Bertand Méheust est philosophe. Il est spécialiste de l'histoire de la psychologie.
2009-03-18 - Jean-Luc Porquet - Le Canard enchaîné
Jamais les usages cyniques des techniques de communication n’ont atteint un tel niveau de sophistication au sommet du pouvoir. Mais les vices du discours élyséen ne produisent plus d’effets : sa duplicité est de plus en plus démasquée. C’est ce que révèle entre autres la montée progressive d’une colère contre les faux-semblants des promesses du pouvoir. Les mythologies patiemment construites –“Travaillez plus pour gagner plus”… – s’écroulent d’elles-mêmes. Lors de son discours du 24 mars à Saint-Quentin, il dénonçait les stock-options sans pour autant appeler à les faire disparaître. Les effets d’illusionniste tombent à plat, au point que la croyance dans la parole politique s’amenuise à mesure que celle-ci amplifie son espace. L’usage de l’oxymore – association de deux termes contradictoires regroupés dans une formule – dans la production du discours politique constitue la règle de la “novlangue” de Sarkozy, qui en produit à grande échelle, analyse Bertrand Méheust dans un essai, La Politique de l’oxymore (La Découverte). Ce sont ces oxymores que les citoyens sont invités à enregistrer passivement : discrimination positive, croissance négative… Méheust souligne que la société contemporaine “enferme la vie quotidienne dans un corset toujours plus dense de réglementations, dérégule le travail et la finance mais surrégule la vie quotidienne des mortels”,“vante le risque et l’initiative individuelle mais prône par ailleurs le risque zéro”, “exalte l’individu et la vie privée mais en même temps met en place des moyens de contrôle panoptiques qui empiètent sur la vie privée”,“considère l’enseignement et l’éducation comme l’alpha et l’oméga, mais voue un mépris de plus en plus pesant (…) aux enseignants”… Le vice de ces injonctions paradoxales repose moins sur la contradiction de leurs niveaux de discours que sur la nécessité pour le pouvoir d’en user. C’est la meilleure manière d’anesthésier l’opinion, de la désorienter, voire de la rendre folle, car “l’oxymore rend fou” (l’étymologie grecque est “folie aiguë”). A moins que l’oxymore ne calme artificiellement les peurs. “La crise sans criser” titrait Libération : difficile aujourd’hui d’échapper au négatif de son élan positif, au côté pile de son versant face, à la déraison de sa rationalité, au “more”du “less”. Confusion des temps, ère du faux.
2009-03-31 - Jean-Marie Durand - Les Inrockuptibles
Rares sont les livres qui ne tournent pas en rond et qui font progresser la réflexion (sans parler des flots de ceux qui la font régresser). Aussi le livre Bertrand Méheust La politique de l'oxymore est un "ouvrage événement" pour comprendre le moment que nous sommes en train de vivre. L'auteur, philosophe, "spécialiste de l'histoire de la psychologie", s'y prononce clairement pour la décroissance (ici supportable) et démontre que le développement durable ou la " dissociation des flux" font partie des ces oxymores qui permettent au système de ne pas se remettre en cause. L'ensemble est écrit clairement et intelligemment.
2009-04-01 - La Décroissance
L'oxymore est un procédé littéraire qui consiste à rapprocher deux mots que tout éloigne. L'expression "développement durable" en est un bel exemple en économie. Prétendre, comme le font les économistes, que la croissance ne compromet pas l'avenir des générations futures est la dernière tartufferie d'un système à bout de souffle, avant le désastre final. Car "le marché en cherchant par tous les moyens à poursuivre sa course folle mettra l'humanité en péril". Ne nous leurrons pas, "le retour en grâce de l'Etat ne déviera pas le cours du fleuve qui est devenu trop puissant". Parce que la diffusion sur toute la planète de l'individualisme consumériste rend illusoire le développement durable pour tous. L'auteur partage avec Marcel Gaucher la conviction que la démocratie va, sans doute, se généraliser. La prédation sur la biosphère ne cessera pas pour autant, car une "Sparte démocratique" n'existe nulle part! Pour ceux qui ne partagent pas ce pessimisme radical, la réflexion de l'auteur les incitera à une vigilance accrue, face à un G20 qui semble obsédé par le retour de croissance sans vraies modifications dans notre modèle de développement.
2009-06-01 - Hervé Vouillot - Alternatives économiques
Our modern democracies seek to peddle to the public the notion that Ecology requires Growth. According to Bertrand Méheust however, a Market-ruled Globalized Society is incompatible with the preservation of the biosphere. He draws attention to the political use of oxymorons that blur the line between two inherently contradictory realities : « Sustainable Development », « Integrated Farming », « Flex Security », « Moral Capitalism »,etc. The ever-increasing use of oxymorons make us less focused and capable of discernment.
is a Philosopher. He specialises in the History of Psychology.