Avec un rôle accru de l'État, des transferts sociaux et un nouveau rapport salarial, la régulation fordiste a joué autrefois un rôle stabilisateur, mais nous assistons aujourd'hui aux conséquences de son démantèlement au début des années 1980. Elle a été (mal) remplacée par un nouveau modèle, fait de moins en moins d'épargne, de plus en plus de dettes. Fondé sur une politique d'argent facile, ce modèle navigue de bulle en bulle.
S'appuyant sur les fondamentaux de l'analyse marxiste, Isaac Johsua explique le lien entre surconsommation et crise financière : lors des épisodes récessifs, il faut pousser vers le haut la dépense des ménages. D'où la " titrisation des créances ", qui a permis aux banques d'accorder toujours plus de crédits ; et la " financiarisation de la consommation ", qui a rendu cette dernière dépendante de la valeur du patrimoine, boursier ou immobilier.
Contrairement à ce qu'affirment de larges cercles de la gauche, la sous-consommation n'est pas la cause de la crise. Il s'agit d'une crise de suraccumulation, où l'accumulation du capital s'effectue à un rythme tel qu'elle ne peut maintenir le taux de profit escompté. Le libéralisme postule que la défense des intérêts privés converge en un équilibre collectif. À l'opposé, l'auteur montre l'actualité de la thèse de Marx : il y a contradiction entre le caractère de plus en plus social de la production et la forme étriquée de la propriété privée. Les décisions que chaque propriétaire privé prend pour sa sauvegarde particulière menacent alors la stabilité générale du système.
On ne sortira pas de la crise sans un changement radical de l'édifice économique et social.
Isaac Johsua est économiste, membre du Conseil scientifique d'Attac. Il a publié La Crise de 1929 et l'émergence américaine , PUF, 1999, et Une trajectoire du capital. De la crise de 1929 à celle de la nouvelle économie , Syllepse, 2006.
" La crise des subprimes a remis au goût du jour le nom de Karl Marx, mais peu d'ouvrages d'analyse se référant à ses outils théoriques ont été publiés. L'intérêt du petit ouvrage d'Isaac Johsua, économiste et membre du conseil scientifique d'Attac, La Grande crise du XXI° siècle, est d'établir une comparaison éclairante avec la crise de 1929, dont il est un spécialiste et de suivre depuis l'évolution de ce système économique. [...] Par ailleurs, Isaac Johsua rappelle que cette crise économique est aussi une crise écologique. Ensuite, à moyen terme, la raréfaction des ressources naturelles, par exemple le pétrole, représente un risque majeur en matière de hausse de coûts. Un thème qui passionnait Karl Marx. "
LA TRIBUNE
" "1929 hante les mémoires." C'est ainsi que débute ce bref essai incisif de l'économiste Isaac Johsua, qui décrypte les mécanismes de la crise qui secoue aujourd'hui le système capitaliste mondialisé. L'auteur souligne avec brio toute l'actualité de l'analyse marxiste pour comprendre cette énième crise d'un système qui en produit de manière quasi-cyclique. Le travail d'Isaac Johsua consiste à montrer que, contrairement à ce qu'affirme une bonne part de la gauche sociale-libérale, cette crise est d'abord celle de la suraccumulation du capital. "
POLITIS
" Un ouvrage concis, mais éclairant sur les enjeux de long terme qui pointent derrière le caractère d'urgence de la crise. "
L'HUMANITÉ
2024-12-06 - PRESSE
Introduction. 1929 est-il de retour ?
1. L'instabilité capitaliste
La généralisation du salariat
La mondialisation de la production
2. La fuite en avant
De la crise de la " nouvelle économie " à la bulle immobilière
Le déséquilibre extérieur américain
3. Crise financière, crise des débouchés ou crise de suraccumulation ?
Une crise des débouchés ?
Marx et les crises
4. L'éclatement de la bulle immobilière américaine
La crise financière
La semaine folle
La transmission à l'économie réelle
Annexe : La titrisation des créances
5. Le tournant vers la récession mondiale
Vers la dépression mondiale ?
Un processus de destruction de valeur
6. Privatisation des profits, socialisation des pertes
Les plans de sauvetage
Le tour de l'Europe
Conclusion. Quel autre monde ?
Références.