2016-03-15 - Le Monde
Quatorze ans après l'essai pionnier de Daniel Lindenberg, "Le Rappel à l'ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires", Shlomo Sand épingle à son tour cette famille de penseurs ou polémistes conservateurs et déclinistes, qui va de Michel Houellebecq à Renaud Camus, en passant par Alain Finkielkraut et Éric Zemmour – ces deux fils d'immigrés (Juif polonais pour le premier, Juif berbère pour le second) qui ne cessent de défendre l'identité et les racines françaises, de mythifier un "passé stable et homogène qui, en fait, n'a jamais existé".
2016-04-02 - Juliette Cerf - Télérama
Au cours de ses études à Paris, puis tout au long de sa vie, Shlomo Sand s’est frotté aux grands penseurs français. Il connaît intimement le monde intellectuel parisien et ses petits secrets. Fort de cette expérience, il bouscule certains mythes attachés à la figure de l’intellectuel, que la France s’enorgueillit d’avoir inventée. Mêlant souvenirs et analyses, il revisite une histoire qui, depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à l’après-Charlie, lui apparaît comme celle d’une longue déchéance Shlomo Sand, qui fut dans sa jeunesse un admirateur de Zola, Sartre et camus, est aujourd’hui sidéré de voir ce que l’intellectuel parisien est devenu et jette sur la scène intellectuelle française un regard à la fois désabusé et sarcastique.
2016-04-05 - Ouest France
Cet essai brillant n’est pas « une énième histoire des intellectuels en France ». Il se veut davantage une critique de la figure de ces « clercs pris dans la tourmente du XX siècle », à l’instar des Zola, Sartre ou Camus tant admirés dans sa jeunesse, dont Sand rappelle ici les ambiguïtés, des saillies contre la Commune de l’auteur de « J’accuse… » au manque de courage de Sartre pendant l’Occupation ou aux positions de Camus pendant la guerre d’Algérie. Il souligne ainsi qu’une grande part des intellectuels dominants pendant « l’Affaire » n’étaient pas dreyfusards et défendaient plutôt une conception ethno-biologique de la nation, excluant tous ceux qu’ils ne considéraient pas comme Français « de souche ». Ce constat lui permet de porter une charge circonstanciée et non moins rigoureuse contre nos intellectuels médiatiques contemporains, Finkielkraut, Houellebecq, Zemmour, Bruckner, BHL ou Philippe Val, qui, venus pour beaucoup du stalinisme ou du maoïsme et passés par les affres d’un antitotalitarisme facile car bien tardif (après Orwell, Souvarine ou Castoriadis !), renouent avec les vieux démons de la xénophobie, en l’occurrence une islamophobie qui épouse l’air du temps et « stabilise l’ordre hiérarchique en place ». Soit le contraire de la fonction qui devrait être celle des intellectuels dans une société démocratique, aujourd’hui en crise.
2016-04-07 - Olivier Doubre - Politis
C’est un livre stimulant, mêlant érudition et mise en perspective historique, qu’a sorti Schlomo Sand. Sous le titre « La fin de l’intellectuel français ? De Zola à Houellebecq », l’historien israélien y interroge la figure de l’intellectuel en France.
2016-04-19 - Hassina Mechaï - Mediapart
Shlomo Sand, spécialiste des nationalismes et bon connaisseur de notre scène idéologique française avait tous les titres pour traiter de la place de l’ « intellectuel » dans notre histoire nationale et en promettre une approche renouvelée. Cette promesse est, pour l’essentiel, tenue.
2016-04-22 - Marc Riglet - Lire
Le point d’interrogation du titre ne trompe évidemment personne : la fin de l’intellectuel français est annoncée dans un livre qui n’est pas charitable pour tout le monde. Mais on ne pouvait attendre moins de Shlomo Sand, historien engagé, très critique et controversé dans son propre pays, Israël. La première partie, de loin la plus longue, va de Zola (même si elle commence avec Voltaire) à Sartre, Foucault et Bourdieu. Cette histoire a fait l’objet de nombreux livres et articles d’autres auteurs. Sand rappelle utilement que l’intellectuel par définition « de gauche » et à la Zola est un mythe, dès l’affaire Dreyfus. La lucidité politique ne fut pas, loin de là, toujours à la hauteur des défis de l’heure. Mais cette partie est surtout intéressant par les réflexions sur la spécificité intellectuelle française et sur les théories du rôle des intellectuels par rapport aux institutions (pouvoirs politiques, partis) et au « peuple » qu’ils sont censés éclairer.
2016-04-29 - J.-L.S. - Revue Esprit
Shlomo Sand overturns certain myths associated with the figure of the intellectual, which the French flatter themselves as having invented. Through a mix of memories and analysis, he goes back through history, from the Dreyfus Affair until just after the attacks on Charlie Hebdo, which he looks upon as a slow decline. Like many foreign intellectuals, Shomo Sand was a fan of Zola, Sartre and Camus in his youth and is flabbergasted to see what has become of the French intellectual, now represented by Michel Houellebecq, Éric Zemmour or Alain Finkielkraut… Sand concludes this uncompromising book with a sad, jeering glance at the French intellectual scene.
Shlomo Sand is a professor of modern history at the University of Tel-Aviv. He is the author of an essay on Georges Sorel (L’Illusion du politique, La Découverte, 1984), and, over the last few years, has published several works on the history of Jewish people and of Israel (Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008 ; Comment la terre d’Israël fut inventée, Flammarion, 2012), while continuing to publish in his field as a historian (Crépuscule de l’histoire, Flammarion, 2015).