L'École polytechnique, fondée en 1794, est l'un des établissements d'enseignement supérieur français les plus prestigieux. Si elle a fait l'objet de nombreuses études historiques, il n'existe pas, à ce jour, de synthèse retraçant l'ensemble de son histoire. 
 Dans cette longue séquence, l'École, malgré de nombreuses évolutions, est marquée par de spectaculaires éléments de continuité : le statut militaire qu'elle conserve malgré la diversification civile de ses débouchés, l'importance à la fois de son concours d'entrée extrêmement sélectif et de son classement de sortie pour l'accès aux corps d'État, la difficulté d'élargir un recrutement masculin et socialement favorisé, l'orientation très généraliste et abstraite de la formation, la place considérable qu'occupent les anciens élèves dans les hautes sphères de l'administration et des entreprises. Polytechnique incarne l'élitisme à la française d'une manière dont on peine à trouver des équivalents à l'étranger. Qui sont ses élèves, de quel milieu viennent-ils ? Quelle scolarité effectuent-ils ? Quelle réussite connaissent-ils à la sortie ? 
 
                

2024-10-02 - Henri Gibier - Les Echos

Introduction 
I. Une école supérieure au statut unique
Les incertitudes originelles 
La tutelle exclusive du ministère de la Défense depuis la monarchie de Juillet 
Une école longtemps dirigée par un général de passage 
Encadré :
 La parenthèse civile sous Vichy
Un encadrement longtemps officier 
Une école d'ingénieurs à part 
De nouveaux cursus parallèles (masters, doctorats) 
Un positionnement difficile dans le paysage de l'enseignement supérieur et la recherche 
La difficulté d'une visibilité internationale 
II. L'invention du concours d'entrée
De l'examen au concours 
La prépondérance traditionnelle de l'oral 
Une machinerie très lourde 
Un concours qu'il faut préparer 
La multiplication des filières 
L'insertion dans des banques d'épreuves 
L'exception récente du recrutement universitaire 
L'ouverture aux étrangers 
III. Les élèves : une élite scolaire et sociale
La préférence à la jeunesse 
La prime aux formations classiques 
Des exigences de conformisme politique 
Encadré : 
Les polytechniciens, des républicains engagés dans le maintien de l'ordre aux côtés du gouvernement provisoire en 1848
Le poids des héritiers 
Encadré :
 Les Vicaire, une dynastie de polytechniciens sur quatre générations
Une difficile ouverture aux femmes 
La seule concurrence de l'École normale supérieure 
IV. Une formation générale et abstraite
Les contraintes du casernement 
La prépondérance des cours magistraux 
Une ambition encyclopédique et superficielle 
Un corps professoral longtemps endogène 
Un lien avec la recherche établi tardivement 
Entre école d'ingénieurs et école de management 
V. Une orientation contrainte par le classement de sortie
L'enjeu du classement de sortie 
L'attractivité de corps civils restreints
Des corps militaires massifs peu prisés 
La démission par défaut 
La désertion des corps militaires au XXe siècle 
Diversification et resserrement des corps civils 
VI. Des carrières largement assurées
De belles carrières militaires 
L'emprise des corps civils sur leurs administrations 
La fréquence des congés et démissions 
L'entreprise, un débouché massif longtemps ignoré 
Encadré : 
Polytechnique en position de force à la tête du CAC40
La science face à la concurrence normalienne 
Les dissidents d'hier et d'aujourd'hui 
Conclusion 
Sigles et acronymes 
Repères bibliographiques.