 L'exploitation paysanne : droits sur la terre ou sur la nature ? 
 Naissance des communs 
 Le gibier, ressource collective ? 
 
III / Le défi de Prométhée
 
9. Anthropisation
 Les " trois cents glorieuses " 
 Naissance des campagnes
 L'eau : amie ou ennemie ? 
 Les prémisses d'une crise écologique ? 
 
10. Prométhée et le moulin 
 Multiplier les pains, transformer l'eau en vin 
 Tuer le veau gras, multiplier les poissons 
 Maîtriser les éléments
 
11. Prise de conscience d'un monde fini ? 
 Pollutions humaines, animales et chimiques 
 Préserver les ressources halieutiques et forestières 
 
Conclusion
 Bibliographie.