2020-01-17 - Laurent Lemire - Livres Hebdo
Si les animaux s’éteignent, c’est que nous les oublions. Nous en avons détaché toutes les fibres de notre amour. C’est la thèse de Deborah Rose. L’oubli est la raison profonde de la sixième extinction, apocalypse silencieuse sans oraisons ni tombeaux.
2020-02-05 - Diacritik
Le cri d’alarme poussé par Deborah Bird Rose dans Le Rêve du chien sauvage (éd. La Découverte) a beau dater d’il y a dix ans (pour sa publication en anglais), il résonne avec une force redoublée aujourd’hui. [...] Pionnière des sciences environnementales, l’anthropologue disparue en 2018, et qui a passé vingt-cinq ans avec les communautés aborigènes de Yarralin et Lingarra, ravive leur héritage culturel ancestral fait d’égards et d’amour envers la nature. En appelant de sa plume enlevée à s’approprier largement cette vision du monde, et à se reconnecter au vivant, elle donne des pistes pour enrayer le processus déjà irréversible de la disparition des espèces.
2020-02-11 - Mathieu Dejean - Les Inrockuptibles
Le mode de réflexion de Bird Rose peut surprendre. Plutôt que suivre un chemin théorique bien tracé, elle convoque des images: celle, par exemple, des ruines du présent contemplées par l’Ange de l’Histoire de Walter Benjamin, alors que le vent du progrès l’entraîne le dos tourné vers l’avenir. Les récents paysages australiens calcinés ne lui donnent malheureusement pas tort. Contre l’incendie dévastateur, Bird Rose imagine un feu de camp autour duquel se réuniraient des figures de la pensée du lien éthique entre les êtres humains et la nature. Parmi elles: le Vieux Tim Yilngayarri, un patriarche aborigène, mais aussi le philosophe russe Léon Chestov, critique de la modernité et penseur du vivant fluide et mouvant, l’anthropologue Lucien Lévy Bruhl ou encore les écoféministes Donna Haraway et Val Plumwood. Le croisement de toutes ces références donne naissance à ce que Bird Rose nomme un « existentialisme écologique », soit la prise en compte des synergies unissant les êtres vivants, contre une définition de l’humanité comme espèce séparée face à une nature étrangère. Tout sauvages qu’ils sont, les dingos vivent en bonne intelligence avec les Aborigènes. Pourquoi ne pas suivre la piste qu’ils tracent dans le bush ?
2020-03-01 - Victorine De Oliveira - Philosophie Magazine
À partir des dingos, intégrés dans la cosmologie du « vieux Tim Yilngayarri », son principal guide aborigène, Rose propose un paradigme de la connectivité qui « suppose d’imaginer que les êtres vivants sont toujours enchevêtrés et liés par une prérogative commune et morale : assurer la perpétuation de la vie » et, au-delà, l’idée d’un « existentialisme écologique ». Imaginatif, puissant, « sauvage », l’ouvrage ne souhaite pas conclure. Il esquisse des pistes, ouvre des voies de compréhension originales au monde qui nous entoure. Début 2020, après les méga-feux en Australie qui ont ravagé plus de huit millions d’hectares et décimé plus d’un milliard d’animaux en quelques mois, il est d’une actualité confondante.
2020-06-30 - Jean Vettraino - Revue Projet