La question nationale est la principale clé de lecture de l'histoire géopolitique européenne au XIXe siècle. Proclamée par la Révolution française, l'idée de nation conduit à une confrontation avec les penseurs allemands (Fichte après Herder), qui culmine au sujet de l'appartenance de l'Alsace en 1870. Elle bouleverse la face du continent, simplifiant les cartes (Italie, Allemagne) ou les surchargeant (décombres des empires multinationaux). 
 Longtemps progressiste avec le principe des nationalités, l'idée de nation montre par la suite un visage plus agressif. Tantôt elle sape les fondements de l'État (dans l'Autriche des Habsbourg), tantôt elle le seconde dans sa construction d'une nouvelle citoyenneté. Mais, face à certaines minorités et diasporas, elle est porteuse de sombres promesses, plus tard mises à exécution par la jeune Turquie puis l'Allemagne nazie. 
 Ce livre, entièrement révisé pour cette nouvelle édition, montre que la nation tire sa force de son imbrication avec d'autres éléments de l'identité : l'histoire, la langue, la religion, voire les inégalités de développement. 
 
                
Patrick Cabanel est directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Paris).

2016-03-28 - Anthony Guyon - Nonfiction.fr
La question nationale est la principale clé de lecture de l'histoire géopolitique européenne au XIXe siècle. Cet ouvrage montre que la nation tire sa force de son imbrication avec d'autres puissants éléments de l'identité : l'histoire, la langue, la religion, voire les inégalités du développement économique et social. Face à Metternich comme au libre-échange des années 1860, la nation a prouvé qu'elle savait résister aux défis des glaciations politiques et des mondialisations. Pour l'auteur, la leçon vaut au-delà du XIXe siècle.
2025-10-31 - CNRS Info

Introduction
 I / Des mots et des idées de la nation
 Un mot conquérant : nation
 Du principe des nationalités au chauvinisme
 Deux idées de la nation : France/Allemagne ?
 La nation-contrat : une conception politique
 La nation-génie : une conception ethnographique
 La faute à l'Alsace ? Ressentiments et miroirs des nations
 
II / Culture, langues et nation
 Le nationalisme romantique : l'invention des nations
 
Les cultures nationales - L'art et le paysage saisis par la nation - L'invention du passé
 Les langues des nations
 
Langue et nation : essai de typologie - Les langues des États multinationaux - La réforme des langues par les nationalismes
 
III / Religion et nation
 La papauté, le catholicisme et le fait national
 Nationalisations de la religion : le cas du catholicisme
 Nationalisations de la religion : le cas du protestantisme
 Nationalisations de la religion : le cas de l'orthodoxie
 Messianismes nationaux et sacralisations de la nation
 
IV / Société, économie et nation
 Un modèle d'explication global : Ernest Gellner
 Sociologie du mouvement des nationalités
 Sociologie des nationalismes " fin de siècle "
 Les marxistes et la nation
 La pensée économique du nationalisme
 Le nationalisme économique à la fin du xixe siècle
 
V / Le mouvement des nationalités jusqu'en 1871 : le bilan ambigu
 Jusqu'en 1848 : l'ère libérale
 Les leçons du printemps des peuples et l'unité italienne
 L'unité allemande : saturation et inachèvement, 1848-1914
 
VI / Les nationalités dans les empires multinationaux
 Autriche/Cisleithanie : le prix du dualisme (1867)
 L'impossible patriotisme " autrichien "
 La solution austromarxiste
 Les nationalisations autoritaires dans la seconde moitié du XIXe siècle
 Hongrie : le rêve d'État-nation dans une société multinationale
 Empire ottoman : des millets aux nations
 Les juifs et la nation
 
VII / La construction des États-nations
 Vote, conscription, sport
 L'école et la langue de la nation
 Les livres de la nation
 Pédagogies historiques
 Les " régionalismes " dans les États-nations
 
VIII / Le nationalisme des nationalistes : fins de partie, 1885-1914
 Du patriotisme au nationalisme : le cas de la France
 Un ou des nationalismes ?
 Le contenu du nationalisme : les frontières intérieures
 Les échecs des opposants au nationalisme
 
Conclusion
 Repères bibliographiques.