Ce livre aborde la principale énigme du monde du travail : la coopération. Elle est nécessaire au bon fonctionnement des entreprises, mais ne repose que sur la volonté de donner : on donne aux autres parce que donner permet d'échanger et donc d'exister en entreprise.
Coopérer suppose en effet de créer des liens sociaux, par l'intermédiaire desquels circulent des biens, des informations, des services, des symboles, des rites ou des émotions, comme circulaient les dons dans les sociétés " primitives ". Mais ces échanges ne peuvent être réduits à une série de comportements altruistes et pacifiques : donner représente également le moyen d'obliger, d'obtenir, de trahir ou de prendre. Et ce " commerce " se réalise au nom d'un tiers, qu'il se nomme métier, mission, projet, réseau ou entreprise. Loin de reconnaître ces générosités, celui-ci dénie l'existence du don et privilégie les modes de gestion " modernes ", qui préfèrent que salariés et employeurs soient quittes plutôt que mutuellement endettés. Norbert Alter met ainsi en évidence un phénomène paradoxal, qui prend à rebours les discours du management ordinaire : le problème des organisations ne consiste pas à " mobiliser les salariés ", mais à tirer parti de leur volonté de donner.
" Norbert Alter, le sociologue du travail, se livre à une critique sans concession du management moderne. Il estime que "le lien social se trouve entamé par les pratiques de rationalisation des entreprises". Pour compenser ou corriger ce travers se sont multipliés les fêtes ou les clowns d'entreprise, qui tiennent plus du placebo. Pour Norbert Alter, la priorité des priorités est de favoriser les échanges sociaux à l'intérieur des entreprises. Il développe la notion de "socialisation des émotions", fort utile pour comprendre les nouvelles formes de conflits que nous vivons aujourd'hui. "
LIAISONS SOCIALES
" Non, l'entreprise ne se résume pas à des échanges froids, mus par le calcul rationnel et la confrontation des intérêts égoïstes de ses membres. Du moins pas seulement, comme le met en évidence le sociologue Norbert Alter. Une autre logique est à l'oeuvre: la coopération. Celle-ci a pour carburant la bonne volonté et se décline à travers le triptyque " donner, recevoir, rendre". Il n'est pas question dans cet essai, du secteur de l'économie sociale et solidaire, mais du monde de l'entreprise dans tout ce qu'il a de plus banal. Bien que capitaliste, il ne peut pas se passer de cette "ingéniosité collective" qui prend corps dans le don, qui permet de créer du lien social et du sens. Norbert Alter inscrit sa démonstration dans la droite lignée de Marcel Mauss: son livre synthétise les connaissances sociologiques sur le sujet et les enrichit de nombreux témoignages de salariés. "
ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES
" Norbet Alter mobilise dans ce nouveau livre la théorie du don de Marcel Mauss pour rendre compte de la manière dont se développent les échanges sociaux, en se centrant, cette fois, sur l'entreprise. "
CADRES
" Et si les rapports entre les salariés et l'entreprise reposaient sur un malentendu ? Alors que les premiers souhaitent donner (du temps, de la créativité, des avis...), la seconde est incapable de saisir cette chance, se privant ainsi d'une ressource précieuse. Norbert Alter invite à considérer la valeur du don dans l'entreprise. "
MANAGEMENT
2024-12-03 - PRESSE
Introduction
1. Coopérer, c'est donner
Coordination et coopération
La face cachée de la coopération
Coopération et sciences humaines
La
kula : un modèle d'analyse de l'échange social
Donner
Un acte volontaire, non obligatoire
Une finalité non directement économique
Le principe de dépense : la consumation
Recevoir
La dramatisation du geste
La manifestation de l'émotion
Rendre
La gratitude
Complicité, empathie et sympathie
La place de l'amitié
Coopération et échange social
2. Donner, dominer et trahir
L'ambiguïté du don
Inégalités et capital social
Coopération et concurrence
Concurrence et conflit
Le jeu sur l'affectif
La trahison
Confiance et coopération
Trahison et coopération
Puissance et simulacres
Le goût du pouvoir
Être puissant et faire le généreux
Les raisons de donner et de prendre
3. Mouvement et dynamique des échanges
Mouvement et mobilité du capital social
Du changement au mouvement
L'érosion des capitaux sociaux
Arrangements, travail invisible et irritation
Organisation et arrangement
" Je n'ai plus le temps de travailler "
Travail invisible et irritation
La conditionnalité des échanges
La valeur du geste
L'absence de délai
L'émotion qui naît de l'échange
Coopération et infidélité
" Bonnes relations " et infidélité
L'ambivalence des normes
4. Donner pour éprouver le sentiment d'exister
Une réciprocité " généralisée "
Le plaisir de donner
Le " sentiment d'exister "
La place des émotions collectives
Mouvement et émotions
Le principe du partage des émotions
Le partage des émotions à France Télécom
Sentiment d'exister et collectif de travail
La coopération comme phénomène social total
Les principes de l'échange
Ce qui circule : les éléments de la sociabilité professionnelle
5. L'interdiction de donner
Donner à l'entreprise
La soustraction de ressources au profit de l'entreprise
Le don de l'engagement
Une communication ritualisée
La logique du sacrifice
Management par l'aval et management par l'amont
L'interdiction de donner
Du territoire à l'espace productif
De la kula
au gimwali
Du " geste " au compte
Économiser le temps et équilibrer l'échange
Tolérer le don
Le principe d'endettement mutuel
La valeur économique importe moins que la valeur du geste
La réciprocité suppose la gratitude
Le don suppose d'être transmis volontairement
Le refus de recevoir
Un sacrifice sans rituel
Festoyer sans consumer
6. Ingratitude et engagement raisonné
Juger et reconnaître
La contribution subjective au mouvement
La rhétorique de la résistance au changement
Croyances et valeurs du management
Les croyances du management
Le " jugement de beauté " du management
Don et reconnaissance
La reconnaissance horizontale
La reconnaissance verticale
Agir pour la reconnaissance
Sens et reconnaissance
Donner ou calculer ?
Le don affinitaire
La tentation de l'égoïsme
Le don altruiste
La logique de la nostalgie
Conclusion
Bibliographie.