École à deux vitesses, filière courte, filière longue, écoles des quartiers sensibles et établissements d'excellence, que d'euphémismes ! Pourquoi ne pas reconnaître que le collège unique n'a jamais existé, qu'il y a en France, depuis Jules Ferry, deux écoles : celle pour les riches et celle pour les pauvres (et non les " défavorisés ", nouvel euphémisme...) ? L'auteur montre, preuves à l'appui (données chiffrées, synthèses d'études et à partir de sa propre expérience), que tous les efforts déployés pour résoudre la quadrature du cercle – c'est-à-dire intéresser à l'école des enfants qui ont décroché – ont échoué, créant des ghettos sous prétexte de discrimination positive. Pourquoi cet échec ? Parce qu'au bout du compte, les outils d'apprentissage et les critères de sélection sont les mêmes partout, sauf quand on a, à force d'usure, renoncé à instruire tout court et que la mission pédagogique qu'on assigne à l'enseignant consiste à faire tenir tranquilles ces empêcheurs d'apprendre en rond. Est préconisée ici la suppression pure et simple des ZEP, nouvellement intitulées REP (réseaux d'éducation prioritaire), qui ne servent qu'à pacifier ces zones réputées rebelles à toute instruction. Hors de la mixité sociale dans l'école, point de salut, selon l'auteur. La seule attitude possible de l'enseignant soucieux de démocratisation est celle de l'engagement dans une pédagogie exigeante pour tous et dont l'objectif est la mise en évidence du talent propre à chacun. Ce qui n'est rien d'autre qu'un acte politique. Alors ? Cautionner l'hypocrisie du système ou s'engager ?
Nestor Romero, avec un brevet d'enseignement industriel en électronique, commence sa vie professionnelle comme technicien. Dix ans de travail en usine et une fin de carrière dans l'industrie comme cadre technico-commercial. N'était-ce pas la réussite ? Non. Il est devenu enseignant " pour ne pas passer à côté de sa vie ". Il a exercé dans des établissements de banlieue et à l'école Decroly, avant d'être nommé dans une ZEP parisienne.
" Il y a aujourd'hui en France plusieurs écoles. Comprendre : une ségrégation scolaire à peine voilée. D'un côté, l'école des riches, de l'autre, celle des pauvres : c'est le point de vue de Nestor Romero, professeur dans une ZEP parisienne auteur d'un témoignage en forme de cri du cœur. "
LE MONDE DES LIVRES
" L'avantage avec Nestor Romero, c'est qu'il ne paye pas ses mots. Il appelle un chat un chat. Sous sa plume un défavorisé c'est un pauvre. Avec la franchise et la rigueur de quelqu'un qui réfléchit à la question scolaire à partir de sa propre expérience, l'auteur [...] instruit le procès des fameuses zones d'éducation prioritaires. "
POLITIS
" Solennel et convaincant, l'auteur en appelle donc à l'engagement de tous ceux (enseignants et citoyens) qui refusent de cautionner la pérennité des deux écoles par le biais d'une pédagogie active. "
LE MONDE DE L'ÉDUCATION
2024-12-06 - PRESSE
Introduction - I. Les deux écoles - L'école des pauvres, l'école des riches - Le " collège unique " et toujours deux écoles - Les classes homogènes produisent des aberrations - Les deux écoles sont imbriquées dans le " collège unique " - Bonnes et mauvaises classes - La démocratie, c'est l'organisation de l'hétérogénéité - Choix et réussite n'ont pas le même sens dans les deux écoles - II. Les ZEP : retour à la séparation - Territorialisation, discrimination, ghettos - Le volontariat est un mythe - Un élève de ZEP coûte-t-il plus cher ? - " Bonnes " et " mauvaises " classes en ZEP - Classes-résignation, classes-gang - La logique à l'œuvre : enfermer pour réduire - III. Les ZEP : de l'orientation précoce à la violence - L'école des riches : compétition - L'école des pauvres : orientation - Le mensonge : la " noblesse du technique " - Souffrance, violence - Pacification - IV. La pédagogie dans la ZEP : une démarche élaborée de pacification - Effet établissement - Effet classe - Effet maître - La bonne pédagogie - La bonne pédagogie : une démarche élaborée de pacification - Didactique, effort, motivation - V. Dans les ZEP, la pédagogie se heurte à l'institution - Pacifier, fuir ou s'engager - Pratiquer la meilleure des pédagogies - Et ne pas mentir - L'insitution contre la pédagogie - Des " moyens " Pour quoi faire ? - Les ZEP sont un échec : il faut les supprimer - VI. Au terme de la logique marchande, il n'y a plus d'école - Le pire est possible : l'école libérale - L'école qui produit des " ressources humaines " - Les nouvelles technologies : asservissement ou libération ? - La logique marchande : un enfant, un ordinateur, plus d'école - VII. Apprendre à dire bonjour à l'autre - Enfant, élève, petit homme ? Question de regard - L'école : lieu de vie, donc de sens - Pour une pédagogie du talent - Une pédagogie qui saisit l'intérêt au vol - Pour ne pas passer à côté de sa vie - Condition enseignante : la jubilationdu cancre - Conclusion : L'éducation est un problème politique.